Je ne connais pas grand chose de la culture nippone, je ne sais donc pas trop ce qui les fascine dans la langue de Molière mais chez Madame Edwarda, ça tape dans la niche. A commencer par le nom du groupe mais également la référence aux Editions de Minuit; est-ce surprenant quand on se baptise Zin-François Angélique ? Pose ou réelle érudition ? Avec ces lascars, je parierais pour la première option. Presque trente ans après un ‘Illuminé’ en demi-teinte, le combo revient en force (et c’est peu de le dire) avec un opus tellement réussi que c’est comme si tout ce temps avait été gommé. Son deathrock est à un niveau qualitatif assez hallucinant avec des ambiances flamboyantes, une petite touche théâtrale qui n’appartient qu’à lui (la récitation d’introduction, l’interlude néo-symphonique ‘Forbidden door’, très télévisuel dans ses climats tendus, l’atmosphère de comptine toxique de ‘Deep In Colour II’ et je ne parle même pas de ‘Editions de minuit’ consistant en une minute de silence). Pour le reste, c’est du deathrock de très haut vol, puissant, aux influences occidentales extrêmement maitrisées (curieusement, je songe beaucoup aux Sex Gang Children des débuts, sans la voix nasillarde) avec des mélodies en béton, des parties de guitare jouissives, une rythmique tribale à souhait, une amplitude de son. Et le chant. Zin-François Angélique est l’un de mes vocalises japonais favoris, pas d’excentricité dans son chant, il n’en a nul besoin, de la profondeur et un sens épique d’une efficacité rare au Pays du Soleil Levant. Ce disque aligne les tubes: ‘Salomé’, ‘Orpheus’ , ‘La folia’, ’Edwarda’ et j’en passe. Les Japonais ont la réputation de ne pas faire les choses à moitié, ‘Rêve désir’ confirme. L’oeuvre se présente en deux actes, le second plus court alternant pièces deathrock et morceaux théâtraux, le tout s’imbriquant à merveille même si tout n’était pas nécessaire mais avec un disque de cette trempe, je ne vais pas chipoter. ‘Rêve désir’ ou le chef-d’oeuvre de Madame Edwarda ? L’impression de revisiter l’Enfer de Dante chapeauté par Shakespeare avec un regard oriental en tout cas…