Altarage › Nihl

NIHL, pour "Noise Inducted Hearing Loss" ? En tout cas au casque, avec un tel disque, y a moyen de voir des grosses choses et de perdre des petits bouts de réalité au passage. Artwork outrageusement lovecraftien, "the-thing-esque", mais musique pas fabriquée pour être adulée, sinon par quelques adulescents solitaires, qui dans leur death préfèrent de loin l'ambiance à la glaire et aux viscères. Ce premier Altarage sent fort les mecs traumatisés par Portal, Morbid, Tyranny, Ulcerate. Enfin surtout Portal, dont ils sont apparemment considérés comme une version discount. Mais ici leur son de jeunesse, monstruosité absolue dégueulée par quelque cavité profonde, a sa teinte à lui, et c'est un des trucs les plus bruts possibles dans le genre. Il se fraie un chemin dans les roches basaltiques, la lave, les catacombes, les cavités, les nuages de cendres, jusqu'à enfumer un peu notre petit monde connecté. Le death metal, quand il est aussi surnaturel, propose une expérience. Une expérience passant par la texture du son, de l'ambiance qu'elle charrie. Car le son ici est un gros amas. La production, ou le mix, comme vous voulez, sont volontairement abominables, dans tout les sens du termes. C'est du moulu très grossièrement. Pour ceux qui resteront à la porte, ce sera même pas une démo en fait. Je suis allé goûter à leur dernier en date Worst Case Scenario, et ils semblent avoir musclé leur son depuis, ce qui n'est pas forcément une bonne chose au final. Là le côté plus roots augmente l'ambiance, l'aspect organique et inhumain, tellement caverneux qu'il en devient une singularité gravitationnelle : yaourt garanti zéro pourcent lumière. Les limites de ce groupe, sont en quelque sorte sa force, ici. C'est radical et ça va au fond du chemin, dans la cavité imposée, ça me rappelle un peu ces histoires de spéléologues qui finissent coincés dans un passage trop étroit et dont on doit même abandonner le cadavre, inaccessible. Les guitares sont carbonisées au dernier degré, la batterie sonne comme un "flap flap" de volatile, style ptérodactyle. Le growl est presque confondu avec les instruments, d'ailleurs pas sûr que ce soit vraiment une voix humaine, à ce stade d'opacité, on sait plus très bien. Le groupe est basque, sinon, et pourrait s'appeler Axoa. Il est composé de mammifères sérieusement capuchés, mi-Nazgûl mi-cailleras. On sent tout logiquement l'Amour de l'Artisanat, dans cette œuvre à la Lovecraft. C'est du fait-main, avec les tentacules. Musique à l'image de la pochette, facilement accessible au-dessus de la chro en-dessous de la tracklist, dans le bidule tout gris là, cliquez donc, tas de grosses larves à TDAH.