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Carol of harvest › Carol of harvest
- 2007 • Guerssen Records GUESS037 • 1 LP 33 tours
lp • 5 titres • 39:33 min
- 1Put on your nightcap
- 2You and me
- 3Somewhere at the end of the rainbow
- 4Treary eyes
- 5Try a little bit
informations
Brutkasten, Nuremberg, avril/mai 1978.
line up
Beate Krause (chant), Axel Schmierer (guitares), Jurgen Kolb (claviers), Roger Hogn (batterie), Heinz Reinschlussel (basse)
chronique
« A song of the good green grass, a song no more of the city streets, a song of farms, a song of the soil of fields”.
En Allemagne, en 78, on avait aussi nos partisans du Larzac. Mêmes moustaches, mêmes yeux rougis par le froid (C’est bien ça hein ?) il n’y a finalement que les revendications qui diffèrent un peu : emportés par leur héritage romantique, voici un disque qui vient vous parler d’arcs en ciels, d’yeux qui brillent, de cape de nuit et d’étoiles qui scintillent. Le monde est beau, même avec les mains caleuses et le cul crotteux. Et c’est vrai, quoi de plus émotionnel que le vent soufflant l’hiver sur une terre en jachère, peuplée de quelques taupes et rapaces immobiles.
Evidemment, époque oblige, tout ce beau monde se réunit en collectif, et travaille ses morceaux en espérant changer le monde à chaque accord. Et si, soyons honnête, mes mains sont restées à peu près propres après chaque écoute, on conserve là un sérieux challenger dans le top 10 des albums de rock/folk progressif de l’époque.
Ca ne tient d’ailleurs finalement pas à grand-chose un chef d’œuvre, ici : la voix de Beate Krause. 16 ans sur ce disque et complètement habitée. Elle transforme chaque instant, illumine chaque parcelle de terre, chauffe nos oreilles. Sa voix, mi classique mi juvénile, recouvre le disque comme ce petit plaid bien chaud que je vous conseille à l’écoute de cet album (la tête de l’être cher et tendre pouvant tout à fait reposer sur vos épaules, c’est naturel). On l’imagine danser, tournoyer dans sa belle robe blanche, belle et heureuse. C’est beau cette joie adolescente, comme si rien ne pouvait l’empêcher, et surtout pas par le sarcasme du monde ogre qui pousse de tous bords déjà.
Pourtant, on évite la mièvrerie, de justesse parfois, mais toujours avec talent. A vouloir aller à l’essentiel tout en usant des bons arrangements, Carol Of Harvest évite l’effet allemand (Eloy ? Qui a dit Eloy ?). Vous savez, cette forêt noire écœurante bourrée de sucres, ils ont jamais été super délicats en la matière ces gens là. Et pourtant ici, tout est fin, doux et amené naturellement.
En témoigne le courageux opener « Put on your nightcap », assurément le morceau le plus mémorable de l’album, avec ses différentes parties évoquant tour à tour Led Zep’, Camel, Comus,mais avec constamment ce sens de la mélodie pure et directe, froide et lumineuse comme un matin d’été. Ce simple morceau rappelle d’ailleurs à quel point le post rock n’a rien inventé : les ponts, les breaks, les cassures progressives, les solos aux crescendos flamboyants, tout est là, avec une classe qui force la moustache.
On passera volontiers sur les deux acoustiques, finalement un peu fillers présentant néanmoins la possibilité d’une petite respiration (ou bien le temps de refaire chauffer son thé à la camomille fort approprié) surtout avant l’arrivée de ce « Somewhere » dreamy à souhait. Comment ne pas dodeliner bêtement de la tête à attendre son tour de joint en écoutant la belle Beate (le premier qui rit…) marteler « The sky keeps falling on my head » ? C’est beau, on en redemande, et le groupe n’hésite pas à y répondre, avec toujours cette classe, ce numéro d’équilibriste entre conviction et détachement, entre niaiserie et respect pur d’une nature portée en reine de cérémonie.
En cela, on se rapproche nettement déjà de toute cette palanquée de groupes made in Prophecy (on reste en germanie, c’est une manie) à la vocation toute romantique : créer l’émotion par l’immobilisme, par des images simples de moments froids/chauds, et très franchement, en 1978, Carol Of Harvest ils trustaient déjà le game. D’ailleurs, en dehors des claviers très datés de l’époque, rien ne permettrait de dater le disque précisément, ni sur son origine géographique d’ailleurs. Les guitares avec ce chorus légers, les solos en penta mineures, les montées de batterie, les arpèges sur fond de blizzard, purée tout était là, sous nos oreilles, et déjà avec un côté définitif. Quand Beate chante « Close to the edge of the world”, on se tait.
Et malheureusement à l’époque, l’album n’a pas été bien compris. Manque de code peut être ? Ni vraiment folk, ni vraiment prog,’, le disque a eu beaucoup de mal à trouver son public, amenant à un split peu de temps à peu près. Dieu merci, les archivistes de chez Guerssen puis de Elayas ont permis à un public actuel d’accueillir avec honneur cette pépite que seule cette décennie magique a su nous produire. Essentiel.
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commentaires
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- pokemonslaughter › Envoyez un message privé àpokemonslaughter
ça jouait clairement pieds nus !
- Note donnée au disque :
- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan
Je vais creuser, assurément...Comme tu le dis si bien, c'est fou comme ça sonne contemporain et que ça préfigure tant de choses d'aujourd'hui, avec une pureté naïve bien plus belle encore...