Joanna Lacher › Królowa Lasu

Cela doit commencer à se voir que je suis obsédé par l’univers de dark fantasy créé par Andrzej Sapkowski, alias celui du « Sorceleur », comme on l’a traduit en français. Une des raisons de ma passion pour son meilleur épisode, le troisième (pour l’instant…), c’est la musique. Le studio polonais CD Projekt avait employé, entre autres, des musiciens de folk imprégnés de la culture d’Europe centrale comme Percival. Dans ce groupe, qui utilise notamment tous ces instruments à cordes qu’on entend dans le jeu, comme le rebec, la lyre ou le saz, on trouvait à un moment donné cette chanteuse polonaise Joanna Lacher. Elle ne s’est pas limitée à la folk, loin de là, comme on va s’en rendre compte dans cet album, qui semble vouloir nous montrer l’étendue de ses goûts musicaux : de la folk modernisée, du downtempo, de choses ressemblant à du trip hop ou de l'ambient, sur lesquelles elle va poser de récentes ou antiques rengaines en polonais (et rarement en anglais), des morceaux méditatifs ou plus agressifs, où le sythétique et l'acoustique se mêlent sans vraiment de faute de goût. Et peut-être aurions-nous pu l’entendre un peu plus sa voix quand elle s'énerve vraiment, elle prend une sonorité vraiment particulière, notamment quand elle se transforme en une sorte de sirène en mode « j’ai faim, bordel ». Pour se faire une idée, si vous avez joué à "The Witcher 3", il s’agit par exemple du morceau "The Song of the Sword-Dancer", où l’on a l’impression qu’une chamane ultra-bourrée vous engueule pendant que vous essayez de vous dépêtrer avec le énième nid de nekkers ou de brumelins insupportables. Sur cet album, on retrouve donc ces cris et sa voix plus douce, accompagnés de musiques tantôt très acoustiques, tantôt proches de l’ambiance boîte de nuit, ou encore évoquant une descente sur une plage de Goa (ou dans un magasin de tapis de yoga où tout le monde aurait pris... des excitants). En tout cas, chez moi, ça passe tout seul. Cela dépoussière un genre, un peu comme "Dead Can Dance" l’avait fait il y a longtemps, avec cette différence qu’on s’éloigne enfin un peu de l’omniprésence du monde anglo-saxon, ce convive qui veut absolument s’incruster dans toutes les conversations pour montrer que les autres n’ont rien compris. Ici, même si je ne comprends pas tout, ça me fait du bien de ne plus avoir à subir de l’anglais à tout bout de champ. Les sonorités de ces instruments, qu’ils soient acoustiques ou électroniques, me bercent et me réchauffent le ventre. Alors, oui, je suis content, qu’est-ce que vous voulez ! Je suis content.