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Dvě Slunce › GAS GAS

téléchargement • 8 titres • 35:24 min

  • 1Grid2:45
  • 2Porcujem3:38
  • 3Motýl3:50
  • 4Chodec (feat. Josef K.)5:43
  • 5Stalaktit4:31
  • 6Lešij (feat Bára Mü)5:23
  • 7Úzkost3:54
  • 8Salome5:39

informations

Mixé et masterisé par František.

Artwork et logo : Lucie Lučanská.

line up

František, Tomáš

Musiciens additionnels : Josef K (rap sur Chodec), Bára Mü (chant sur Lešij)

chronique

L'ambiance est chimique, sur l'intro, la lumière réglée comme il faut – enveloppante et douce, pas agressive mais pas inexistante. On voit encore – les formes, les êtres, les choses, sous un demi-jour qui les rend belles et beaux. Une voix humaine parle avec une IA, qui règle, ajuste tout selon sa volonté, son désir. Les nappes synthétiques portent, liquides, douces. Tout flotte. Et puis déboule un beat – fractionné, fracturé, trafiqué lui aussi, côté molécules. Tripé, décadré, éclaté. Et cette voix – lourde, assénée. En une langue pleine de consonnes agglutinées. Que je ne comprends – toujours – pas, mais parfaite pour cette ambiance, qui nous y jette immédiatement. Étrange familiarité – d'un son international, secteur passé partout. Drôle d'altérité – parce qu'on entend bien ce qui diffère, dans ce parler, on comprend bien que le décor n'est pas local uniquement par là – qu'ils ne l'auraient pas fait pareil, ailleurs.

Dvě Slunce (soit Deux Soleils), duo praguois, balance une sorte de trap autrement atmosphérique – épaisse, enfumée, tapante mais bien plus subtile qu'elle ne le laisse entendre au départ. Les basses enflées - « sub ». Les beats, donc, tout en brisures, à la fois démis et raides. Les voix – outre celles qui envoient le flow ; chœurs, répons etc. – déformées, synthétisées, elles aussi, passées dans des effets. D'exquises phases planantes colorées dans leur profondeurs translucides et lisses, des bruitages de micro-courants amplifiés, pixellisés, glitchés. Pour ce que j'ai pu en saisir – via traduction – ça cause pas mal dérive, urbanisme hanté, relations charnelles hors-sentiments – mais acceptées de toute part comme ça, et peut-être même, plutôt « sans foutaises ». Ça cause états altérés, je crois, aussi – hallucinations. Ça confond ça avec le quotidien – la perception abîmée du monde, les décrochements, les fendillements qu'induisent jour après jour, soir après soir la pression, les questions, les dérivations et atermoiements. Aussi, un Esprit, une créature forestière – meurtrière si ce n'est anthropophage, est évoquée, sur un morceau, une sombre histoire d'errance et de meurtres violents dans la forêt – sur Lešij. Et comment dire, Lešij... 

Et comment dire, Lešij ? C'est par là que la chose m'a chopé. Presque au hasard – en entendant le morceau sur une page/réseau-social de l'illustratrice qui a commis la présente pochette. Cette voix ! Ce chant, la dénommée Bára Mü ! Cette espèce de couplet d'un folklore, d'une comptine des Enfers – timbre dur mais gorgé d'air, mélodie qui étire les fins de mots en grosses pointes menaçantes, récitatif surnaturel. Parfait refrain – comme une sample inventé plutôt que prélevé, sur cet imaginaire « horror-folk » de contrées slaves (il semble que Lešij, le personnage, gardien des forêts qui n'hésite pas à zigouiller les intrus et promeneurs égarés, donc, existe en Tchéquie comme en Russie, en Pologne, ailleurs en Europe centrale et orientale). Lešij, oui... Sacré conte d'épouvante. Parfaite contre-voix – qui joue à la bascule avec ce flow délibérément cru, bourru voire bourrin. Et puis derrière... Une espèce de techno – sur Úzkost – Anxiété), une percée en club. Pas moins habitée de ce truc qui tire, jette et agite, distord des ombres. Pas moins magnifiée par les luminescences qui rampent sur les surfaces, allument les lignes, sourdent des fissures. On est loin, haut – high, far-out... Parti. On est tout proche – la tête dans le guidon, le dur de la matière, de ses volumes, ses vides, ses contorsions, circonvolutions.

Gas Gas – double bouffée tirée/crachée d'un blunt chargé, piégé, est court, compact et plein de trous d'air. On le sent passer – mais on n'a pas le temps de compter. Il déborde, suinte d'une mélancolie distante, distanciée. Il bout d'émotions et de sensations amalgames, contrariées, béantes ou étranglées. Je crois. Pour ce que j'en saisis. J'aime ses couleurs qui crament la rétine, ses fragrances méthanol et autres volatilités, caillasse et limons et bitume. J'aime sa chaleur, sous son allure première de bâtisse-robot aux panneaux verrouillés par des codes. J'y entre, j'en sors, au gré. Et de même, réciproquement, dans mes oreilles et mon espace mental. On s'est trouvé, on se connaît sans trop savoir. J'ai l'impression qu'on s'est permis, l'un-l'autre, de s'accueillir quand ça nous prend. J'aimerais bien un coup les voir, tiens, faire leur truc en direct, machines et gens. Peut-être, allez... Une fois qu'on y sera ou des fois qu'ils se pointent du côté de nos longitudes.

Bon
      
Publiée le lundi 10 février 2025

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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My pleasure. Découvert par le biais de l'illustratrice qui a fait la pochette, donc, perso, j'aurais jamais connu ça si je ne la "suivais" pas, sinon, je pense. (Et c'est marrant parce qu'à côté de ce genre d'illustrations et de trucs auto-édités assez étranges, elle fait aussi des bouquins "jeunesse", genre trucs d'éveil pour ceux qui ne savent encore même pas lire... Pas sûr que je mettrais Lešij en fond sonore pour une sortie nature "collecter des feuilles en automne pour faire un joli collage").

Message édité le 02-03-2025 à 15:41 par dioneo

Note donnée au disque :       
Raven Envoyez un message privé àRaven
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Des reprises NSBM ? En tout cas niveau instrus yabon, béton runner (Chodec), et le mélange avec cette langue "sonore" à laquelle je bitte walou augmente l'effet abstract+container alien. "une langue pleine de consonnes agglutinées. Que je ne comprends – toujours – pas, mais parfaite pour cette ambiance, qui nous y jette immédiatement." > 100% ! Merci pour la découverte collègue.

Message édité le 10-02-2025 à 20:27 par Raven

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

C'est un disque de reprises de Gus Gus ?