L’ancien, le spirituel, plus l’urbanisme grandit, plus c’est hype… Sauf que dans certains coins, ça n’a jamais réellement disparu alors quand trois dames férues de langue gallois et de sorcellerie fondent un groupe, il y a de quoi avoir envie d’y jeter une oreille. Le trio s’appelle Tristwch y Fenywood (‘The sadness of women’), pratique une drôle de musique rituelle qui ne cherche pas à sonner authentique plutôt à retransmettre une essence intemporelle. Rythmique tambour, claquements secs, cithare aux cordes tremblantes, atmosphères de sabbat, chants féminins… L’amorce du disque est mystique mais accueillante, comme un cercle qui s’ouvre dans une clairière pour y accueillir les danseur/euses. Une fois le coven réuni, les atmosphères vont alterner entre l’invocation, un début de transe, avec des voix spirituelles, jamais trop éthérées, une grande qualité. Au moment où la formule pourrait commencer à lasser, le temps se noircit d’un coup. ‘Gelain Görs’ sonne d’emblée plus glauque dans sa rythmique plombée (genre 'Figurehead' des Cure) et au fur et à mesure que progresse le morceau, le chant se mue en hurlement, les cordes aiguës tremblent comme des fétus balancés par la tempête. La forêt n’est plus un refuge, plus un lieu d’insouciance, les forces néfastes sont en chasse. ‘Awen’ plus atmosphérique ne dissipe nullement la menace, elle renforce l’impression de fragilité de l'être humain. Quand à l’ultime morceau, il se termine sur une ultime violence des instruments. On ne badine pas impunément avec les esprits millénaires. Cette forme authentique et pure de spiritualité passée au filtre gothique, enrichie des sonorités de cette étrange idiome qu’est le gallois convergent vers une atmosphère unique et réellement prenante, la wicca dans sa forme musicale, riche et remuante. Une formule qui risque de vite montrer ses limites mais qui sur cet opus rafraîchissant dégage son plein potentiel et le fait que le premier tirage ait été sold out rapidement n’a rien d’un hasard.