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Mütterlein › Bring Down the Flags
- 2021 • Debemur Morti Productions DMP0213 • 1 LP 33 tours
lp/cd • 6 titres • 41:50 min
- 1The Descent6:55
- 2A Mass for It4:01
- 3Mother of Wrath8:58
- 4Violence and Misery7:49
- 5A Mess to Me2:21
- 6Requiem11:45
informations
Enregistré au studio Diskar Loar. Mixé et masterisé au Studio Kerwax.
Artwork : Dehn Sora.
line up
chronique
La tristesse est nécessaire. Pas un confort, pas une fuite, une posture. Une position dans le vide – hors du vide, contre lui. La terreur ne doit servir que d'impulsion. Il faut faire avec. Il faut voir ce chien noir et famélique, à l'immense queue de serpe. S'en faire un allié. Y voir un ami. Ne pas se croire sorti de là, au-dessus. On n'est jamais sauvée.e. Il y a encore – à marcher, à saisir, à rejeter, à brailler, à étreindre, à éteindre. Il y a encore.
Bring Down the Flags est plus noir, encore, que ne l'était Orphans of the Black Sun, le précédent disque de Mütterlein. Encore plus intensément beau – et plus bardé d'une laideur qui tire, frotte, vous tombe dessus en pluie, grêle de graviers. Des voix synthétiques y flottent. Marion Leclercq y crache à nouveau – davantage – sa voix. Le son, les harmonies, s'y abîment et rejaillissent – mouvements énormes et proches. Le drone s'y étire et engloutit, et flotte, lui aussi – nuage, pollution, poche où aspirer de quoi ne pas suffoquer. C'est un disque plein d'une puissance qui se refuse à la fascination – à se faire hymne et manipulation, je crois. Plein d'une force, plutôt – dont l'objet n'est pas, là encore, de nous enchanter, de combler une attente. On n'attend rien – pas sans savoir que ce qui viendra nous cueillera sur place, nous clouera ou nous arrachera. C'est une musique qui prend – saisit entièrement, de bout en bout, massivement et en détails.
L'électronique, là, modifie l'espace, triture le temps et ses textures – fore des plans de profondeur et modèle des reliefs. Révèle – faisceau violent ou lueur qui effleure. La frappe – cette batterie percussions – tape encore plus nettement. Plus lourde et plus sèche. Ce n'est pas un temple, pas un théâtre. C'est un jeu d'ombres parfois, d'accord – ce sont encore des bouts de nuits et des éclats qui s'articulent. C'est toujours, qui nous parvient, cette forme intègre – multiple, ouverte, qui ne dicte rien mais ne ravale pas. C'est la Mère des Fureurs qui décrit le terrain, le monde où elle chemine – celui aussi où elle ne se montre pas. C'est la misère qui suit les batailles, leur dévastation – et la lucidité qui doit suivre pour continuer, non pas LES continuer mais passer enfin ailleurs, trouver un bout de terre où se tenir et se mouvoir. Tout grince, parfois – l'un ou l'autre point des alentours se brouille, s'obscurcit ou se met à se consumer. On ne reste pas là. On ne se planque pas ailleurs – pas pour toujours, pas par défaut, pas sans penser aux comment être là. On ne sourit pas pour faire la paix – pas à qui vient portant ces guerres stagnées, en devenir, les nommant consensus et s'offusquant dès qu'on les dit Diktats. Pas le temps pour ça – trop l'époque, donc pas le moment.
Abaissons les drapeaux, baissons les pavillons en berne. Ce ne sera pas une défaite, une reddition. Que ce soit une fin de non-recevoir – aux marches militaires, aux refus d'affrontement qui nous tendent des contrats en échange du total abandon. La terre est poudreuse. La terre est grasse. La boue aspire les pas, parfois. À d'autres moments, la poussière mange les cohortes et les silhouettes. On pleurera encore nos morts, nos mortes. On connaîtra encore – par cœur ou furtivement – les traits, les tics, les mensonges et bravades de chacun des tueurs.
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commentaires
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- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
En concert, t'as l'impression de voir The Cure en 82. Encore plus qu'avec Kill the Thrill, genre.
- Note donnée au disque :