Vous êtes ici › Les groupes / artistes › C › Compilations - Bandes originales de films › Downtown 81
Compilations - Bandes originales de films › Downtown 81
cd • 20 titres • 69:56 min
- 1Gray – So Far So Real1:06
- 2Coati Mundi feat. Kid Creole & the Coconuts – K Pasa-Pop I7:00
- 3Tuxedomoon – Desire4:44
- 4Liquid Liquid – Cavern2:33
- 5DNA – Blonde Redhead1:42
- 6James White & the Blacks – Sax Maniac5:10
- 7The Lounge Lizards – I'm a Doggy3:29
- 8James White & the Blacks – Contort Yourself4:51
- 9Gray – Drum Mode3:22
- 10Lydia Lunch – The Closet2:51
- 11Coati Mundi feat. Jean-Michel Basquiat – Palabras Con Ritmo4:36
- 12The Lounge Lizards - Bob the Bob2:06
- 13Pablo Calogero – Tangita3:30
- 14Kid Creole & the Coconuts – Mr. Softee4:02
- 15Suicide – Cheree3:41
- 16DNA – Detached1:29
- 17Chris Stein – 15 Minutes0:46
- 18The Plastics – Copy3:09
- 19Walter Steding and the Dragon People – New Day3:19
- 20Rammelzee vs. K-Rob – Beat Bop6:12
informations
line up
Pablo Calogero, DNA, The Lounge Lizards, Lydia Lunch, Chris Stein, Suicide, Tuxedomoon, Gray, Coati Mundi, Kid Creole & the Coconuts, Liquid Liquid, James White & the Blacks, Jean-Michel Basquiat, Plastics, Walter Steding and the Dragon People, Rammelzee vs. K-Rob
chronique
Ah, ce film ! Il faut le voir. Pas pour l'intrigue, non – on s'en fout, c'est fait pour qu'on s'en foute et d'ailleurs il n'y en a pas. Jean-Michel Basquiat dans New York. Le groupe de Jean-Michel Basquiat se fait tirer son matériel devant la salle de répète alors qu'il a un concert programmé le soir d'après (ou le soir même, j'ai oublié... On s'en fout, on a dit). Jean-Michel cherche le matos. Il serre la pogne d'Arto Lindsay parti crier et convulser avec DNA ; on se croise, dans ces rues. Basquiat va chez des riches, tague au feutre une photo sur un catalogue d'expo (de Man Ray il me semble) et demande un gros chèque pour le ready-made. Jean-Michel/Basquiat/Samo ne trouve toujours pas le matos mais finalement il cherche une meuf, croisée chez les riches. Il va de bloc-party en concert.
Et donc : il faut voir ce film parce que c'est un foutu voyage à la vitesse de cette époque là, de cet espace-temps – New York et ses scènes et non-scènes au basculement de la décennie (70/80). No Wave – pas pour contrer la new-wave ni parce qu'on n'est rien mais parce qu'on ne va pas s'affilier, qu'on se définit par ce NON ; hip-hop/rap encore sommaire, encore brut de funk et paré disco ; Étrangers en balade, en travail dans les studios... Tout se télescope et se croise, tout le monde se salue. Les gens se volent des trucs – pas que des amplis, donc. Mais aussi des amplis. Et aussi des couleurs. Et aussi des idées. Et aussi des plans – et toutes et tous s'échangent et se refourguent tous ces machins. Le groove se crispe et les punks se décoincent. Il fait sale et froid ou trop chaud dans les bars, les clubs, il fait strass et champagne dans les appart hauts sous plafonds. La coke ? Sans doute, sans aucun doute. La tension, l'envie, la joie, la sensation de l'impasse, l'intuition de ce qui se trouverait, s'inventerait derrière, entre les murs.
