Metallica › I Disappear

An 2000 : premier titre de Metallica pour un film. Sélectionnés pour son nouveau blockbuster par l'envahissant semi-nain Tom Cruise. Titre en voeu pieux pour ceux, nombreux, qui ont lâché le groupe il y a longtemps. Pourtant, Metallica sont ici arrivés au sommet de leur carrière. Financièrement. Mais en vrai, entre nous, ne serait-ce pas ici que leur humeur mid/late-nineties "rockeurs à Ray-Ban", n'est pas la plus... simple et naturelle ? Dans cet Arizona ou Colorado du sympathiquement grotesque clip à cascades scénarisé, avec les membres du groupe fort investis (enfin surtout ceux entre James et Lars), et son orange immense en fond, tranchant si net avec le noir des tenues et lunettes du groupe au premier plan ? Les YEAH de Hetfield, n'ont jamais été aussi appuyés qu'ici. Oh, pardon : ce sont des HEY. Plus précisément : des HEY-HEY-HEY-HEY-HEY. Ad nose-HEY-am. Avec un peu de YEAH aussi. Mais d'abord du HEY... Un verlan subtil, peut-être ? C'est un festival de hetfielditude décontractée, du HEY chié du gosier, à la partie mélodique dans son chant "j'ai appris à chanter pour que tu humes de la girl next door sur Nothing Else Matters", très choute... enfin, "décontractée" : autant qu'un Hetfield peut l'être, entendons-nous bien. Son rock n'a jamais été cool. Il ne l'est pas plus devenu en 2000, époque de l'affaire Napster - ça réveille un passé magazineux bien prise de tête ces deux syllabes à la con, hein les lascars des générations X-Y ?! Toujours est-il qu'ici James EST/HEY Metallica... et que son riff est honnêtement plus digne de Foo Fighters, que de Monster Magnet (écoutez Powertrip pour un heavy rock/hard rock d'époque qui en jette vraiment), MAIS : je l'aimais bien à l'époque. Cette merde me renvoie ces images subjectives : le cinéma plein air de Bormes-Les-Mimosas plage (pas loin de Yeahre) en plein cul de l'été 2000, peu après l'écrasement du Concorde, John Woo et ses envols de colombes post-Volte/Face, les aisselles impeccables de Tom Cruise adossé à son gros rocher orange, et son nouveau look Jacques Dessange... Un quart de siècle plus tard ? Je le tolère, comme un adulte con, s'entend. Je respecte la simplicité des quatre gaillards, mais je reste au bar, pour écouter d'une oreille, en me grattant les couilles d'une autre. Sans lâcher ma bYEAHre. C'est avec cette BO de M:I-2 (enfin "from AND INSPIRED", faut juste bien lire après avoir vu "Butthole Surfers" ou "Tori Amos") que j'ai aussi découvert "Scum of the Earth" de l'oncle Rob, et ses YEAH qui pètent tout en stéréo... mais avec panache, eux. Ici : James jamesonne, sonne James Hey-tfield, on l'entend grimacer, mais pas de la grimace d'artiste, non non, t-t, il joue avec des grimaces férocement sportives, MÉTALLIQUEUSES, même avec le cigare format double corona au bec, qu'il ne fume pas vraiment, tel un sergent-instructeur bâdâsse, aussi cramponné à son manche qu'un quarterback au ballon ovale. Cet homme est une excroissance de sa barbiche, et non l'inverse : je le jurerais ! Goatee, et non gothique, il est ainsi, ce vocaliste ! Bon sang, que ce monsieur est assidu ! Mon dieu que ce groupe sait envoyer le pâté, en toute simplicitey-hey-HEY-HEY-HEEEY-HEY. Feeling Metal, OK ? Mais ici juste dans le rock, un peu hard, un peu heavy, un peu hard'n'heavy... Le bon rock de papa businessman accompli, propriétaire pérenne, "don't tread on me". Propre comme une Harley neuve. Ce semi-tube que je n'avais pas en single (oh!), contrairement au titre de Limp Bizkit (ah?), ne serait-il pas au final ce que Metallica a fait de mieux dans sa période sudiste "hard blues/stoner", avant la casserolade St. Anger ? Comme ce que Load avait de meilleur, c'est à dire pas grand chose au fond, en version "on s'en branle on a la thune, on joue du rock simple désorm-HEY - ah tenez, on vous a fait un p'tit tube pour la bagnole. On the road euh gaine. Ce morceau s'autodétruira dans quatre minutes, et vous pourrez passer à autre chose.