K-Wé Veste & Louis Cache-Cache › Da Show Must Go On

À l'heure d'un monde où la réalité a depuis longtemps surpassé les plus grossières satires, le trumpiste porn-again K-Wé Veste propose un album moralement inacceptable. Les bonnes manières ont depuis longtemps quitté ce garçon, il a plus que franchi la ligne : il l'a carrément inhalée. Le propos nauséabond du pauvre hère - que dis-je, du sinistre Herr ? "C'était mieux avant, quand c'était pluvieux, parce qu'il y avait moins de jeunes". Son but ? La réhabilitation du troisième Reich de l'imperméable. L'avènement du quatrième, sous le signe de la capuche escamotable. Les heures sombres et expérimentales de la veste anti-pluie made in France, par une marque jadis ringarde devenu objet hautement fashion... Et ce qui est déjà immonde, n'est que la surface des choses : le fond est encore plus infâme, comme le suggère l'odieuse track-list ci-haut. Mais reprenons l'histoire par le début, je vous prie... Tout juste sorti de prison, près à se refaire une réputation au creux de cette Gaule dans laquelle il arbore avec une aisance canaille son nouveau look façon Assurancetourix identitaire sous crack, le barde du trve black metal solo et du synthétiseur Gi-Fi à trois notes jadis connu sous le blase Varg Vikernes, publie un blackface depuis sa pelouse. "Humour, je précise", twitte-t-il ensuite. K-Wé Veste, à qui on a depuis longtemps conseillé de bien prendre ses médicaments à heure régulière, contacte donc rapido Louis Cachet. S'ensuit une discussion musicologique complexe, ponctuée d'insultes entre vikings des temps modernes et de réflexions sur la marche du monde. Conclusion de cette rencontre en grand huit (huit) émotionnel, mais idéologiquement homogène : les deux artistes décident de collaborer. Le terme en lui-même les excite beaucoup. De ce projet musical inachevé, véritable fiasco à l'image de sa pochette en collage éthylique amateur, ne reste qu'un simulacre d'album, musicalement indigent, produit avec beaucoup d'argent mais piteusement lo-fi, mix de rap nuageux et de résidu de black-metal enregistré dans le cul d'un rat, et dont des paroles sont un ramassis de haine crasse. Leur message caché (si j'ose dire), à lui et à Louis : le nazisme pour unir les noirs et les blancs. Rien que ça. K-Wé Veste, dont l'esprit confus n'est plus à une aberration près, s'unit donc avec Louis Cache-Cache a.k.a Heil & Seek - nouveau blase du Vikernes, qui ô surprise assume de rester dans l'ombre d'un rappeur (pour pécho la go du MC dit-on en coulisses, le norvégien barbichu ayant un faible pour les gros bonnets). Et qui théorise, même si le terme est excessif, le rapprochement de deux factions : le NSBM et le rap antisémite, en s'inspirant des capuches des cités et de celles des forêts, qui selon Louis CC doivent être le ciment de l'union. Sans oublier bien sûr la petite touche K-Wé : "Nazi Black Metal with Black People". Tout un programme ! Là où ça coince : K-Wé ayant viré chrétien hardcore et gospel à fond, les églises brûlées du passé de Louiss(ssss) Vikernes font encore tache sur son CV. Le païen baguette a chié dans la colle dans sa jeunesse pyromane, c'est un fait, et ça fait faire la moue à K-Wé, contrairement à l'homicide. C'est un peu comme les voitures électriques de Melon Meusque chez son président de poche : un sujet sensible. Pourtant ces deux-là étaient bien faits pour se rencontrer. Une question de neurones crochus. Si Varg-Louis se charge principalement des interludes, d'interminables spoken words politico-mystico-fumeux alourdissant une liste de pistes déjà indigeste, K-Wé Veste lui se tape le gros de l'œuvre, de l'écriture à la production. Enfin, "œuvre" : plutôt un salmigondis de samples à l'arrache, de beats de la honte et de mauvaise neo-soul vélotunée, périmée-née, garnie à la hâte de guitares crrr-crrrouik barbouillées sur les instrus en deux-deux. De la merde en barre, aussi moderne que naze. La forme est une déjection, et le fond est en-deçà, car l'excrément au moins sert au compost, et ici rien de recyclable... La note suivra donc d'elle même. Pris au troisième degré, bourré en fin de soirée : c'est peut-être amusant pour certains, OK(KK). Le problème, c'est que des millions de jeunes gens actuels prennent cela au premier ! Aucune tolérance possible donc, ni pour cette saleté qui profite de notre démocratie pour dictaturer en amateur, ni pour les n-ièmes jeux de mots pitoyablement grosses-têtesques de chroniqueurs en panne d'inspiration, même à l'occasion d'un poisson d'avrheil - pardon, d'avril. Ras-le bol de ces conneries. Sachons dire NON. Mais pas comme Boyd Rice, attention ! Soyons vigilants.