Le coup de coeur que j’ai ressenti pour Velvet Dead a été le même que pour The Horatii à l’époque, l’impression d’entendre un groupe qui ne ressemble pas complètement aux autres, qui certes ne tombe pas de nulle part mais fait vraiment les choses à sa manière, hors des circuits, des influences officielles… Cela tient-il au fait que les mecs se sont rodés depuis longtemps au travers de groupes punk et indie ? Toujours est-il qu’ils sont dotés d’un extraordinaire sens de la mélodie, savent travailler les détails, les arrangements, proposer des morceaux qui ont du corps, varient leurs atmosphères sans trahir la ligne générale. Approchez-vous les orphelin/es de The Danse Society ancienne formation, The Horatii et Clan of Xymox, essayez d’imaginer une formation se situant au croisement sans évoquer réellement un seul de ces combos. Premièrement nous avons affaire à des artistes sachant quoi faire de leur boîte à rythmes, travaillée, mixée de manière dynamique, ensuite, ils savent souligner à merveille et toujours au moment adéquat les mélodies par des lignes de clavier irrésistibles. Ce qui n’enlève rien à la précision de la basse ni à la créativité du jeu de guitare, volontiers froid mais jamais sec, électrique si nécessaire. Last but lot least, Velvet Dead se sont dégoté un chanteur réellement très doué. Voix profonde mais jamais trop grave, capable de colère au besoin (‘Church of evilution’), de mélancolie sans pathos, d’assurance sans orgueil, apte à moduler son phrasé, ses tonalités de manière variée… Ajoutez à cela une production moderne, énergique, des atmosphères gothiques au sens littéral du terme que le vocaliste s’amuse à épicer avec des indices planqués dans ses textes faisant référence à nombre de films d’épouvante que les spécialistes peuvent s’amuser à traquer. A l’heure où trop de disques s’étirent en longueur en raison d’arrangements monotones, de production faltline, Velvet Dead proposent l’inverse. ‘The dark behind the black and white’ s’écoule tout seul, trop vite même, après nous avoir promené/es le long de sentiers de campagne, au travers de pierres tombales mangées de mousse (‘Ghost of St-Gilbert’, ‘Dead by dawn’), donné envie de danser furieusement parmi des ruines (‘Church of evilution’), poussé/es à l’introspection dans la nature (‘Sanctuary’), inquiété/es au coeur de l’obscurité (le plus appuyé ‘Henrietta’); en cadeau bonus, une magnifique reprise de 'Enjoy the silence' en piste fantôme. Si je possédais un label, je signerais de suite ce groupe.