Vous êtes ici › Les groupes / artistesVVerve › A Storm in Heaven

Verve › A Storm in Heaven

cd 1 • 10 titres • 46:57 min

  • 1Star Sail
  • 2Slide Away
  • 3Already There
  • 4Beautiful Mind
  • 5The Sun, the Sea
  • 6Virtual World
  • 7Make It 'Til Monday
  • 8Blue
  • 9Butterfly
  • 10See You in the Next One (Have a Good Time)

informations

line up

Richard Ashcroft (chant, guitare, percussions), Nick McCabe, (guitare, piano, accordéon, claviers), Simon Jones (basse, chœurs), Peter Salisbury, (batterie, percussions)

chronique

L’électricité, c’est bien, pour nager. Puits de sensations. Grotte de Thor ouverte aux curieux. On étend ses petites papattes de petit auditeur blasé fatigué de chercher, dans la grande piscine de guitares… On est bien, on laisse son cerveau derrière, comme un flotteur. On nage dans le grand liquide amniotique électrique, heureux comme un embryon aux sens démultipliés. Chaque son est source d’émerveillement, si on s’arrête d’analyser : et c’est très facile avec cette musique qui nous prodigue des guitares en direct d’une zone supérieure. « Une Tempête au Paradis » ? Dans un verre d’eau, pour beaucoup de détracteurs de ce que SERA ce groupe ; alors qu'il a ici, il me semble, fabriqué un bout de musique hors du temps. En suspension, magique. Mystique. Le shoegaze sans les chaussures, ou quelque chose comme ça. Rock atmo-psyché ? Jam de dream pop ? Shoegaze, hein ? J'en ai pas mal causé ici, mais au fond je n’y ai jamais trop pigé grand-chose, à ce genre. Sinon que c’est de la musique floue qui va bien pour se laisser aller. Et ce premier album de Verve, sans le « The » (c’est souvent de trop, un « The »), est parfait pour ça. Vraiment parfait, pour ne plus gamberger. On s’y laisse tomber. On laisse flotter les méninges dans le flouté. Pas besoin de réfléchir : laisser les belles guitares harmoni-rugueuses faire le travail, écouter le son extrêmement abouti d’un groupe juvénile, dénué de tout fardeau conceptuel, ressentir ces textures de guitares électriques à nulles autres pareilles, admirer ce chant loulouter de la pivoine dans des champs de réverb infinis… même si ça ne veut rien dire ! C’est un flux, une vibration, plus qu’une question de compositions. C’est une énergie, intacte depuis. Quelque chose qui transcende en somme. Sans en faire un foin, comme si c’était juste un poème hippie de plus dans ce grand bouillon rock. Qu'il fallait le déployer, juste pour s'y abandonner.

Pendant que d’autres discutent du sexe des anges, Verve dialoguent avec le sublime, armés de peu, mus par le rêve et la dérive. Que voilà un disque tranquillement vorace, ample, généreux, qui déploie des trésors tranquilles, dans l’écho, le vrombissement psychédélique sans prétention, épanoui... Ce sont les mêmes petits puceaux crâneurs et malins opportunistes qui feront donc quelques années plus tard "Bitter Sweet Symphony" ? Diantre. Ceci dit, j’ai souvenir que ce tube me collait sévère, et qu’ils y exprimaient une aisance similaire. Ces mectons ont toujours su emballer. Mais ici, on est dans un registre tout autre : on est dans le lâcher-prise. Dans la béatitude pure. Comme la guitare stroboscorgasmique de "Butterfly", ou cette arrivée monumentale de "The Sun and The Sea", que j'ai envie de bombarder meilleur titre du groupe, gratte-uitement, et qui se termine dans une sauce entre space rock et Van Der Graaf Generator. Tout ceci est sorti en 1993, mais pourrait dater de 1973 ou de 2013. Et on s’en fout en fait. On pourrait sans problème canoniser ce disque de plus bel album du genre, s’il n’était que shoegaze, alors qu’il me semble flotter au-delà, avec des connections à chercher du côté de choses comme Deux Filles ("Beautiful Mind"), autant que de Jefferson Airplane ou Monster Magnet… quand à d’autres coins il sait pour embellir sa parade se parer de cuivres ou de flûtiaux fantastiques, renvoyant au plus beaux moments des seventies façon Amon Duul ("Virtual World"). On frôle le chef d’œuvre, souvent on est à la lisière d’un moment absolu tel ce final lynchien, mais ce disque semble même flotter au-delà de telles considérations et canonisations, il est comme absent aux idées de lauriers, de trophées, de postérité ; juste liquide, et en état de béatitude. Éternel. Serein. Simple, en fait, malgré sa surcharge de textures. Facile, très facile. Y a même un piano, qui est joli et gentil, et qui mène aux Limbes... Musique évidente, qui s’étire et s’étale, sans effort. Et pourtant y en a pas eu des masses des comme ça, en fait, même à l'époque. C’est pour ça que quand je lis du mal à propos de (The) Verve, j’ai toujours en coin de la tête A Storm in Heaven qui scintille revêche, je reviens à cette anomalie magique, désireux d'en partager les bienfaits. Sachant combien il est bon de s’y baigner, et s'y laisser dériver, pour ne plus s’alourdir à trop penser. Oui : il y a décidément quelque chose d’assez merveilleux, dans ce petit album des années quatre-vingt-dix.

Très bon
      
Publiée le mercredi 5 février 2025

Dans le même esprit, Raven vous recommande...

dernières écoutes

    Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "A Storm in Heaven" en ce moment.

    tags

    Connectez-vous pour ajouter un tag sur "A Storm in Heaven".

    notes

    Note moyenne        5 votes

    Connectez-vous ajouter une note sur "A Storm in Heaven".

    commentaires

    Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "A Storm in Heaven".

    Sartoris Envoyez un message privé àSartoris

    Merci pour la chronique ! Aussi brouillardeuse et lumineuse que le disque. Idéal pour une baignade au soleil tout autant que pour une forêt en automne. La face B. "a Man Called Sun" sur le single "all in the mind" est aussi incroyablement immersive.

    Note donnée au disque :       
    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    Merci, ça motive !

    Note donnée au disque :       
    Richard Envoyez un message privé àRichard

    Quel album effectivement, et surtout quelle plume toujours aussi belle et originale.

    Note donnée au disque :       
    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    Le meilleur The Verve à mon sens; je le pensais déjà à l'époque et la chronique m'a poussé à la réécoute. Sentiment confirmé, il est assez fort niveau ambiances et je préfère la voix d'Ashcroft un peu noyée comme ici.

    Note donnée au disque :       
    A.Z.O.T Envoyez un message privé àA.Z.O.T

    Excellent albeum en effet. Leur premier EP et le live voyager sont parfaits pour prolonger le trip.