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Ulcerate › Shrines of Paralysis

cd 1 • 8 titres • 57:45 min

  • 1Abrogation
  • 2Yield to Naught
  • 3There Are No Saviours
  • 4Shrines of Paralysis
  • 5Bow to Spite
  • 6Chasm of Fire
  • 7Extinguished Light
  • 8End the Hope

informations

line up

Paul Kelland (voix, basse), Michael Hoggard (guitares), Jamie Saint Merat (batterie, percussions)

chronique

Les néo-zélandeath Ulcerate font partie de ces groupes tellement épais, massifs, qu'on ne les aborde jamais sans se sentir déjà repu de leur musique. Assommé d'avance. Rien qu'à penser à ces montagnes aux cavités carnivores, à ces catacombes en réseau complexe, à ces musiciens investis un peu trop à fond dans leur musique, au fond, j'en ai la joie de vivre qui s'effrite comme une meringue de Silent Hill... mais il le faut. Oui, je dois y retourner, épuisé mais obnubilé, rendre compte de l'impeccable et implacable monstruosité. La laisser me lester. M'écraser l'humeur. Causer de cet essentiel du death-metal, au sens large, universel, qui agglomère tout ce qui fait l'aspect inhumain, surhumain et radicalement impressionnant de cette musique, davantage que son aspect rototo-grotesque. "Bigger than life"... Death, en somme.

L'aspect uniformément extrême de Shrines of Paralysis, et pourtant toujours changeant, mouvant, avec peu d'espaces pour respirer, tissé de craquelures peu enclines à laisser passer la lumière (est-ce pour cela qu'on semble y voir encore moins clair que sur les albums précédents ?), c'est aussi ça qui fait l'expérience d'un tel album. Il y a même une forme de beauté et d'onirisme qui se dégage de toute cette énergie noire dégueulant trillion de motifs maladifs. Comme de cette difforme pochette poétiquement morbide, pleine de rouge sang-caillot de sang-vin rouge-meurette, où se confondent la chair et l'os, les veines et les fleuves, les nerfs et les ravins... Je vous l'assure, je l'ai vue, cette beauté. Je l'ai perçue à travers les assauts de ce son à la fois immense et hyper-compact (trois musiciens, pour de vrai ?) Dans ce growl en trou noir, ce grunt des Limbes et des lunes lointaines. Dans les riffs en thrombus scélérats, dans leur dissonance architecturale, l'édifice percussif colossal de Saint Merat, les astres morts en chique juteuse, mâchés par les soli qui n'en sont peut-être plus exactement à ce stade métastatique. Dans des enclaves comme la radioactive "Bow to Spite", qui en même pas deux minutes chrono pèse cent fois plus que tant de morceaux technico-prog-death en durant dix. Dans cette maîtrise magistrale de la texture mate et organico-rocheuse des guitares, entre le gorgutsien, et le neurosien (le titre éponyme, "Chasm of Fire"). Deathespérement gigantesque, tranquillement hallucinatoire : Ulcerate pèse plus qu'un sacré paqueton de formations. Avec leur rigueur de bouchers de l'Étoile de la Mort, ils expriment une aberration grandiose. Un son fascinant, tassé et immense, sensuellement black-metal par moments (la sublime "There Are No Saviours"), truffés de meurtrissures, de mélodies sans cesse oblitérées par cet appétit infini pour le monstrueux. Un son la fois en perpétuel écrasement sur lui-même et en expansion autour de l'auditeur, simple agglomérat d'atomes, qui sera emporté et disséminé par le grand flux.

Taillé pour moult écoutes fiévreuses, qui ne feront qu'en révéler les recoins secrets, harmonies cryptées. La grandeur sans symphonie, le sens de l'épique sans larmes, mais une émotion réelle dans l'hénaurme amas ("There are no Saviours"). Comme le regard dépité d'un Titan résigné à broyer une énième multitude grouillante, parce qu'il a été programmé pour ça par encore plus gros que lui. Oui, il se dégage de cet ultime Ulcerate une profonde tristesse. La tristesse des destructeurs, des forces de l'univers condamnées à la solitude. Des singularités gravitationnelles qui ne peuvent qu'absorber tout ce qui les approche... Le métal de la mort, le son trop grand de la Fatalité. L'univers est un anévrisme, qui peut rompre à chaque instant. Alors savourons Shrines of Paralysis, dans toute sa grandeur grondante. Dans sa densité de charnier cosmique, où se confondent la matière et les ombres.

Très bon
      
Publiée le jeudi 5 décembre 2024

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    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    Blood Angels

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Oui et de la tapenade de cadavres piétinés en fin de bataille. Arrosée d'une pluie de fin des temps bien tuilée. Ça se déguste sans fin, en somme !

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    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    Difficile de pas avoir la sensation de patauger avec une grosse cuiller en bois dans une boue de sang, avec lui. J'ai des images d'hécatombe, au sens premier, depuis le début. Des grosses cornes, des kilolitres de raisiné, du garum, du vin épicé... Les couleurs de la pochette font mouche.

    Message édité le 06-12-2024 à 11:03 par born to gulo

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Sinon tu causes de boudin noir pour DoA, et c'est drôle car pour celui-ci j'avais "figatellu" dans mes notes. Ce death charrie vraiment des arômes de sang confit. Un degré de raffinement supérieur aux tripes et à la barbaque crue.

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    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    ... scar Capac, j'ai vu après, oui.

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