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The Waterboys › Fisherman's Blues
- 1988 • Chrysalis records FV 41589 • 1 LP 33 tours
- 1988 • Chrysalis records 259 423 • 1 CD
cd/lp • 13 titres • 54:39 min
- 1Fisherman's Blues4:26
- 2We Will Not Be Lovers7:03
- 3Strange Boat3:07
- 4World Party4:01
- 5Sweet Thing7:14 [reprise de Van Morrison]
- 6Jimmy Hickey's Waltz*2:06
- 7And a Bang On the Earl7:33
- 8Has Anybody Here Seen Hank?3:19 [reprise de Woody Guthrie]
- 9When Will We Be Married?3:00
- 10When Ye Go Away3:45
- 11Dunford's Fancy1:04
- 12The Stolen Child6:56
- 13This Land Is Your Land*0:54
informations
Enregistré par Pearse Dunne, John Grimes et Pat MacCarthy. À la Windmill Lane, Dublin, Irlande, entre janvier et mars 1986 et mars et mai 1987 ; à la Spiddal House, Spiddal Country, Irlande, entre avril et juin 1988. Mixé par ,Paul Cobbold, John Dunford, Pearse Dunne, Paul McCarthy, Phil Tennant et Phil Thonally aux studios Rockfield et PRT. Produit par John Dunford et Mike Scott.
line up
Mike Scott (chant, guitare, orgue Hammond, batterie, piano, bouzouki à l'archet), Trevor Huntchinson (basse, contrebasse, bouzouki), Peter McKinney (batterie), Anthony Thistlethwaite (mandoline, harmonica, orgue Hammond, saxophone, manoline slidée), Steve Wickhlam (fiddle), Dave Ruffy (batterie), Colon Blakey (piano, flûte), Fran Breen (batterie), Vinnie Killduf (guitare), Noël Bridgeman (tambourin, congas), Roddy Lorimer (trompette), Kevin Wilkinson (batterie), Jenne Haan (chœurs), Ruth Nolan (chœurs), Rachel Nolan, (chœurs), The Abergavenny Male Voice Choir (chœurs), Jay Dee Daugherty (batterie), Mairtín O'Connor (accordéon), Alc Finn (bouzouki), Charlie Lennon (fiddle), Brendan O'Regan (bouzouki), Tomás McKeowen (voix récitée)
chronique
L'Écossais Mike Scott, un beau jour, décide de se plonger avec son groupe, The Waterboys, dans les répertoires locaux, « celtiques », ceux de son Écosse natale, d'Irlande, du Pays de Galles... Des chansons, morceaux de folklores retrouvés – collectés, ressortis des catalogues pour leur redonner vie. Comme les Anglais de Fairport Convention, vingt ans plus tôt, au moment d'enregistrer Liege & Lief ? Comme The Band, les Américains du Nord (Canadiens et Étasuniens), vers la même époque, quand ils avaient sorti leur Music from Big Pink en pleine chute de l'ère hippie électrique ? Comme d'autres qui en même temps ou dans leurs sillages (le Grateful Dead avec Workingman's Dead et American Beauty, Little Feat sur les premiers albums...) ? Un peu comme ces autres là, oui, sans doute... Autrement toutefois.
Car en 1988, la musique a changé. Le monde a bougé, ses repères, la forme des certitudes et bouts d'indices à ébranler comme à saisir. Alors les Waterboys n'abandonnent pas vraiment la « modernité ». Les amplis, certes, font moins de bruit qu'avant – que sur les précédents disques, encore moins. Les violons – fiddles terriens, terroir, s'en mêlent, l'harmonica, les mandolines et les accordéons. Le groupe reprend un coup le Sweet Thing de Van Morrison, tiré de son emblématique (et bien singulier, soi-même) Astral Week. Le vieux poète du coin – à Spiddal, en Irlande, où le groupe enregistre une partie des sessions – vient poser sa voix, réciter des vers de William Butler Yeats, gloire et trésor national. Et Scott, lui, déclame, quand il chante – poitrail au vent, cheveux en bataille, image romantique et « païenne », barde en jean moulant... Mais justement : l'époque où ça se passe, où le groupe reprend ces vieilles histoires, n'est pas escamoté. Il demeure, dans ces pièces d'un folk réapproprié – valses, gigues, rondeaux, vieux fonds remodelés et compositions nouvelles – une couleur très contemporaine, très « jours d'alors ». Dans ce son, cette production – basse qui laque parfois comme dans une new-wave ou d'une cold-wave funky, d'un certain post-punk entendue ailleurs ces mêmes années (chez Japan comme chez Minimal Compact ou Carte de Séjour, chez Passion Fodder autant que chez A Certain Ratio – dans leur période « clubs » comme sur les premiers disques – ou que chez Tuxedomoon). Dans l'allant rythmique – parfois raide, cloué, presque martial. Dans le traitement des volumes, des espaces – le mix qui fait des nappes atmosphériques avec les guitares et les orgues, fait planer les violons au-dessus de la machine à groove froid, synthétise la brume et les bruines.
