Alice In Chains › Rainier Fog

Cette pochette en collage logiciel illuminati, renferme un album avec un peu plus de style tout de même. Un disque décent. En tout cas meilleur que le précédent. Attaquant de façon très raide et sèche avec une "The One You Know", et son riff-lame émoussée super austère, un peu à la Helmet discount, évoluant avec une certaine grâce en un semi-tube tout à fait acceptable... Rainier Fog, loin d'être avare en énergie comme en mélodies, va ensuite osciller entre des moments d'errance, aux relents de simulacre sensuel, et des petits morceaux sympas. Je relève par exemple un retour bienvenu au maladif, avec "Red Giant"... Je constate, derrière mes petites lunettes de rock critic consciencieux, que Cantrell tartine bien ses mélodies et harmonies, qu'il se fait plus plaisir ici que sur le précédent de ce côté-là ("Deaf Ears Blind Eyes"). Enfin, je me dit que cette petite "Fly" aurait pu être sur Jar of... Flies, sans souci - un des rares morceaux vraiment touchants et hantés de Layneless Alice, c'est certain... peut-être parce qu'il s'agit d'un des plus simples et honnêtes, comme l'était une "Your Decision". Le final "All I Am" n'étant pas très loin derrière. Il y a certaines choses qui ne s'achètent pas, et pour tout le reste : il y a Jerry-card Cantrell-card. Un Jerry qui, voulant bien faire sans cesse, remplit hélas son album langoureusement passéiste de titres qui se veulent familiers, et se battent pour faire partie de la famille, mais sont d'abord terriblement génériques ("Drone" dans le patapoom-doom, "So Far Under" dans le AIC usiné, "Maybe" comme son titre - Cantrell a fait mieux dans le beatlesien ; il a fait pire aussi)... Jerry voudrait "Never Fade", mais suffit pas de faire dans l'incantation, pour éviter la fadeur. Cantrell a beau remplir l'espace, chanter bien, jouer juste, blinder l'album de son garanti "made in AIC" avec les fiables lascars Inez et Kinney, faire appliquer les consignes par la recrue polie DuVall, tirer sur la clope jusqu'au filtre, ne jamais se foutre de notre gueule, en vrai charbonneur, TOUT faire comme il faut : le silence de Layne reste assourdissant. Alice n'est enchaînée qu'à une chose : la stèle de feu Staley, ce fantôme qu'elle traîne comme un boulet. En faisant ce bruit bouleversant, qui nous rappelle tant ce qu'elle était. Déjà maudite quand son héros était vivant, elle est désormais condamnée à errer.