Une couronne pour les guerriers Big Biz ! Introduction de batteur et chanteur plus-roborative-tu-meurs, extase catapultée sans transition, refrain hymnesque à tracter l'orage... Surpuissance absolue, brute de grorock. Montée en émotion avec une "No Vowels" - c'est beau la force d'une foi en sa musique, ça vous soulève tout rocher, menhir, stonehenge, Big Business semble venir des temps immémoriaux, des mythes et contes où on se bat contre beaucoup plus fort que soi, David, Goliath, les trois petits cochons, le loup qui souffle... L'enchaînement sera encore une fois imparable, dans un torrent d'énergie héroïque, où chaque morceau est comme poussé au cul par le précédent, ou se hisse dessus, comme gravissant une montagne sacrée, porté par sa candeur hallucinée. La foi en sa force, mieux qu'une potion magique. Battle-stoner en état de grâce. "Millions of people, lying on the ground, waiting to be found". On est chez des melvinsiens, mais au final plus proche de Primordial ! La guerre version Gros Cœur, pas celle de Bolt Thrower, une version dans laquelle les mégaminiguns à la Marteauguerre sont troqués contre des épées en bois... mais des géantes, tenues par des grands gosses voraces de batailles, avec des gros yeux écarquillés, gambadant dans cette belle nature toute verte, qui a bu tant de sang depuis la nuit des temps. Les arbres sont toujours verts pour autant. La pochette très enfantine - première d'une trilogie ? - résume assez bien l'effet immédiat et brut de cet album, à la fois bourrin et gracieux, rectiligne et halluciné... Big Business, juste à deux, nous étalent tranquille tous nos groupes de heavy metal épique d'une même patate. Tous aux fraises, comparé à Battlefields Forever. D'accord, à part peut-être High on Fire. Ce disque est rempli ras-la-gueule d'hymnes, pire que dans un disque d'AC/DC, c'est assez indécent. À tel point qu'il se dégage à un moment comme une forme de monotonie dans l'intensité, comme si tous les climax les plus épiques de tous les morceaux étaient alignés, une forme d'ivresse, d'engourdissement. Zéro respiration, à part peut-être la belle mélodie nue au début d'"Aurum" ou le grand final doom "Lonely Lyle" : chez les disciples BB contrairement aux maîtres Melvins, encore une fois : pas de morceaux à blanc, pas plus que de titre en trop, on est pas là pour faire mumuse ou blaguer gras, on y va à fond et on y croit. C'est du monolithique, du garanti zéro déchet. Même si sur papier BB ont leur part de geekerie comme les patrons, cela ne ressort à peu près jamais à l'écoute de leur musique. Elle semble antérieure à ses modèles, tant elle sonne séminale. L'énergie et l'émotion pures priment. Méta ? Plutôt Metal. Mais Possédé. Passionné. Puissant. Ce chant uniformément bramé-bâillé, lancé aux cieux. Cette propension faramineuse au hard rock choral qui vous emporte dans son mouvement, irrésistible. Ces percussions à renverser tous les Dieux. Ces riffs prodigieux, qu'on ne remarque même plus car ils font plus qu'un flux... Quel groupe fabuleux, bon sang !