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Pimmon › Snaps*Crackles*Pops

cd 1 • 10 titres • 58:50 min

  • 1No Jazz For Jokers05:07
  • 2In Einem Teich Des Treibstoffs09:25
  • 3Frosty Pink05:04
  • 4RTW: Sound Of A Finished Kiss09:17
  • 5Over The Black Dot04:34
  • 6Bubble Beam04:30
  • 7The King, The Eye And The Surfboard04:52
  • 8Vogel Circuits05:02
  • 9Babylon’s Burning05:25
  • 10The Sacred Dance Of Mimi Lush05:34

informations

"Produit, déconstruit et arrangé" au Cambridge Manor, entre 2001 et 2002, sauf la piste 2, aux Zemanock Studios en 1999.

line up

Paul Gough (tout)

chronique

Premier morceau, première plongée dans la folie : “No jazz for jokers”, ventre-saint-gris, qu'est ce que c'est que ce truc ? Dès son incipit, Snaps*Crackles*Pops établit ses propres règles. Pimmon n’a jamais sonné aussi organique et inclassable, la seule comparaison qui me viendrait à l'esprit serait un morceau de library music complètement frénétique, trop à l'ouest pour illustrer quoi que ce soit. Et ce n'est que le début.

Un titre étrange qui semble se moquer d’une étiquette glitch paresseusement collée à la musique de Paul Gough par des gratte-papier sans imagination tels que votre serviteur, une pochette fascinante-dégueulasse avec des poils et des éclats de matières non identifiables : même dans une discographie aussi singulière et bordélique, cet album détonne. Il s’agit en réalité d’une transfiguration de l'art de Pimmon, qui transforme enfin ses premiers essais excitants en or. Le bidouilleur est devenu alchimiste, se met à transmettre des émotions comme jamais il n’a su le faire à l’aide de plages qui semblent s’étirer quand elles doivent le faire : l’éthérée et contemplative “in einem teich des treibstoffs”, qui mute en sublime electronica contemplative ; la suite “RTW: sound of an unfinished kiss” qui mériterait une chronique à part entière tant Paul Gough y présente une progression émouvante et inattendue. Le gratouillage de tympans de ses essais les plus extrémistes ? Il a augmenté en perversité et en maîtrise des textures, en témoigne l’insensée “Frosty pink” et son diabolique grésillement, plus tangible que jamais. La machine semble y posséder l’artiste australien plutôt que l'inverse (il faut bien une sensibilité humaine pour choisir des sons aussi précisément inconfortables). D’autres pistes voient un Paul Gough s’essayer à un quasi-trip-hop, insérant pour la première et la dernière fois un peu de groove dans sa musique : la mélancolique et trompe-l’oeil “Over the black dot”, où tout se passe dans un arrière-plan d’une profondeur hallucinante. Encore un ovni, tant aucune musique avec une prédominance de batterie n’a donné à voir un tel kaléidoscope de textures presque tangibles. Du Boards of Canada qui aurait bouffé de la musique concrète ? Quant à “Vogel Circuits”, il s'agit d'une orgie psychoactive d’effets sonores finement dosés, apparemment basée sur un sample passé à l'envers, qui se transforme en un tunnel sonore intimiste et hypnotisant. Un bloc de beauté brute sculpté dans une mélasse sonore impossible.

Le point commun de tous les temps de ce festin pour les oreilles ? Partout, le jamais entendu. J’ai pu citer Pita, Fennesz ou Oval dans mes chroniques de ses disques précédents, mais ici, la musique de Pimmon plonge corps et âme dans l'inconnu le plus excitant. Je pourrais continuer de citer chaque morceau tant les idées sont omniprésentes dans ce disque, signalons tout de même une deuxième partie plus torve et difficile d'accès, façon derniers substrats d’un élément radioactif qui se désintègrent. Des derniers morceaux faussement en-deçà, toujours relevés par une texture impossible ou une construction étrange, souvent construites à partir de lignes de basse chaleureuses mais inconfortablement répétitives. Le disque se termine par une bouffée de gaz euphorique aux chuintements concrets qui confinent à la synesthésie… Et pour une fois, l'aspect bordélique de l'oeuvre n’est pas un frein : si Snaps*Crackles*Pops passe du coq à l’âne, ce n'est que pour montrer toujours plus du monde interne de son auteur, qui est désormais un maître de la manipulation sonore et, oserais-je écrire, du worldbuilding. Il n'y aura hélas pas de suite à la hauteur, même si Paul Gough continuera à sortir de très bons disques, et n’essayez pas de trouver un quelconque substitut à ce terrier du lapin blanc…

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le jeudi 6 mars 2025

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