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Ewan MacColl / A. L. Lloyd › Blow Boys Blow. Songs of the Sea
- 1960 • Tradition Records 1 LP 33 tours
35:43 • 16 titres
- 1Row Bullies Row2:33
- 2Paddy Doyle0:45
- 3Wild Goose Shanty1:24
- 4While Cruising Around Yarmouth2:50
- 5Old Billy Riley0:27
- 6Handsome Cabin Boy4:39
- 7South Australia2:19
- 8Blow Boys Blow1:35
- 9Whup Jamboree1:19
- 10Banks Of Newfoundland3:22
- 11Whiskey Johnny1:50
- 12Do Me Ama3:28
- 13Jack Tar2:09
- 14Paddy West4:22
- 15Haul On The Bowline0:42
- 16A Hundred Years Ago1:10
informations
Pas facile de savoir à quelle date est sortie la première version du disque (entre 1957 et 1960) mais l'album a été maintes fois réédité et disponible désormais sur Bandcamp (à partir de sources secondaires, les masters étant perdus).
line up
A. L. Lloyd (voix), Ewan MacColl (voix)
Musiciens additionnels : Alf Edwards (concertina), Ralph Rinzler (guitare, banjo, mandoline), Steve Benbow (guitare)
chronique
- sea shanties
Je me sens comme un traître au drapeau du royaume/empire/république/re-royaume/re-république/re-empire de France lorsque j’écoute les sea shanties anglais. Les captivités du capitaine Beauchesne et de Louis Garneray dans les abominables pontons de l’ennemi agitent la fibre patriote de l’époque où les mers étaient disputées par une poignée de nations européennes, dans une entreprise de prédation et d’exploitation illimitées des hommes, des femmes et des ressources. Rien de bien glorieux, donc, mais c’est comme la guerre. Antimilitariste et pacifiste convaincu, il reste la figure du soldat, du marin, de l’individu projeté de gré ou de force dans les sombres desseins de l’État, décrit par Pierre Schoendoerffer ou Herman Melville. Ce n’est pas Colbert qui a risqué noyade et scorbut et ce ne sont pas plus les ministres qui se sont retrouvés seuls à commander des postes isolés dans la jungle tonkinoise. Qui mieux que Melville a saisi la figure du marin, pliant sous les coups du capitaine d’armes, fustigeant au passage les coutumes anglaises de discipline indignes des États-Unis du XIXe siècle. Le marin est courageux parce qu’il n’a aucun espoir de vieillir et respire l’air du gaillard d’avant, plus pur que celui qui arrive aux officiers à l’arrière. Le marin croit dans les signes et les esprits, les fantômes des camarades tombés à l’eau, les femmes passées et à venir, les rêveries hallucinées au sommet du mât. Des glaces polaires aux tropiques suffocants, l’histoire des marins est celle des plus audacieux voyages d'une humanité morphologiquement inadaptée à l’eau. L’histoire des humains sur l’eau, c’est la même que celle qui envoie Thomas Pesquet faire des cabrioles autour de la Terre, une sous-espèce d’hominines qui par pur envie d’aller vers l’horizon, est capable de sauter dans un tronc creux et suivre les courants. Tout cela, les peurs, les désirs, les rires et les larmes, on les retrouve dans ces Songs of the Sea. MacColl et Lloyd sont à la Grande-Bretagne ce que les Lomax sont aux États-Unis (et ailleurs) ou Roberto de Simone à l’Italie : des collecteurs, dans cette période cruciale du XXe siècle qui a englouti de nombreux particularismes régionaux dans la globalisation et l’éclatement géographique des cellules familiales. Ces chants ne sont, en général, pas si anciens qu’on ne l’imagine. Ils ne viennent pas du Moyen Âge mais de la paire de siècles qui précèdent, suffisamment récents pour être transmis de bouche à oreille au sein d’un groupe, en l’occurrence les marins. Chansons pour marin seul, à deux (Paddy Doyle) ou refrains à reprendre en groupe ces shanties évoquent le travail et la vie en mer, les fantasmes dont celui du « Handsome Cabin Boy » (en réalité une femme, vous avez compris), thème récurrent dans la littérature maritime. En rythme, car il faut coordonner le travail des gabiers perchés sur les mâts. On y célèbre l’alcool, les grands ou redoutables capitaines, les côtes de l’Australie lointaine. La rudesse de la vie en mer contraste avec la beauté et la simplicité de ces mélodies nées pour rester dans les esprits et s’exprimer naturellement à la tâche ou à la fête. Instrumentations réduites au minimum, pour coller à la réalité, guitare, mandoline et concertina tout au plus, on est porté par la voix puissante de MacColl et celle plus chevrotante de Lloyd. Ils ont produit, seuls ou ensemble, une quantité astronomique de disques mais celui-là sera le premier présent ici et j’en assume les digressions, lettre d’amour lointain d’un Auvergnat à la mer et aux marins.
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