Là, ils m’auront presque perdu. Presque. Je n’ai rien contre Belgrado qui auront sorti des albums post punk goth assez corrects… En fait, justement, tout est dans le mot, ‘correct’. Le combo n’aura jamais été un premier de classe alors qu’il oeuvrait dans ce registre-là alors le voir soudain arborer couleurs, imagerie vintage et opter pour un son très new wave avait de quoi laisser dubitatif et soupçonner un brin d’opportunisme puisque ces années sur lesquelles il était de bon ton de chier allègrement en prétendant que ce n’était pas de la vraie musique ont conservé une fascination spéciale vers laquelle de nombreux artistes, tout genre confondu, se tournent aujourd’hui. D’une certaine manière Belgrado en ont bien compris les codes et finalement se révèlent nettement plus doués dans ce style. On a tous les éléments nécessaires: batterie électronique claquante, guitares froides, basse ronde, beaucoup de synthés et du groove. Limite mutant disco parfois (‘Nie Zapomnę’). Le timbre froid et peu expressif de la chanteuse confère une aura typique des Pays de L’Est (en plus des paroles en polonais) comme une cerise à la vodka. Le combo varie ses climats avec des morceaux à la rythmique plus directe, d’autres plus sensuels, les mélodies sont bonnes; on songe volontiers à New Order en plus froid, sombre et à notre époque de clonage insipide, force est de reconnaître que Belgrado s’en sortent vraiment bien. Leurs compositions ont du corps, les arrangements sont travaillés et maitrisés, pas de production flatline, le boulot est fait par quelqu’un qui s’y connait. Un disque sympathique qui eût pu être enregistré il y a quarante ans qui malgré ses évidentes qualités ne m’enthousiasme pas à 100% et ne me donne pas spécialement envie de suivre encore la carrière d’une formation manquant finalement par trop d’identité. La formule fonctionne bien ainsi mais tiendrait-elle le test d’une suite ? Je m’en fous un peu à dire vrai, ce disque me suffit largement...