Aurat avaient de base un certain nombre d’atouts pour titiller l’attention des auditeurs, à commencer par la chanteuse pakistano-américaine interprétant en ourdou mais au delà de l’aspect exotique, ce groupe a effectivement bien des chose à offrir. Après s’être fait les dents sur format K7 affirmant une forme particulière de dark wave froide aux lointaines influences orientales plutôt originale, le combo confirme et explose sur son troisième album. Pour résumer je parlerais d’une version gothique de D.A.F. avec chant féminin. A l’heure où la dark wave pullule sous toutes ses formes y compris les plus insipides, Aurat offrent un son qui claque s’inspirant carrément d’une forme d’EBM 80’s tel que le proposaient Front 242, D.A.F. et même Nitzer Ebb (version soft); les sonorités sont rêches, le beat claquant, le chant faisant le reste. ‘Can you hear me ?’ en témoigne d’emblée: nappes d’intro au papier de verre, une rythmique constituée à partir de deux bribes de voix qui installe un tempo martial de salle de sport sur lequel se greffe une boîte pugnace pour renforcer. Sauf qu’avec Azeka Kamal derrière le micro, c’est une touche Siouxsienne qui s’invite à la fête et que quelques injections de punk indus plus tard (‘Wagt | Saach’), les cartes sont définitivement brouillées, pour notre plus grande joie. Danse sauvage et tribale pour dancefloor optant pour l’âpreté plutôt que la froideur, ce qui rend l’ambiance plus agressive et puissante. Outre le remarquable travail de sélection des sonorités et de production, celui effectué sur la voix est notable aussi: quelques petites pointes d’échos, d’effets au moment adéquat et l’ambiance s’en trouve renforcée (‘Shame’). Si le mvtant remix de ‘Can you hear me ?’ (bien que pas mauvais) n’était pas essentiel, rien à jeter sur disque enchaînant les tubes. Rien d’aseptisé ici, pas de mouvements fantômes sous des néons froids, on remue sauvagement à la lueur de braseros dans un sous-sol industriel avec des chaînes pendant du plafond. Dieu que c’est rafraichissant ! Avec Aurat, clairement, on tient un truc à part qui a parfaitement digéré ses influences pour y injecter sa dose de spécificité personnelle; les fans d’EBM et de musique gothique s’y retrouveront sans distinction.