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Blacksea Não Maya › Despertar
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S'éveiller, éveiller... Il fait nuit, pourtant, là – tout autant que sur le précédent disque, Máquina de Vénus, sorti cinq ans plus tôt. Y fait-il autant rêve – cauchemar ou pas, exploration de cet état où l'esprit vogue, ou le corps suit ? Le rythme, en tout cas, s'y fait encore plus franc – et plus multiple, démultiplié. Scandé, découpé – mais pulsant, vivant, mouvement de matières.
Despertar joue de basses glissantes et pleines, mates et élastiques – synthétiques comme tout le reste. Les machines, comme partout – chez DJ Kolt, ici seul aux machines ; chez nombre de celles et ceux qui œuvrent sur le label Prínicpe, y ont trouvé l'espace adéquat, nécessaire – semblent exister comme formes autonomes, mais avec quoi les humains dialoguent, à quoi ils se mêlent. On y échange les vitesses et les langages – les codes et les circulations, courants de fluides et d'impulsions. C'est vivant, oui, j'insiste – c'est électronique, programmé, sorti de banques, les enveloppes modifiées, attaques, relâches, tenues... C'est une forme d'existence musicale qui se nourrit de tout – de la ville, de l'air au-dessus, des affects, des craintes et des désirs. C'est curieusement charnel et mécanique – c'est l'évidence, de le constater, ça contourne et dépasse ce vieux cliché ce vieux fantasme « cyber ». Cette SF là est prospective, spéculative – et terre à terre, très pragmatique. De la musique de danse. De la musique abstraite, mentale.
Ce n'est pas une musique, certainement pas, d'entre-deux – états de matière, stations, incarnations. Elle est, plutôt, en permanente mutation – changements, adaptations, transformation de ce qui l'entoure et la transforme, la forme. Rien de transitoire au plat sens de la critique culturel – qui ne marcherait pas vers une finitude. Rien de fixé – parce qu'en continuant d'être, toujours, elle ne peut s'arrêter. C'est un temps, en soi-même, ce qui se passe là. Et lorsqu'on tient le temps, son défilement, son étirement et ses contractions, on tient la consistance, les perspectives, on habite pour de bon le lieu où ça se passe. On s'éveille, en effet, on veille. On retourne au sommeil en sachant que la lumière viendra se poser, encore, frapper, s'étendre, envelopper, défaire, éparpiller et réunir.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Alors en l'espèce c son des Portugais "issus de la diaspora africaine lusophone", ici et sur d'autres disques du label (pas tous), donc c'est d'emblée "pas seulement européen", c'est ce que je voulais dire, ça vient de gens qui viennent de plusieurs cultures à la fois.
Et OK, sinon, pour le côté "rythmique/pas rythmique", je comprends mieux ! "Liquide" oui, pour le coup je ressens vraiment ça, ici, c'est solide mais toujours très fluide, aussi. Et j'aime beaucoup les timbres, les sons "percussifs" choisis (et le travail fait dessus, nettement), toujours très nets mais parfois comme amortis (tu disais "sourds" ou "assourdis", c'est la même idée je pense), le contraste, l'équilibre entre ça, le claquant et le mat, est vraiment bien senti.
Allez, je continue bientôt de chroniquer leurs voisins de label, plutôt que de gloser sans fin sur les com !
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- Code-12 › Envoyez un message privé àCode-12
Effectivement, je ne disais pas 'curiosité' dans un sens péjoratif (car j'ai bien aimé ce que j'ai écouté) mais pour souligner le côté 'hors norme' de l'album. En ce qu'il ne ressemble à rien de ce que je connaissais.
Quand je parle du côté rythmique, je voulais parler des patterns utilisés traditionnellement par des groupes classés IDM (pour faire large) pour faire entendre le rythme : glitch, cymbales, pieds.. Sur cet album, c'est rythmique mais d'une manière très différente : c'est plus 'liquide' et beaucoup moins 'martelé' que dans de la Techno ou de l'IDM plus traditionnelle.
Je te fais confiance sur l'apport majeur de la musique africaine moderne sur cet album (car je n'y connais rien). Cela a le mérite de se fondre totalement dans l'œuvre, de ne pas se faire entendre en tant que rajout exotique à un truc totalement européen (et justement de ne pas faire world music).
Soyez curieux et écoutez car cela vaut le coup d'oreille.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Alors... Non non, je n'entends pas du tout ça comme "une influence légère", le côté "africain", là-dedans, mais vraiment ! Comme dit dans un commentaire précédent, les gens du collectifs et d'autres qui font des choses sur le label (Nídia, DJ Lycox, DJ Narciso...) ce sont clairement des gens qui ont grandi avec des musiques africaines - d'Angola, du Cap Vert... Mais des musiques africaines MODERNES - déjà électroniques, justement pas du tout "world", justement à peu près le contraire d'un Muslimgauze qui va chercher une sorte d'exotisme pour concocter son truc très "scène post-punk-indus", très européen. "Les musiques africaines", ça ne veut pas dire "les musiques africaines TRADITIONNELLES" exclusivement, il se passe des trucs qui ne demandent pas la validation des "circuits d'ici".
