Là, je suis complètement en mode ‘love’ avec The Cult ( rien à voir avec le fait que ‘Love’ soit mon album favori)… Quarante ans de carrière plus tard, être capable de lancer un disque avec un titre aussi classe que ‘Mirror’, franchement… Quelle merveilleuse mélodie, quelles guitares coulantes, quelle douce tristesse en filigrane, quel timbre profond… Ne dirait-on pas justement que le groupe en revient à ses premières écoles ? Effectivement ‘Under the midnight sun’ renoue largement avec le son gothique des débuts mais nulle nostalgie malséante, il s’agit aussi et surtout d’un groupe ayant de la bouteille qui retrouve une certaine forme de noirceur enrichie par les années d’expérience. Pour autant, l’album ne sonne pas de manière pessimiste, il est riche, empli d’une certaine fougue tribale (‘A Cut inside’) sachant se faire plus céleste au besoin (le beau ‘Vendetta X’) sans jamais perdre de son électricité. Il faut dire que Bill Duffy se montre prodigieux une fois encore avec sa gratte, quelle grâce, quel doigté sans retenir la force qui lui brûle les doigts. Quant à Ian, les années n’ont pas altéré ce timbre reconnaissable entre mille. Niveau mélodie, c’est du béton, ‘Mirror’, ‘Give me mercy’, ‘A Cut inside’… Les fans de l’époque ‘Love’ seront ravi/es d’ailleurs notre chanteur ne se fait pas faute de le scander, ce mot, ‘love’… 'L’amour te trouvera'; on en sera aisément convaincu avec un ‘Outer heaven’ qui eût pu sonner fleur bleue entre les mains d’une formation inexpérimentée car les fugaces envolées de cordes en arrière-plan sont plus souvent synonyme de kitsch que d’émotion mais ici, la machinerie fonctionne, grâce à ces diaboliques guitares, cette rythmique musclée, précise mais pas lourdingue et naturellement, la voix. Certes, en chipotant, on trouvera quelques longueurs sur ‘Knife through butterfly heart’ à la pourtant séduisante entrée acoustique légèrement parfumée Amérique du Sud mais quand on termine un disque avec une chanson de la trempe de ‘Under the midnight sun’, on nous pardonne aisément et beaucoup. Qui plus est, The Cult sont un groupe de la vieille école qui ne cherchent pas à bourrer leur galette, laquelle s’écoute donc sans temps mort, sans impression de surcharge, d’où un sentiment de fluidité, de douce mélancolie spirituelle qui personnellement me transporte. Alors que trop de quinquagénaires ou de sexagénaires semblent affectionner les mid-tempos pour notre plus grand ennui, The Cult sonnent immortels, comme si les quarante ans de carrière n’avaient eu de prise sur eux. Ce disque s’écoute tout seul avec une séduction à la fois immédiate mais non dénuée d’un certain mystère se dévoilant au fur et à mesure des écoutes. Oui, c’est du Cult pur jus, sans réelle surprise mais franchement, quelle classe ! J’en ai un sourire béat sur les lèvres et le coeur qui bat d’une drôle de manière… Bel opus qui aura servi de bande-son au tatouage sur mon avant-bras droit, une raison supplémentaire et personnelle de l’apprécier encore plus… En mode ‘love, je vous dis, je vais finir par aimer les gens…