U.K. Subs › Brand new age

A une époque où le single était roi, sortir un LP complet n’était pas forcément évident ni même à l’ordre du jour pour un groupe punk; ceux qui y parvenaient n’étaient d’ailleurs pas certains de survire assez longtemps pour en envisager un second, tout allait vite à cette époque, songez à The Ruts, Sex Pistols, X Ray Spex, Eater… A l’heure où les UK Subs sortent donc le deuxième, outre cette première étape, plusieurs indices laissent à penser que ce combo-là pourrait bien faire partie de ceux qui poursuivront une vraie carrière. Tout d’abord, l’inspiration toujours au rendez-vous, logique, mais aussi le ton toujours aussi punk. Evident ? Pas forcément, souvenez-vous des Adverts qui, sur le deuxième opus, montraient déjà des envies de pas se limiter en ajoutant un peu de piano. Je me suis parfois demandé si l’une des qualités du groupe ne consistait pas à proposer une sorte de pont entre le punk 77 de base et sa branche la plus violente en pleine croissance qu’incarneront G.B.H. Exploited, Varukers ou Discharge. On retrouve cette forme de violence menaçante dans un son sec et tranchant, un sens aigu de la mélodie, des vocaux conformes aux canons du style mais capables d’un minimum de souplesse pour varier le ton. Difficile d’affirmer que ce second essai est meilleur que le précédant mais il contient un paquet de tubes qui le laisseraient penser (pour le reste, on glisse dans la subjectivité). Rien que le fabuleux ‘You can’t take it anymore’ qui ouvre les hostilités… Boucle de basse, beat guerrier lourd, trois accords de guitare à la hache, la voix au centre comme celle d’un Big Brother observant avec un sourire de joker peint en noir et blanc, ‘Public servant’ et ses riffs légèrement heavy, le génial ‘Barbies dead’ qui mêle la technique machine de guerre de Exploited avec une mélodie assassine hérissée de 77, le single ‘Warhead’, ‘Teenage’, ‘Rat race’… N’y allons pas par quatre chemins, ‘Brand new age’ est un putain de bon album de punk, aujourd’hui classique dans la forme mais jamais linéaire; les Anglais apportent en effet suffisamment de variations, que ce soit dans la voix, la rythmique ou le jeu de gratte, en plus des mélodies, pour que les chansons s’enchaînent sans la moindre lassitude. A noter que les bonus de la réédition de chez Captain Oï! ne manquent pas de piment, ainsi ‘The Harper’ avec ses accents blues, son harmonica (Charlie Harper maîtrise en effet cet instrument), une reprise dynamitée du Velvet Underground, bref des confirmations supplémentaires que ce groupe ne manquait pas de cordes à son arc.