Beastie Boys › Beastie Boys Anthology: The Sounds of Science

Les Beastie Boys, parangons du dilettantisme musical au sens le plus noble du terme, ne pouvaient sortir une bête compilation de tubes. Ils le feront en 2005 avec Solid Gold Hits, disque sur lequel il n’y a rien à dire. En revanche dans cette anthologie intitulée The Sounds of Science, à la pochette qui donne la petite larmichette quand on pense à MCA, les Beastie ont décidé de bourrer les CD avec plus de deux heures de musique qui résument le joyeux bordel d’une carrière riche en dérapages contrôlés et tentatives de suicide commercial.

D’abord les tubes. Ils y sont, on les connaît, il les fallait (quoique…). Mais en 1999, avant les rééditions farcies de face-B et autres raretés, comment écouter Soba Violence ou Dub the Mic ? Cette anthologie est donc composée pour moitié de titres hors album, face-B, remixes voire d’inédits. Les Beastie Boys assument tout : les premiers tubes qui font aujourd’hui un peu tache (pas de Girls ici, tout de même) et les blagues qu’ils n’hésitent pas à faire durer : deux extraits de l’album parodique Country Mike, Benny & the Jets repris par Biz Markie qui chante comme une gamelle trouée, la ballade débilos Netty’s Girl, le grotesque Boomin’ Granny. Ils osent même ouvrir cette anthologie par un titre du tout premier EP hardcore alors qu’ils auraient pu balancer la roquette Intergalactic. Au milieu de ces ajouts parfois déstabilisants, ils placent des pépites d’inédits : le sobre et émouvant Live Wire dédié à Dave Scilken, la douce Twenty Questions qui répond au I Don’t Know sur Hello Nasty, le jubilatoire remix de Body Movin’ par Fatboy Slim, la version single de Jimmy James avec les vrais samples payés et blanchis, des extraits de l’excellent mini-album hardcore Aglio e Olio etc. N’en jetez plus, voilà comment on fait une bonne compilation ! Encore faut-il en avoir le matériau et il est largement possible de sortir un second volume tant est riche la discographie des Beastie. L’œuvre ne serait pas complète sans un bon livret. Chaque titre fait l’objet d’une présentation assez substantielle par un membre du groupe : anecdotes, contexte et point trop de délires abscons qu’ils versent habituellement en interview.

Vingt-cinq ans plus tard, j’ai évidemment tous les morceaux des Beastie Boys en stock ainsi qu’une flopée de live et je fais mes petites compilations maison mais cette anthologie a été précieuse dans un temps où je guettais simplement les bacs soldés à Gibert pour chopper Check Your Head. The Sounds of Science est un superbe disque qui démontre tout le potentiel créatif, jusqu’à l’absurde, d’un groupe unique qui nous manque beaucoup.