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Hüsker Dü › Flip Your Wig
- 1985 • SST records SST 055 • 1 LP 33 tours
lp vinyle • 14 titres • 40:09 min
- 1Flip Your Wig 2:33
- 2Every Everything 1:56
- 3Makes No Sense At All 2:43
- 4Hate Paper Doll 1:52
- 5Green Eyes 2:58
- 6Divide And Conquer 3:42
- face B
- 7Games 4:06
- 8Find Me 4:05
- 9The Baby Song 0:46
- 10Flexible Flyer 3:01
- 11Private Plane 3:17
- 12Keep Hanging On 3:15
- 13The Wit And The Wisdom 3:41
- 14Don't Know Yet 2:14
informations
Mars à Juin 1985, Nicollet Studios, Minneapolis, Minnesota - Produit par Bob Mould & Grant Hart
line up
Grant Hart (batterie, vibraphone, chant lead et choeurs, flûte à coulisse, percussions), Bob Mould (guitare, basse, piano, chant lead et choeurs, percussions), Greg Norton (basse)
chronique
Flip Your Wig… Battez de la perruque ? Et vous vous envolerez… C’est en tout cas ce que réussissent les trois Hüsker en poursuivant leur mouvement ascendant vers la pop, entamé avec Zen Arcade, ou bien avec cette reprise des Byrds qui le précédait tout juste… C’était l’Indie Rock qui naissait alors, dans l’indifférence crasse d’une époque qui n’en avait encore que pour les synthés et boîtes à rythmes. Une envolée, donc, vers des cieux plus optimistes, plus chamarrés et chantants… Du point de vue des mélodies, enfin surtout des mélodies de guitares, s’entend. Parce que pour le reste, Hüsker Dü reste un groupe qui chante la poisse à laquelle on s’accroche, la dureté d’où l’on vient mais qu’on ne veut pas lâcher car la trahison guette.
Étrangement, malgré ces mauvais sentiments, toute la crasse accumulée des albums précédents a disparu, ne reste que la grâce, même si Mould s’égosille toujours autant (« Divide & Conquer »). Leur son n’a certes pas tellement évolué, étant toujours ce grésillement continu qui parvient à donner la sensation, si chère à la décennie alternative, que le volume est poussé trop fort, même réglé au minimum. Difficile de ne pas céder à la force irrépressible et indéfinie des harmonies de "Green Eyes", qui donnent envie de changer le monde en faisant entendre le bourdonnement vital de ce mélodisme Alien. Flip Your Wig est une quête de pureté, une trouée fiévreuse et bleu azur dans le dôme cloisonné de 1985 (8 mois seulement le sépare de New Day Rising). Chaque mélodie pousse le fardeau d’une mélancolie comme harnachée de décibels.
C’est l’œuvre de la naïveté retrouvée, la naïveté du mélodisme punk 77 : Buzzcocks, Dead Boys, Ramones… Le mur de guitares, qui n’ont jamais connu le sens des mots « peigne » et « brosse » s’est légèrement épaissi. Avec le recul, Bob Mould dira que cet album était leur meilleur, en terme mélodique, fruit d’une atmosphère d’osmose à Minneapolis, avec Soul Asylum entre autres. Hart et lui rêvaient de pondre un grand disque pop, et il estime avoir réussi. Il faut dire que Grant Hart, qui est, encore plus que Bob Mould, une figure étrange et assez dark du hardcore et de la scène alternative US, se surpasse depuis « Pink Turns To Blue » (84), et ici avec la presque folk-rock Flexible Flyer, qui devient vite la plus obsédante du LP.
Les Pixies, en plein ouragan grunge, sauront se souvenir de ce cinquième Hüsker comme d’une balise déjà futuriste, optimisme dévoyé depuis par le véritable cynisme du « punk mélodique » (appellation et style digne d’exécration par le substitut qu’il opère entre le mot « punk » et le mot « merde »). La meilleure preuve en est l’obélisque qu’est Trompe Le Monde, qui semble tendre vers la simplicité à jamais perdue (forcément) de Find Me. Beaucoup de titres y retrouvaient la production dans le rouge, la densité, les solos pieds aux planchers (nombreux chez Husker), et mêmes les claviers/vibraphones Cardiacsiens. On peut en dire autant de la progression d’accords divinissime de Green Eyes, de ces cris sans cause ni épuisement (Keep Hanging On), ces grattes griffues mais pour la bonne cause, harnachées comme le sera plus tard Joey Santiago, autre bandit de grand chemin des interstices du punk américain…
Mais au-delà de ces linéages noise-pop, Husker Du continue de verser du laiton en fusion dans les oreilles égarées, au gré de ces deux derniers titres, instrumentaux et mystérieux, ouvertures sur les landes hostiles du Black Metal (The Wit and The Wisdom, l’esprit et la sagesse, encore un de leurs titres ironiques ?) et du psychédélisme naïf et bricolé – celui-là même qui aurait des jours très prolixes aux USA dans la décennie 90. Pas très loin derrière New Day Rising dans mon panthéon perso.
Dans le même esprit, dariev stands vous recommande...

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- Alfred le Pingouin › Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin
Zen Arcade est tellement immense pour moi que je suis intimidé par ceux qui suivent New Day Rising, va falloir rattraper tout ça, merde.
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
"Flip your wig", "perruque retournée façon crêpe", c'est donc surtout une expression de chez eux pour un pétage de câble, une crise de nerfs, ce qui va très bien au style de l'hypersensible Mould - on peut en poussant un peu sur cette image de la perruque et le côté "gay qui s'véner", visualiser la moumoute du personnage de Clavier, et son brutal soliloque émo avant qu'il la jette dans les huîtres, le gros du public ayant boudé Hüsker Dü étant comparable aux insensibles à la Pierre, Zézette & co. : "vous êtes myopes des yeux, myopes du cœur et myopes du cul !". En plus la pochette en déco de gâteau fait très "kloug", c'est raccord.
Sinon, tout aussi sérieusement : "Games" me touche, autant que "Makes no sense at all" me gonfle... l'enchaînement avec "Find me" (sublime) est juste un des plus beaux trucs qu'ils ont jamais enregistré. Mais globalement, c'est encore un sacré disque. Bourré d'émotion, de mélodies de motel paumé de bord de route qui va nulle part. Putain de Minnesota.
- Note donnée au disque :