Pareil pour le côté "pas rythmique", je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu entends par là. Pour moi cette musique là est très rythmique, au contraire - pas au sens "tabassage tout le temps" mais parce que le rythme est très travaillé et précis, sous l'apparence minimaliste, et c'est une bonne partie de ce qui fait - en effet - l'ambiance très particulière du truc. Il y a même des moments "poly-rythmiques" - sur ces deux Blacksea Nāo Maya, spécialement sur l'EP Verdadeiro de DJ Kolt, entre autres. Et cet usage du rythme, d'ailleurs, ça leur vient assez sûrement des dites musiques africaines électroniques, modernes, dont on causait plus haut - kuduro, batida... Je suis très loin d'être expert de ça mais pour poser un peu les choses : on parle de musiques qui partant de cette Afrique lusophone ont essaimé dans "la diaspora", comme on dit, en Europe via le Portugal (mais Nídia par exemple vit une partie du temps à Bordeaux... Je me demande si de là elle "essaime" sur les scènes françaises ou pas du tout...) et jusqu'au Brésil.
Enfin voilà... Pour moi c'est beaucoup mieux qu'une "curiosité" ! Je me doute que tu ne le dis pas dans ce sens mais... Le mot fait vraiment gadget, quoi, "truc sympa qui mérite bien quelques écoutes", alors que perso, c'est bien parti pour me rester, ça ne sent pas l'engouement saisonnier, quoi.
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- Code-12 › Envoyez un message privé àCode-12
Chronique et commentaire intéressants m'ont amené à une seconde écoute.
C'est vraiment intéressant et je conseille l'écoute aux amateurs de techno.
Comme le dit Dioneo, on sent effectivement qu'il y a un pied dans la scène Techno-House européenne des 90's. Mais on sent clairement qu'il y a un pied aussi dans tout autre chose (l'Afrique comme le dit Dioneo ? Peut-être bien car cela ressort sur certains titres. Mais cela reste léger, une influence : on n'est pas du tout dans la world music ou dans un Muslimgauze à l'africaine).
Le positionnement est intéressant. Ce n'est pas franchement mélodique mais pas agressif non plus. Ce n'est pas pas sombre mais ce n'est gai non plus : c'est très onirique. Ce n'est pas de la Techno-club mais ce n'est pas de l'IDM non plus (on n'est clairement pas chez Autechre ! Et tant mieux, en ce qui me concerne, car je n'ai jamais apprécié ce projet).
Pour une fois, on a de la Techno qui ne mise pas tout ni sur le côté club (dansant mais lassant) ni sur le côté rythmique (vite soûlant en ce qui me concerne).
Les ambiances sont très travaillées alors que les titres sont très courts (3.30 en moyenne). D'ailleurs, les ambiances sont finalement assez sourdes et étouffées mais sans être menaçantes : comme quelque chose qui se cache mais sans être maléfique.
Une vraie curiosité.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Il est possible que tu aies raison, pour la traduction... Je ne suis pas lusophone, t'avouerais-je (l'es-tu ?), encore moins versé dans les subtilités que peuvent prendre les mots dans telle ou telle variante/communauté linguistique (DJ Kolt et les autres personnes impliquées dans le collectif Blacksea Não Maya sont à priori issus des communautés angolaises-portugaises ou cap-verdiennes-portugaises...), je me suis sans doute basé sur mon oreille davantage formée à l'espagnol - langue avec laquelle mon interprétation "fonctionne" plutôt, il me semble. Je change légèrement ma phrase d'intro pour un sens plus "ouvert", allez.
Par ailleurs oui, la musique, les musiques qui sortent sur ce label Príncipe ont quelque chose de souvent étrange, en tout cas de surprenant. On entend bien tout ce qui vient de la techno "historique" (et de la house etc, américaines autant qu'européennes... mondialisées ?) là-dedans mais dans le cas de Kolt, de Nídia, de pas mal d'autres, il y a aussi cet "apport de rythmes/formes africains" beaucoup plus direct que chez ceux, même, à Detroit par exemple, qui pouvaient/peuvent se revendiquer d'un afro-centrisme, futurisme, d'un "retour aux sources" qu'ils ont dû aller chercher plus loin. Là non, on parle de gens qui ont pu entendre des musiques directement nées en Angola donc, par exemple, durant leur enfance, jeunesse, ou lors de voyages, visites familiales - kuduro, batida... Des musiques elles-même déjà en grande partie électroniques mais intégrant cette électronique à des rythmes, donc, prèsent avant (comme le dancehall jamaïcain ou le reggaeton portoricain, caribéen... par exemple).
En passant, je serais curieux de voir à quoi ressemble une soirée avec des artistes du label... Si c'est du "concert live électronique" ou si ça tient plus du DJ set (ou si les deux arrivent...), si ça brasse du monde ou si ça reste très "niche"... Parce que oui, donc, c'est "plutôt spécifique", mais je n'ai guère idée de ce qu'est "la scène techno" (dans un sens très large, aussi) à Lisbonne et plus généralement au Portugal. (Pour le moment je continue d'explorer les sorties Príncipe, donc... Et je continuerai d'en parler).
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