Dax Riggs › 7 Songs for Spiders

Quelques années ont passé. Quinze ans ont passé ! Depuis que Dax Riggs n'a montré le bout de sa dégaine toute dégingandée, toute meurtrie, sa voix si profonde, ses chansons si morbides et habitées et belles à la fois... Pourquoi ? L’intéressé y a répondu à New Noise (la version US) : "parce que la vie, la mort, et toutes les jolies chosent qui se passent entre les deux...". Voilà, ce n'est pas d'une précision folle mais le principal c'est que je peux enfin me refaire un fix des transes de Dax Riggs, à un moment où arrivent à mes oreilles des dates d'Acid Bath qui se remettent en route après le long deuil d'Audie Pitre. Donc, cette version actuelle de notre cher Dax est celle toujours d'une voix qui vieillit à peine, toujours aussi pleine de blues, de plaintes, de lamentations, d'imprécations comme lors de ces chants funéraires, avec de temps en temps des éclaircies au milieu des torrents de boue noire. Des successions très, trop rapides ici de jolis morceaux parfois lorgnant vers le côté grassouillet des guitares qu'on estampille sludge et stoner, et surtout une facilité à balancer des mélodies extrêmement poignantes avec un minimum de moyens, dans une ambiance qui rappellera aux plus accrochés par le rock sombre du Sud américain certains Woven Hand ou les dingueries gothiques de mes chouchous Ancien Vvisdom. Reste une question : comment passer à côté d'un chanteur pareil ? Dans un monde idéal il aurait pris le trône des chanteurs écorchés vifs si populaires pendant les années 1990 mais depuis sa carrière est restée underground, depuis la mise en parenthèse d'Acid Bath. S'il fallait cela pour bien mûrir ou pourrir une perle noire aussi polie que celle proposée dans "Songs for Spiders", finalement... on en arrive à trouver de la beauté et du bon même dans des trainées de lose insensément longues. Jusqu'à nos oreilles, au milieu de tout le reste, de tout ce boucan, tout ce tintamarre qui lui n'en a cure de garder contact avec l'humanité, contrairement à tous ces corbeaux qui se rassemblent pour nous regarder du fond de leur yeux fixes, en croassant avec appétit, à l'unisson avec Dax Riggs.