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Bobby Konders › A Lost Era In NYC 1987 - 1992
- 2002 • International Deejay Gigolo Records GIGOLO 93 • 1 CD
cd • 11 titres • 77:47 min
- 1Massive Sounds feat. Mutabaruka – The Poem8:24
- 2Bobby Konders/House Rhythems – Nervous Acid5:00
- 3Jus Friends Feat. Robert Owens – As One6:06
- 4Massive Sounds – Expression (Flute Mix)7:57
- 5Dub Poets - Black and White10:50
- 6Rydims – Nice and Slow6:19
- 7Massive Sounds – The Future6:56
- 8Bobby Konders/House Rhythems – Let Ther Be House5:12
- 9Bobby Konders/House Rhythems – Massai Woman8:10
- 10Rydims – Mello6:20
- 11Massive Sounds – Slackness and Sax6:26
informations
line up
Bobby Konders, Massive Sounds, Robert Owens, Mutabaruka...
chronique
Un moment de connexion. Un moment de... Communion ? Eh bien, il semble en tout cas que cette musique vise quelque chose comme ça, de cet acabit. La rencontre, le brassage, l'abolition temporaire – le temps d'une soirée qui recommencera le samedi ou le jour suivants ; dans l'espace suspendu d'un club – des barrières sociales, raciales, de milieux, de genres, de fortunes. Des sons, un flux, une substances entactogènes – rapprochez-vous, mêlez-vous, unifiez-vous contre un dehors trop froid, hostile. Aimez vous – embrassez-vous, caressez-vous, pénétrez-vous – ou pas, si vous êtes, vous, plutôt tantrique ou quoi, ou autre chose. Dansez, parlez – derrière la cabine du DJ, pour que les mots passent un moment par-delà le volume des basses et des claps et des hi-hats fermés/ouverts. Rencontrez-vous. Connaissez-vous.
La Deep House de Bobby Konders, la musique que le type produisait à cette période, cet épisode de sa carrière, a quelque chose de... Naïf ? D'accord mais ouvertement, sciemment, alors. Disons : de pragmatique, fonctionnel, d'un œcuménisme de terrain, qui ne se s'encombre guère de théorie mais tiens toujours sa perspective, s'accroche à son éthique à-même – le sol, le corps, la ville et ses places décrochées, franches. Konders, dans ces fameux clubs, transvase les méthodes des Sounds Systems – jamaïcains ou délocalisés. L'homme produit sa house comme du dub – montage, parties étirées, échos obstinés sur un élément particulier (du rythme, souvent, du beat, ou sur un accord, ou une seule note de clavier). Le type fait le joint entre ça, ce monde, et les Edits qui justement ont fait la house – quand des types comme Larry Levan ou Frankie Knuckles étiraient des passages, épaississaient les lignes de basse, rendaient plus coupants les cymbales en triturant sur leurs platines des maxis disco, boogie-funk. Tout est fait « à la main » – sur le plan de travail de la cuisine, un bureau improvisé, bricolé, une planche posée sur deux tréteaux pour porter les machines. Sur The Poem – probablement le morceau le plus connu de Konders, qui ouvre cette sélection – on entend clairement le vinyle de Mutabaruka (le dub-poet jamaïcain) qui tourne, les bruits de surface, avant que Konders ne lance les séquences, le beat, que le synthé n'entame son long solo baladeur.
Tout est simple, oui, ici, dans les structures, dans la construction. Tout est flagrant – les jointures des samples, la pulsation, la qualité d'artisanat de ces pistes, on pourrait dire aussi : de bricolage – en l'espèce, ça revient au même. En l'espèce, ça fait la fraîcheur, l'immédiateté conservée de cette poignée de titres. Le groove est chaleureux, l'atmosphère liquide, l'ambiance amicale, le lieu « safe ». Les rastas, les B-boys, les drags en talons/glitter, les clubbers anonymes se côtoient, s'absorbent dans cette même coulée, ce bouillonnement tranquille, ce moment d'hédonisme et d'aspiration spirituelle, s'abreuvent ensemble. Le « jazz », aussi, est sommaire, mais tout autant premier degrés – ces longs chorus, donc, qui colorent le son de nuances « garage » (au sens du genre de House appelé ainsi, encore). La douceur s'installe, souvent – Blak and Whit, avec ses nappes mélancoliques, et encore ce clavier flûté, qui discoure, déroule. L'excitation monte, par moments – Let There Be House ou Nervous Acid (seul titre d'acid-house, semble-t-il, dont se soit fendu Konders... Bien mieux, bien plus abouti qu'un simple exercice, pourtant, avec ses sons qui vrillent et son rythme qui chope). L'exotisme est aboli – et oui, Massai Woman, par exemple, c'est à deux doigts de tomber dans le kitsch, une espèce de New Age – mais les questions de bon ou mauvais goût sont ici abolies, ou plutôt reformulées, s'affranchissent d'une validation extérieure, décrétée depuis un monde avant, une culture qu'on veut dépasser. Ça durera, on est lucide là-dessus, jusqu'à ce qu'au matin suivant – quand il faudra sortir. C'est une aube en soi-même, pourtant, à soi-même. C'est une nuit pleine – de feux amicaux, accueillants, de détours où se poser et de chemins où s'engager. C'est une tranche de cinq ans, que nous restituer cette compilation, qu'elle nous donne à effleurer, imaginer ou nous rappeler.
Bobby Konders, ensuite, passera ailleurs, à autre chose, se fera un nom en concoctant des prod, des riddims tout autres – des sons dancehall, reggae, fabriquées et sorties avec le même souci d'indépendance, d'intégrité dans la démarche comme dans le rendu, le résultat. Des instrus d'un minimalisme plus dur, compact, une autre mécanique – agencements bruts où Beenie Man, Burru Banton, Buju Banton, Mega Banton, Bounty Killers et d'autres poseront souvent leurs premières percées ragga à l'internationale. Une autre histoire... Pour l'instant, le son est chaleur. Pour le moment la musique monte et s'épand, nous traverse et nous absorbe. On n'en voit pas la fin. « Because, This Poem/SHall Be continued... In your mind... ». Qui se garde bien, ici – l'esprit – de déserter le corps, de croire qu'il pourrait subsister sans l'habiter, l'animer, y vivre.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Je ne pousse pas jusque là parce que je trouve malgré tout un petit effet d'accumulation sur la longueur mais je lui remets quand-même une boule, parce qu'à réécoute hors lecture je me dis que ouais, quatre boules c'est un peu pince !
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- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
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