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Townes Van Zandt › Townes Van Zandt

  • 1969Poppy PYS 40,007 • 1 LP 33 tours

lp • 10 titres • 34:00 min

  • 1For the Sake of the Song
  • 2Columbine
  • 3Waiting Around to Die
  • 4Don't Take It Too Bad
  • 5Colorado Girl
  • 6Lungs
  • 7I'll Be Here in the Morning
  • 8Fare Thee Well, Miss Carousel
  • 9(Quicksilver Daydreams Of) Maria
  • 10None but the Rain

informations

line up

Townes Van Zandt (chant, guitare, violon)

chronique

T'es au centre de nulle part, aux États-Unis d'Amérique, dans une grande région pleine de vide. Au milieu de ce grand endroit caillouteux, y a une petite une maison. Dans cette petite maison, y a une cuisine. Et au milieu de cette cuisine, y a un mec assis. Pensif. Contrarié, même. Un mec assez beau, à la beauté esquintée. Ouais, y a quelque chose de blessé dans sa belle petite gueule maigre, on pourrait en faire un acteur, tiens... Sauf qu'avec sa gueule de gentil mec tout seul, il ne fait "que" chanter. En grattant une guitare. Des chansons simples. Il les a écrites sur un coin de la table, avec des mots simples. Pas de branlette poético-cryptique ici : la simplicité des mots qui se tiennent, ne se tripotent pas, tapent droit, en plein foie. T'en as déjà croisé des comme lui, sur la route, dans la rue. On les appelle hobos là-bas. Et celui-là, il a l'air vraiment gentil. Il a pas l'air très heureux, surtout quand il sourit. Alors tu t'assois toi aussi, intrigué. Seul avec ce mec seul. Ses petites notes printanières, ses paroles automnales. Il chante ses machins sur la vie, avec ce ton vaguement déprimé, cette voix très familière d'américain qui te chante l'envers du rêve. Sur des petites mélodies de berceuses, douces-amères, bucoliques. Il te chante que son père battait sa mère à coup de ceinturon. Bucolique, hein ? Il te chante l'alcool, il te chante les femmes. La lumière, la mort. Il est assis chez lui, mais il n'a jamais vraiment été chez lui ici. Il est un étranger, il est ton tonton. Il te tend un bout de viande séchée, coriace et un peu trop salée : tu le manges, tu lui dis merci. Il te tend des chansons, des chansons dépouillées, qui n'ont l'air de pas grand chose comme ça : tu les écoutes. Tu lui dis merci. Parce que ça te laisse un peu pantois, comment de simples chansons à la con peuvent prendre comme ça, à tourner de traviole dans ta tête, comme des présages boiteux. Oui, tu écoutes ce gars. Ce simple gars, devant sa petite table en bois. C'est clair qu'il va mal, même s'il a des petits éclairs de bonheur parfois, comme quand il te cause de sa nana du Colorado. Le gars va mal finir, c'est sûr. C'est bien le genre à te flanquer une dépression sur le paletot en plein après-midi de samedi d'été, ce con-là. Tu commences à le sentir, le tracsir. L'odeur du damné. Du mec qui aurait pu être fils à papa, qui s'est dégagé du confort par choix, par vocation. Du "foutu pour foutu, autant chanter des jolies chansons". L'odeur du bas salaire claqué en clopes et en gnôle. Celle d'une certitude, n'avoir jamais mieux en poche qu'écrire ou chanter - mais d'aller jusqu'au bout du truc, comme ce mec assis qui se tient la joue, là. Qui peut te conter le cafard tranquille, banal, aussi bien que l'amourette. Le petit bourdon du quotidien, qui sera toujours là le matin, qui se mâche et se crache comme les pépins de tournesol à la récré, à regarder le sol gris en sachant déjà, que c'était ça le plus sûr dans ta vie. Un sol tout gris. Rugueux. Un enfant déjà, sait. L'adulte l'oublie trop souvent la simplicité. C'est une chose si dure à atteindre, quand on est devenu ce grand machin compliqué. Et la sobriété mais pas dans tous les sens du terme, ben c'est quelque chose d'assez atroce. "Alors c'est donc ça la country, quand on a posé son chapeau ?" que tu te diras, en regardant ce pauvre jeune vieux mec assis avec sa voix. Réconforté et pourtant, pas dans ton assiette... Alors quand tu sortiras de sa fichue cuisine, et qu'il commencera à pleuvoir, t'auras sûrement besoin d'écouter de la musique enveloppante, bien épaisse, avec des guitares électriques ou des synthétiseurs par exemple, des grosses machines qui divertissent, qui rassurent... Pas comme la musique de ce sac d'os trop sensible accoudé sur sa table en bois, qui ressemble un peu trop à la vie. Parce qu'il y a rien qui te foute plus les glandes en fait.

Très bon
      
Publiée le lundi 17 mars 2025

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    pokemonslaughter Envoyez un message privé àpokemonslaughter
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    Curieux de lire la chro à venir pour Delta momma blues. Et quand j'évoque UNE chanson, je ne le réduis pas à celle-ci, évidemment. Je me demande à quel point sa vie tragique influence notre vision de sa musique. Matt Elliott par exemple, dans un autre genre, ça marche moins bien, malgré l'alcool en commun.

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Flying Shoes, offert il y a quelques années ici à ma chère... On aime pleurer, parfois, à la maison. (Du coup pas impossible qu'à un moment je double-chro, si tu le fais... On verra bien, pas obligé non-plus).

    Message édité le 20-03-2025 à 15:56 par dioneo

    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Faut dire que Nothin', Rake et Tower Song, ça calme, déjà...

    Viendra ptêtre bien si une chro prend forme, avec les groles qui volent et du live...

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    jacques d. Envoyez un message privé àjacques d.

    Mon préféré - puisque pour chaque discographie tout un chacun doit en élire un qui, semant les autres, fait que "this town(es) ain't big enough for the both of us!" - reste "Delta Momma Blues".

    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    UNE chanson de Townes Van Zandt... "Oui... je connais cette théorie".

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