Selofan › Animal mentality

C’est con parce que je l’apprécie, ce dernier Selofan mais je ne puis me départir de ce sentiment que le groupe a ‘régressé’ dans sa zone de confort alors qu’il avait beaucoup progressé et fait évoluer son son. Certes après la plongée en enfer de ‘Partners in Hell’, les sérieux problèmes de santé de Joana, peut-être les Grecs avaient-ils besoin de plus de 'légèreté' ? A l’image des teintes de la jaquette, le duo ose plus de lumière (attention, tout est relatif), des rythmes plus rapides, des harmonies moins sombres même si on reste dans un trip bien cold/dark wave, rassurez-vous. On songe volontiers au Depeche Mode des débuts version charbon, aux Cure de ‘Japanese Whispers’ en plus désincarné ou forcément aux amis de Lebanon Hanover. Ce que les Grecs perdent en noirceur pure, ils l’équilibrent par des mélodies sexy (les claviers de ‘Lucille’, 'Behind my eyelids'), entre pop synthétique et cold wave appuyée. Le chant monocorde de Joana sonne légèrement moins froid, presque triste (Bluebirds’), Dimitris, lui, conserve ses tonalités amères, parfaitement adaptées aux lignes de claviers proprement magnifiques; d’ailleurs les paroles en général témoignent bien du fait que le combo ne cherche pas à produire de la musique pour danser sur la plage (ou alors de nuit). Plus classique de leur style, ‘Animal mentality’ ne déçoit pourtant pas (même si je regrette un peu l’épaisseur des deux précédents disques), quand le salon est aussi accueillant, on n’a pas de scrupule à y revenir souvent. Il se trouve que le duo est talentueux et que sa musique demeure créative, punchy, à des kilomètres de la production flatline de tant de projets contemporains que j’ai eu l’occation de fustiger à plusieurs reprises sur le site. S’il prend moins de risque ici, il peaufine une fois encore chaque détail de sa création, l’épice de détails toujours à propos (le discret saxo automnal de ‘Ignoranz’); chaque chanson prouve qu’on peut dégager un spleen intense même au travers de sonorités en apparence (or on sait qu’elles sont trompeuses) moins anxiogènes.