Song 2, bordel, Song 2, quand même, oh, hein, quoi ! Chanson dont la gloire immaculée et le saint-mérite ne découle pas, pour une fois, de sa date de sortie précoce, avant-tel-ou-tel qu’elle aurait influencé, précursé, séminé (bien que le terme « éjaculatoire » ne soit ici pas un vain mot), mais à l’inverse de sa date de sortie TARDIVE. Oui, car Song 2 a semble-t-il été écrite bien après avril 1994, bien après la mort de Kurt Cobain. Et ce n’est pas une ritournelle de petit malin, un post-punk à message ni une quelconque rétro-chose, mais bien un morceau de rock qui trashe le plafond, au plus strict 1er degré. Souvenons-nous-en parfois.

Les faces B sont d’une indéniable vitalité, déjà avec l’adrénalisant Get Out Of Cities, autre chant mi-satirique mi-possiblement sincère d’une fin de règne Britpop (« get out of cities / run to the trees »), qui continue à singer avec amour « Smells like Teen Spirit ». Polished Stone, logiquement, vient se frotter aux jambes de Pavement tel un chat couleur gris canapé dans un studio au sol jonché de feuilles de rizzla et de Pogs (si vous aussi vous vous rappelez des Pogs, vous êtes vieux, de rien). Le joyau planqué (sur certaines éditions seulement) était censé être Bustin’ + Dronin’, long mur de guitares tellement délavées qu’elles semblent s’intégrer aux murs, ni shoegaze ni vraiment noisy, morceau qui donnera son titre à une compil d’inédits un an plus tard... Sans être dessus ! Certains l’ont comparé à Mogwai, perso je me bornerai à dire que ces choses-là étaient un million de fois plus réussies (et surtout, faites au 1er degré) chez Placebo, d’autant que tous sauf Graham Coxon sonnent totalement absents et peu concernés ici. C’est peut-être le concept. Mais soyons un chroniqueur sérieux : quand on a une pochette comme ça et « Song 2 », on pourrait bien avoir 0 ou 25 faces B, même excellentes, ça ne changerai pas le match. J’en profite pour donner mes 2 pennies au sujet Blur/Nirvana : Song 2 aurait été à la base envoyé à Parlophone comme une blague (bien dans un esprit Lennon ou Cobain d’ailleurs), sur le mode du « on a fait un truc mal torché et débile et on va leur faire croire qu’on veut l’envoyer en 1er single, pour les faire criser »... Loin d’être obtus, le label va adorer le titre et leur dire « chouette, chiche ! ». Là dessus va se greffer une histoire de Blur ayant souhaité se moquer de Nirvana avec une chanson simpliste et crânement ado, avec des onomatopées et du loud-quiet-loud hyper caricatural. Ce qui était déjà les critiques des idiots en 91. Mon avis est qu’une parodie aussi géniale ne peut-être qu’un hommage quasi-amoureux, consciemment ou non, le groupe ayant par la suite toujours accepté Song 2 comme l’un de ses classiques. Légende ou pas, Albarn aurait déclaré que ce qui évitait en partie la dislocation complète de la société britannique, c’était le football, et que si Kurt Cobain avait pratiqué le foot, il serait toujours vivant aujourd’hui. On peut le voir comme une petite pique de supériorité Britannique par l’homme qui fut le roi, ou vice-roi de la Britmania post-Nirvana, malgré lui ou non... J’y vois perso la plus belle façon d’évoquer le sujet du suicide de Cobain sans tomber dans le lieu commun ni la rancœur triste et nauséeuse. Tel « We Will Rock You » et plus tard « Seven Nation Army », Song 2 deviendra une sorte de cri primal classique du hooliganisme et des supporters, et servira pour beaucoup de gens d’inoculation du virus rock via son inclusion dans les jeux vidéo FIFA, depuis 98. On pense ce qu’on veut du foutchebale et de son folklore de fin de civilisation, mais il faut quand même reconnaître que jouer un match et se piquer en même temps c’est pas facile-facile. T’en penses, quoi, Rent Boy ? – « buuuuuuurps » !!