Deep Purple › =1

En 2022, quelques mois après la sortie de l'album de reprises "Turning to crime", le groupe est frappé par un drame personnel. La femme de Steve Morse a été diagnostiquée d'un cancer, de ce fait, le guitariste américain s'est retiré du groupe, d'abord provisoirement puis de manière permanente, pour être au près de son épouse dans ces moments très difficiles (elle décédera hélas deux ans plus tard). Le guitariste sera quand même resté au sein de la formation pendant près de 30 ans et la formation n'aura pas connu de changement de personnel pendant la durée record de 19 ans ! Alors qu'on aurait pu penser que cela allait signifier la fin du groupe, les quatre rescapés ont recruté un nouveau guitariste, Simon McBride, qui avait l'habitude de jouer dans le groupe solo de Don Airey. Après une tournée de près de deux ans avec ce remplaçant, les voilà de retour en studio pour en sortir avec ce 23ème album studio ! A nouveau, le groupe nous a trouvé un nom à coucher dehors pour cet album, un énigmatique "=1". Dernièrement, le groupe nous a surtout sorti du classic rock convenu, admirablement bien interprété mais sans prises de risques et, il faut l'avouer, assez peu inspiré. Les critiques, comme pour presque chacun de leurs derniers albums, étaient plutôt positives, décrivant un groupe toujours vivant en studio. Je restais sur mes réserves au moment des premières écoutes. Pourtant, il faut être honnête, oui, l'album est bon. Vraiment. Steve Morse a toujours été un bon guitariste mais j'ai toujours trouvé que son style n'était pas super bien adapté au style rock pêchu de ce qu'est (ou devrait être…) Deep Purple. Et même si les raisons de son départ sont bien tristes, d'un point de vue purement musical, je le trouve bénéfique. Simon McBride a un style plus énergique et purement rock/hard rock. Le résultat, c'est un disque mieux écrit avec des morceaux entraînants, ne manquant pas de punch. Je trouve que le groupe est en pleine cure de jouvence. Le rythme global est plus enlevé que par le passé, c'est plus rapide, énergique, on se rapproche du hard rock plutôt que du classic rock et les compositions sont bonnes. "Portable door", "Lazy sod", "Now you're talkin'", "Pictures of you" ou "Show me" sont autant de morceaux qui tiennent la route et qui font taper du pied. Là où sur les précédents albums, le rythme général était plutôt poussif, là, on revient à de l'efficacité. "I'm saying nothin'" ou "I'll catch you" ont, de leur côté, un p'tit côté atmosphérique vraiment cool aussi, rappelant certains Bowie du début des années 2000, et qui donne une bonne diversité à l'ensemble. Autre point positif du disque, il ne baisse pas en intensité et reste bon jusqu'à la dernière seconde avec de bonnes évolutions de morceaux, du rythme et de belles parties mélodiques et montées en puissance. Je ne dis pas que c'est l'album de l'année, loin de là, mais il est largement écoutable et à part l'admirable "Rapture of the deep" de 2005, il s'agit facilement du meilleur Deep Purple depuis "Perfect strangers" de 1984, il y a quand même 40 ans ! Cela permet une petite mise en perspective de ce cru 2024 vraiment sympa. Je ne sais pas jusqu'à quel point cette nouvelle recrue a eu un impact sur l'écriture des morceaux (tous crédités du groupe + leur producteur de longue date Bob Ezrin), sur l'enregistrement et l'interprétation mais n'empêche que le résultat est là, cet "=1" est un bon album de Deep Purple qui permet de redorer la fin de carrière du groupe. Voilà enfin un disque du niveau de ce qu'un groupe comme Deep Purple doit sortir. J'aime souvent suivre les grands groupes dans leurs fins de carrière (que ce soit, Judas Priest, Ozzy Osbourne, Iron Maiden et tant d'autres) et j'ai toujours trouvé que Deep Purple restait en retrait et vieillissait mal. Avec ce disque, Deep Purple remonte la barre.