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Crash Course In Science › Near Marineland

lp • 12 titres • 41:03 min

  • A
  • 1Near Marineland2:30
  • 2Second Glance3:30
  • 3It Cost's to Be Austere4:04
  • 4No More Hollow Doors3:45
  • 5Force the Habit3:16
  • 6Someone Reads2:34
  • B
  • 7Jump Over Barrels3:30
  • 8Pompeii Spared3:06
  • 9Fun Hair3:48
  • 10In Your Own Backyard3:34
  • 11Wishbone3:53
  • 12Sputnik In Orbit3:03

informations

Enregistré en 1980/81 au studio Third Story Recording, Philadelphie. Produit par John Wicks.

line up

Dale Feliciello, Mallory Yago, Michael Zodorzony

chronique

C'est encore un drôle de voyage, ça – temporel, esthétique, sensoriel, mental. Un album enregistré au tout début des années quatre-vingts – mais sorti trente ans plus tard seulement, longtemps après que le groupe se soit séparé. (Il se reformera ensuite... Bien sûr). « Culte », le groupe – considéré à posteriori comme « précurseur » d'un tas de trucs, l'electro-clash, une forme de synth-punk... À juste titre ? Eh bien oui, si on me demande. À écouter ce disque – et les rares pistes sorties de leur (premier) vivant... Et comme toujours, comme souvent : ce n'est pas ça – l'aspect « historique » – qui fait que j'y reviens. On s'en fout un peu, à vrai dire, de ça !

Non, ce qui importe, ce qui emporte, c'est que cette musique, postérité (apocryphe, tardive...) ou pas, reste fraîche, si longtemps après. Rêche, aussi. D'accord, la production – le mastering ? – rend un peu moins brut que sur l'EP Signals from Pier Thriteen, sorti à l'époque, à peu près, où les présentes pistes ont été jouées, mises sur bandes. Mais l'attaque demeure, le parti-pris, l'ambiance assez unique du truc reste intacte (c'est à dire cabossée, écornée, entaillée). Ça speede, ça frotte, boîtes à rythmes claquantes et granuleuses, synthés (et jouets sonores) grinçants, qui balancent des accroches saturées mais parfois chantantes, du genre qui se plantent direct dans la cervelle. Les voix alternent – masculine et féminine – et jouent comme tout le reste la carte grand-huit, manège emballé. Ça braille mais en gardant le timbre sec, l'élocution brève, cassante. Les trois zozos parviennent à tout faire sonner chaotique et carré – d'un seul tenant, d'une seule goulée. Ça s'avale cul-sec, de fait... Du raide mais du bon – le goût bizarre prenant ensuite, aux réécoutes, tout le temps d'affirmer ses arômes, ses saveurs, ses détails. Crash Course In Science s'amusent – ça s'entend. Ça dépasse largement le stade de la blague, cependant. Ça crie très fort : « on est une bande de branleur.euse.s arty » ! Mais en même temps, ça désamorce la prétention, le x-ième degrés lourdingue que pourrait charrier l'affirmation – en rendant tout le plus abrupt possible, en ne surlignant surtout pas l'application à l’œuvre, le souci d'exactitude dans les frappes, les mises en place, le laconisme même de la forme. Crash Course In Science balancent de la connerie, oui – mais en ne songeant à poser ni en clowns ni en galeristes indus-goth-cold-dead-serious, les gens du groupe évitent aussi le piège d'une musique « méta », uniquement et pompeusement conceptuelle. Le froid est là – une espèce de version réappropriée de la distance, de la lividité no-wave, prise d'ailleurs (Philadelphie, ça n'est pas New York)... Une noirceur dans le décor (qui dit que l'époque n'est pas si... fun?) – mais qui fait aussi que les couleurs pétantes, les jaillissements d'étincelles produits par ces trois là se dessinent au plus net, se découpent en lignes, brisées sèches mais parfaitement achevées, lisibles.

C'est réjouissant, toujours, d'entendre ça, de s'y jeter encore (tête en avant, sinon c'est pas du jeu). Ça relativise l'écart qu'on aurait pu croire infranchissable entre tel ou tel truc des mêmes années ou par là – Suicide portant les chapeaux ridicules de Devo, Devo jouant le Trans de Neil Young en ayant chaussé les lunettes de Martin Rev (ah... on me souffle que ça existe, ça, qu'il reste des preuves en vidéo, quelque part)... Peu importe là encore les repères et désorientations qu'on choisira, en guise de métaphore... Ce qui fait que ça marche encore, c'est autre chose. C'est la substance instable – mais rigide. C'est l'allure mécanique – mais filante, fluide, réjouissante, l'ivresse étrangement claire que procurent ces cambouis électro-conducteurs aux consistances et aux nuances si louches.

Très bon
      
Publiée le vendredi 14 mars 2025

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Allez hop... Ça couvre très avantageusement les reprises moches de tubes-à-papa que jouent depuis ce midi le groupe sur la place non-loin.

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Oh, "il fallait que quelqu'un le fasse"... Et l'EP mentionné dans la chro, il faudra aussi.

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Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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mais ouiiiiiii ! Merci Dioneo !

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