Oui, Mike Scott est un chanteur moderne. Néo-païen affirmé ou aspirant, quoi qu'il puisse entendre par là – un album sorti quatre ans plus tôt s'appelait déjà A Pagan Place. Oui, les Waterboys restent un groupe « indie rock » de ces années là – et new-wave, j'insiste, d'une « alternative » qui ne tient pas de la rupture punk mais d'une torsion des codes « classiques », des traits d'un rock, d'une pop plus anciens. Et ici, on le répète : d'un folk non pas exhumé mais repris au point où eux veulent le faire aller, en toute sincérité, je crois... Au point où les voix, selon eux – celles des Anciens et les leurs, jeunes pousses encore vivaces – devraient se rencontrer. D'où cette cohérence, sans doute, sur ce Fisherman's Blues qui rassemble, assemble des brins à priori disparates. D'où cette variété, dans cette musique qui à première écoute peut sonner d'un seul bloc. D'où cette originalité du ton qui se dégage peu à peu, à y revenir, de cette musique qui – décidément – peut paraître d'abord pur produit d'une époque, exercice d'adaptation marqué d'une esthétique entre temps laissée de côté, souvent par ceux-là mêmes qui l'avaient embrassée.
Voilà : Fisherman's Blues est un disque original – unique dans la discographie du groupe (dont les autres albums, je dois admettre, me passionnent diversement), unique tout court, aussi, modestement ou non. Mike Scott, ici et partout, en fait beaucoup – ne craint jamais d'en faire trop. Pourtant rien ne sonne faux, cette fois. La verve vagabonde évite – de justesse parfois – le biais d'une performance un peu freak, un peu poésie-beat-nouvelle-époque qui la rendrait pénible, surjouée. Scott et le groupe – avec et sans les invités villageois – trouvent un équilibre. Délicat, forcément précaire – naturellement passager, car ce disque n'est qu'un épisode, un moment de l'histoire et du chemin, qui n'entend surtout pas y mettre une terme, poser quoi que ce soit de définitif. C'était, c'est toujours un risque à prendre, cette approche – la rencontre dans l'instant, le travail sur des détails dont on ne peut être sûr que demain, ils seront toujours pertinents. Il en sort, cette fois-ci, un disque très entier – intègre et toujours frais, plutôt que « d'intemporel » ou autre figure d'hyperbole. C'est bien mieux que déjà-ça. Il serait vain d'en faire un culte, un objet de légende ou une relique sacrée – ce n'est pas ainsi qu'il vit et se décante, s'incarne, s'installe et va et vient au gré de ses et de nos heures.
Dans le même esprit, Dioneo vous recommande...





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- Aladdin_Sane › Envoyez un message privé àAladdin_Sane
Superbe album dont on peut prolonger le plaisir avec le suivant le magnifique "Room to roam", après mon intérêt s'est peu à peu étiolé même s'il y a encore de belles choses dans la discographie du groupe (vu sur la tournée "A rock in the weary land" et j'en garde un souvenir émus).
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Pour ma part j'avais fait plutôt mauvaise pioche vu que j'avais commencé par Dream Harder, qui n'est vraiment... Pas très bon. Le single, The Return of Jimi Hendrix, m'avait bien accroché mais alors le reste du disque...
À part ça j'avoue que d'eux j'ai surtout écouté ce Fisherman's Blues, les autres albums auxquels je m'étais essayé m'ont beaucoup moins retenu ! Disons qu'ici l'élément folk, pris donc de façon très moderne et personnelle, donne une autre tournure au côté romantique/héroïque du groupe, justement, qui ailleurs peut me bloquer un peu - le "rock héroïque", c'est globalement pas mon truc, ça a même tendance à me taper vite sur le système... Mais bon, j'ai fini par aimer beaucoup Love de The Cult, par exemple, alors qu'au départ ça colle bien dans cette définition "poètes électriques depoitraillés criant leur amour face aux éléments déchaînés", alors... Je note de re-tenter le reste de la disco en attaquant par This Is the Sea, donc ! Et peut-être même que j'essayerai un coup d'écouter Big Country, dans cet élan "les bardes sont des rockeurs comme les autres" ? (Tes chros de ce groupe m'avaient intrigué, Shelleyan - mais je crains un peu le rapprochement avec U2, groupe qui, rien à faire, m'a toujours barbé quelque soit l'angle par lequel j'ai pu tenter le coup).
Message édité le 03-03-2025 à 13:34 par dioneo
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- allobroge › Envoyez un message privé àallobroge
T'as commencé par le bon bout !
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- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan
C'est avec 'This is the sea' que j'ai découvert le groupe
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- allobroge › Envoyez un message privé àallobroge
Merci pour la chro Dineo, c'est un superbe album mais This is the sea, l'ultima ratio d'album du rock héroïque, il se pose là aussi et surtout.
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