Vous êtes ici › Les groupes / artistesMMütterlein › Bring Down the Flags

Mütterlein › Bring Down the Flags

lp/cd • 6 titres • 41:50 min

  • 1The Descent6:55
  • 2A Mass for It4:01
  • 3Mother of Wrath8:58
  • 4Violence and Misery7:49
  • 5A Mess to Me2:21
  • 6Requiem11:45

informations

Enregistré au studio Diskar Loar. Mixé et masterisé au Studio Kerwax.

Artwork : Dehn Sora.

chronique

La tristesse est nécessaire. Pas un confort, pas une fuite, une posture. Une position dans le vide – hors du vide, contre lui. La terreur ne doit servir que d'impulsion. Il faut faire avec. Il faut voir ce chien noir et famélique, à l'immense queue de serpe. S'en faire un allié. Y voir un ami. Ne pas se croire sorti de là, au-dessus. On n'est jamais sauvée.e. Il y a encore – à marcher, à saisir, à rejeter, à brailler, à étreindre, à éteindre. Il y a encore.

Bring Down the Flags est plus noir, encore, que ne l'était Orphans of the Black Sun, le précédent disque de Mütterlein. Encore plus intensément beau – et plus bardé d'une laideur qui tire, frotte, vous tombe dessus en pluie, grêle de graviers. Des voix synthétiques y flottent. Marion Leclercq y crache à nouveau – davantage – sa voix. Le son, les harmonies, s'y abîment et rejaillissent – mouvements énormes et proches. Le drone s'y étire et engloutit, et flotte, lui aussi – nuage, pollution, poche où aspirer de quoi ne pas suffoquer. C'est un disque plein d'une puissance qui se refuse à la fascination – à se faire hymne et manipulation, je crois. Plein d'une force, plutôt – dont l'objet n'est pas, là encore, de nous enchanter, de combler une attente. On n'attend rien – pas sans savoir que ce qui viendra nous cueillera sur place, nous clouera ou nous arrachera. C'est une musique qui prend – saisit entièrement, de bout en bout, massivement et en détails.

L'électronique, là, modifie l'espace, triture le temps et ses textures – fore des plans de profondeur et modèle des reliefs. Révèle – faisceau violent ou lueur qui effleure. La frappe – cette batterie percussions – tape encore plus nettement. Plus lourde et plus sèche. Ce n'est pas un temple, pas un théâtre. C'est un jeu d'ombres parfois, d'accord – ce sont encore des bouts de nuits et des éclats qui s'articulent. C'est toujours, qui nous parvient, cette forme intègre – multiple, ouverte, qui ne dicte rien mais ne ravale pas. C'est la Mère des Fureurs qui décrit le terrain, le monde où elle chemine – celui aussi où elle ne se montre pas. C'est la misère qui suit les batailles, leur dévastation – et la lucidité qui doit suivre pour continuer, non pas LES continuer mais passer enfin ailleurs, trouver un bout de terre où se tenir et se mouvoir. Tout grince, parfois – l'un ou l'autre point des alentours se brouille, s'obscurcit ou se met à se consumer. On ne reste pas là. On ne se planque pas ailleurs – pas pour toujours, pas par défaut, pas sans penser aux comment être là. On ne sourit pas pour faire la paix – pas à qui vient portant ces guerres stagnées, en devenir, les nommant consensus et s'offusquant dès qu'on les dit Diktats. Pas le temps pour ça – trop l'époque, donc pas le moment.

Abaissons les drapeaux, baissons les pavillons en berne. Ce ne sera pas une défaite, une reddition. Que ce soit une fin de non-recevoir – aux marches militaires, aux refus d'affrontement qui nous tendent des contrats en échange du total abandon. La terre est poudreuse. La terre est grasse. La boue aspire les pas, parfois. À d'autres moments, la poussière mange les cohortes et les silhouettes. On pleurera encore nos morts, nos mortes. On connaîtra encore – par cœur ou furtivement – les traits, les tics, les mensonges et bravades de chacun des tueurs.

Très bon
      
Publiée le mercredi 29 janvier 2025

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Bring Down the Flags" en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Bring Down the Flags".

notes

Note moyenne        7 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "Bring Down the Flags".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Bring Down the Flags".

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

En concert, t'as l'impression de voir The Cure en 82. Encore plus qu'avec Kill the Thrill, genre.

Note donnée au disque :