Dave Phillips/ Eupynos › Extraordinary popular delusions and the madness of crowds

Grindcore, metal, indus… Dave Phillips aime la radicalité du son dans toutes ses déclinaisons. Ancien membre de Messiah, ce Zurichois m’a fait de l’oeil avec sa split tape à la pochette aguicheuse de par l'artwork. Le texte déjà mais aussi son inscription sur le fourreau de la K7; c’est simple mais hyper classe. Lui-même nous propose une pièce construite sur une boucle symphonique menaçante, basse, lente, refroidie de notes de piano éparses, régulièrement coupée par des bruits secs, des coups de percussions, s’enrichissant de bruitages fugaces au fur et à mesure de la progression, comme dans un long couloir mal éclairé: grincements de plancher, tintements de metal, sifflements stridents, gémissements suggestifs… On croit monter vers un paroxysme de violence et d’obscurité mais voilà que soudain s’y mêlent des caquètements de poulets… Incongrus ? Pas vraiment, la finesse du travail de l’artiste tend vers un équilibre où l’on ne sait plus qui de l’homme ou de la basse-cour règne encore dans ce couloir (car vraiment, c’est l’impression qui s’en dégage, une sorte d'‘escape room’ où l’on tâtonne dans le noir)… Chaque son parait plus sec, plus dur alors que les caquètements se font davantage présents. l’angoisse sourd, se dévoile omniprésente. Colin-maillard macabre, snuff, où nous emmène ceci ? Un dernier coup, sans explication qui, sur la version téléchargement, enchaîne merveilleusement sur l’autre face, de la même durée (presque 15 minutes), par le projet transalpin Eupynos… On conserve la trame basse mais avec des impressions organiques, souffle, bruits de pluie, grincements dont on abaisse les fréquences… De fait, les Transalpins vont travailler d’avantage à l’articulation d’un drone et à son évolution progressive à base de bruitages divers conférant à la musique un décor de grotte souterraine. Le traitement du son est remarquable mais j’avoue que le schéma ‘rythmique’ mis en place par le Suisse me touche davantage. Plus précis et horloger sans doute mais c’est ce qui lui confère cette aura plus angoissante qui rend trouble l’ironie des bruits de basse-cour. Du bel ouvrage expérimental sans gratuité facile, les sonorités en constante variation rendant l'écoute intéressante de A à Z et un bel objet d’exposition pour la K7…