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Jerry Cantrell › I Want Blood
- 2024 • Autoproduction JCIWANTBLOODCD • 1 CD
cd • 9 titres • 46:06 min
- 1Vilified
- 2Off the Rails
- 3Afterglow
- 4I Want Blood
- 5Echoes of Laughter
- 6Throw Me a Line
- 7Let It Lie
- 8Held Your Tongue
- 9It Comes
informations
line up
Jerry Cantrell (chant, guitare, basse), Gil Sharone (batterie, percussions)
Musiciens additionnels : Mike Bordin (batterie sur "I Want Blood" et "Let it Lie"), Duff Mckagan (basse sur tracks "Afterglow", "I Want Blood" et "Echoes of Laughter"), Greg Puciato (chœurs), Robert Trujillo (basse sur "Vilified", "Off The Rails" et "It Comes"), Vincent Jones (claviers), Maxwell Urasky (effets, voix), Lola Colette (chœurs)
chronique
Vampire, le Jerry ? Peut-être, vu comment son style traverse les décennies sans changer d'un cil. Il a ce côté à la fois éternellement jeune et ancestral, un peu rassurant, un peu déprimant. Il est bien bon de revoir ce Cantrell plus en verve (pas encore écouté son Brighten du retour en solo) après ces albums d'AIC post-AIC en mi-molle ; ici il me semble plus à l'aise pour faire ce qu'il sait faire, être prévisible MAIS inspiré... après tout y a ce business d'une autre ampleur à tenir si on appose le nom du groupe, non ? Et ce n'est plus nécessaire pour Jerry, dans le fond. Avec cet album, je me sens à la maison. Je sais qu'il y a autant de prise de risque que dans un nouvel album de Scorpions, mais je m'en fous. La nostalgie est évidemment coupable, en partie. Et ici, fidèles musiciens de prestige ou pas au line-up, Cantrell fait encore et toujours du Cantrell. Avec ses guitares passionnelles, son spleen de Seattle si suave, sa liqueur ricaine aux effluves envoûtantes, un peu bourbon coupé au sirop pour la toux, façon Southern Comfort, qui dégouline du cœur.
Mais ce Jerry pleurant dans la pluie a ce goût de reviens-y, lui, contrairement à son tricératops ou son triangle. Il a plus d'allure, une durée impecc', et surtout plus de chansons dans lesquelles je veux me replonger, tel ce Jerry sludgey se faisant un bain de vase sur la pochette du Boggy Depot. Même si deux-trois titres sur I Want Blood passent sans trace ou manquent de mâche : le fan-service existe bien mais il n'est pas la motivation première. Et Cantrell compte sur un peu plus que des éléments de production, comme sa réverb chérie, pour nous re-choper dans ses filets. C'est d'abord sa douce morbidité, cette ambiance qu'il sait tisser, et cette émotion survivante, tout simplement, qui s'exprime au gré des fluctuations de son groove, de son blues, toujours partagé entre hard et ballades... C'est celle qu'on veut, oui : mais ce n'est pas juste la soupe qu'il nous sert - même s'il démarre avec le riff élasto-bondisseur plus-Alice-tu meurs d'une "Vilified", mise en jambe sympassable. La stridence heavy-metal d'une "Off The Rails" prouvant quant à elle et si besoin, sa propension au chant nasillard bien collant lui aussi, malgré une tendance au gimmick. Mieux en stock au rayon des douceurs, où viennent rôder la désolation tranquille d'une bien nommée "Afterglow" (à la guitare toute en mélan-coulis de larmes sucrées) et du final paresseux mais hanté, ou le slow doom-country d'une "Echoes of Laughter", qui se chante sous la douche en pleurant, car tous ces beaux moments seront perdus à jamais dans le temps, comme des larmes dans cette eau trop calcaire, trop prolétaire, mais au moins Jerry mon fidèle adoucisseur est là... D'ailleurs il se la joue Michael Myers sur sa pochette dark-pluvieuse, mais gageons que c'est juste dans sa salle de bain qu'il a été pris en photo, le Jerry ! Et qu'il a mis plus de cœur dans son I Want Blood en tout cas, oui, plus de profondeur. Comme quand il rappelle à quel point il aime et a assimilé Iommi, avec cette fantastique "Throw me a Line" à l'exquise teinte Sabbath Bloody Sabbath. Un album d'artisan inspiré, qui fait ce qu'il sait faire avec amour, et sans forcer vient se hisser au-dessus d'AIC... enfin, celui des trois derniers. D'ailleurs, la très facile "Held Your Tongue" est-elle si différente de ce qu'il y a sur Dinosaurs Here ou Rainier Fog ? Disons que là-bas Jerry se forçait à faire ce qu'il doit faire, et qu'ici il fait ce qu'il sait faire sans forcer. C'est subtil, la nuance entre la bonne et la mauvaise Chanterelle. Subtil comme un Greg Puciato incognito aux chœurs ! Ou comme l'absence d'un DuVall. Un côté moins obligé, un feeling plus naturel, moins contractuel ? J'sais pas, mais j'y reviens.
Comme à une chose intime qui se joue, en vrai, pas juste un poster retrouvé dans sa chambre d'ado. Et qui s'exprime aussi sans prise de chou "faire du AIC AOC ou pas" : la simplicité d'un bon rock avec le titre éponyme, peut-être sous influence de Josh Homme ? En tout cas il fait ça super bien avec ses potes McKagan et Bordin, Jerry, et devrait le faire plus souvent, le cantrell'n'roll. Sur cet album peut aussi être rappelée cette évidence, qui était moins limpide quand opérait à ses côtés le croquemitaine du grunge, alors que dans l'ombre de ce dernier elle était omniprésente : la voix de Jerry Cantrell est vraiment belle. Toute seule aussi, comme nous l'avait montré jadis la magique "My Song". On peut la déguster pure ou sur glace. Avec des amis, ou tout seul. Le matin, le soir. Elle fera toujours le même effet. On peut aller se promener avec elle, assis chez soi ou debout dans les bois. Aussi bien en ballade déprimée, qu'en trail... C'est la voix d'un vieux pote qu'on connaît bien, qu'on est content de retrouver, même s'il aime nous raconter ses malheurs. C'est une voix des fins d'été, du printemps à l'hiver, pour toujours.
Dans le même esprit, Raven vous recommande...


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