Manic Street Preachers › Send away the tigers

Trois après leur précédent opus, les Manic Street Preachers, un peu vite enterrés par certains journalistes (francophones notamment) sont de retour pour ce qui constituera une sorte d’ultime hoquet électrique sous forme de deux albums. Coïncidence ? Chacun entoure l’année 2008 où Richie Edwards dont le spectre n’a cessé d’accompagner ses compagnons sera officiellement déclaré mort. ‘Send away the tigers’ ferait référence à une phrase lâchée par le comédien Tony Hancock et qui signifierait combattre ses démons personnels en se saoulant. Voilà qui donne le ton car si les Gallois parlent de leur disque comme d’un mélange de ‘Generation terrorists’ et ‘Everything must go’, ce qui est assez bien décrit, les paroles ne sont pas à la franche rigolade, particulièrement sur certaines chansons d’apparence inoffensive… Toujours ce goût de l’ironie et du second degré. Le meilleur exemple en est ‘Your love alone is not enough’ interprété en duo avec la chanteuse des Cardigans. Son ton entraînant pourrait laisser penser aux ‘Shiny happy people’ de R.E.M. en plus électrique sauf que le titre fait référence à une ligne de note de suicide d’une connaissance du groupe. Cela ne suffit pas à donner du corps à une mélodie trop pop à mon goût. Heureusement, voilà qui ne résume pas le climat de l’album. Climat assez varié d'ailleurs même si effectivement plus rock et électrique de manière générale. Parmi les belles réussites, ‘Indian Summer’, rock cool pour foncer en décapotable en bord de mer, les cheveux ébouriffés par l’air marin, le morceau éponyme et son intro à l’orgue triste… Belles harmonies celtiques musclées non dépourvues d’un léger vague à l’âme. Glam sensuel au programme aussi avec ‘The second great depression’ mais version années 2000 avec des grattes aussi électriques que la désillusion dans le chant. Nos Gallois s’offrent même un essai psychobilly de fort bon aloi avec ‘Imperial bodybags’; voilà clairement un genre dans lequel ils sont à l’aise surtout qu’ils l’assaisonnent avec un refrain punk pop. Soit les Manics se font plaisir, soit ils s’amusent à piocher dans toutes leurs influences. Ma favorite de ce point de vue serait ‘Autumnsong’ mêlant un riff heavy, des influences glam avec une louche de bon rock un peu tristounet. Malgré une bonne réception critique, beaucoup sont demeuré/es déçu/es par cette impression de faux retour aux sources et il vrai que malgré ses qualités, le skeud peut laisser un léger goût d’inachevé mais pour qui apprécie le rock britannique, ces sonorités ne sont pas si surprenantes. On songe volontiers aux Alarm, U2 même, période post-‘Pop’ (ok, c’est pas la meilleure référence, on est d’accord) avec une certaine patte pop grandiloquente devenue classique des Gallois inspirées des vieilles gloires comme les Beatles ou les Kinks. Pour ma part, ces mélodies pop couplées à des arrangements plus rock en font un opus qu’on peut posséder sans rougir même si son successeur sera meilleur. A noter une reprise du ‘Working class hero’ de Lennon en ghost track finale.