Et ce disque – ces extraits de la B.O. – rendent bien, laissent deviner cette ambiance, en lâche une part restante, dans l'air du lieu où on l'écoute. L'objet est bricolé, aussi – comme le film lui-même, d'ailleurs, complété vingt ans après qu'un certain Edo Bertoglio l'ait tourné par une voix off autant psycho-géographique que tout le reste (et qui est celle de Saul Williams)... Pour le disque, donc : la tracklist mélange versions effectivement entendues dans le disque, pistes qui sans doute ne fond qu'y passer en fond ; classiques en réalité plus « cultes » qu'autre chose (Cavern de Liquid Liquid – pillé par Grandmaster and Melle Mel pour concocter leur White Lines (Don(t Do It) quelques années plus tard) ; versions parallèles – comme issues d'un MONDE parallèle – de chansons connues autrement (cette prise crue du Desire de Tuxedomoon, qu'on voit d'ailleurs le groupe enregistrer en studio, dans le film, le vocaliste tirant des cartons au hasard dans une corbeille et lisant ce qui est inscrit, façon cadavre-exquis...) ; versions live allumées (le Sax Maniac de James White and the Blacks – qui pour l'occasion sont effectivement moins blanc-becs qu'à l'accoutumée, puisqu'à l'écran on y voit jouer à peu près l'intégralité des membres de Defunkt). Le jazz des Lounge Lizards est faussé, faux, bizarre, simili – « NO », lui aussi. La soul-funk-latino de Kid Creole and the Coconuts crame fort comme une sorte de free-rock, de psycho-wave. Lydia Lunch est... Lydia Lunch. L'un des gars de chez Kid Creole, justement, embarque Basquiat soi-même, tiens, pour un espèce de spoken-word, de talking-blues, slam extatique et tranquillement euphorique – et c'est magnifique, ce Palabras Con Ritmos de petit matin frais. Ikue Mori – de DNA – fait la gueule et cause monosyllabes... Mais sa machine roule, et ça aussi c'est fantastique – de sécheresse et de propulsion, de force motrice imperturbable. Jean-Michel s'appelle Jean, au fait, là-dedans. Une voix au début nous dit que tout n'est pas vrai mais que tout n'est pas faux, que tout est... Magique. (C'est Debby, tiens, la voix, si j'ai bonne mémoire – Harry, bien sûr, celle de Blondie). Suicide, aussi, c'est magique, ici – Cheree, Cheree, o Ba-Eï-biii... C'est authentiquement touchant, dans l'aube gelée, polluée.
Il manque quelques bricoles, aussi, sans doute pour des questions de droits, sur le disque. Cette version incroyable du Cocaine In My Brain de Dillinger, surtout, qui revient plusieurs fois dans le film. Tant pis. Au moins il n'y a rien de trop. Puis il y a les Plastics, aussi – groupe japonais de New Wave cintrée, qui inventaient le Raidisseur de Devo vingt ans avant Polysics... Et des bizarreries oniriques/cauchemardesques, des moments cabrés, des trous de perception et des instants illuminés. Je vous laisse piocher, lire la liste. Je vous laisse y aller, ça se trouve sans trop de difficulté.
Et il faut voir le film. Et on s'en fout, de la fin – enfin, elle est marrante, à l'arrache comme il faut, comme le reste. Belle et con pareil. Et tout ce qui précède n'arrivera plus ailleurs. (Il faut regarder ce film, et puis faire d'autres choses).
dernières écoutes
Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Downtown 81" en ce moment.
tags
Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Downtown 81".
notes
Note moyenne 1 vote
Connectez-vous ajouter une note sur "Downtown 81".
commentaires
Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Downtown 81".
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Ah ! Et au fait, c'est vrai que dans Gray, il y a eu à un moment V. Gallo mais pour préciser, Basquiat lui-même a fait parti du groupe, ce qui explique sans doute en grande partie pourquoi ça se retrouve dans le film et la sélection ! J'avais évidemment découvert le groupe via cette bande-son, d'ailleurs... Et à ma connaissance ils n'ont rien sorti officiellement à l'époque - mais des membres survivants ont édité une anthologie, Shades Of, en 2010, avec un album "micro-tiré" à l'époque, si j'ai bien compris, plus des inédits et des remixes.
Message édité le 27-11-2024 à 16:32 par dioneo
- Note donnée au disque :
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Il fait mieux que juste "complémenter" le film, en tout cas ! Puis bon, bien sûr, de manière générale on écoute plus souvent un disque qu'on se revoit un film (enfin... chez moi c'est comme ça, toujours). Mais j'aime bien aussi retrouver sur l'un - dans un sens ou l'autre - ce qui manque sur/dans l'autre. (Je l'avais vu en salle à sa sortie en 2001, aussi... Je pense que ça doit jouer - d'autant que c'étaient mes premiers temps de vie parisienne etc., j'étais dans le bon état d'esprit et du reste pour ça).
- Note donnée au disque :
- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
Ah, compil formidable !! J'ai presque tendance à dire qu'elle supplante le film... C'est + qu'un "No New York bis", avec effectivement quelques non-new yorkais (Tuxedomoon, aussi). Ce qui est marrant c'est que les Plastics étaient presque un groupe "commercial", comparé à cette scène no wave et à son équivalent qui existait au Japon (Aunt Sally etc), mais ceux-là n'avaient pas les moyens de voyager ! Totalement inimaginable aujourd'hui de voir se cotoyer l'équivalent de Chris Stein (rock mainstream platiné), Rammelzee (tréfonds du hip hop expé avant gardiste) et Lydia Lunch (revenge-punk trash et très sombrex pour l'époque)... Sans oublier le groupe de Vincent Gallo (Gray), qui lui deviendrait une sorte acteur-réalisateur-ovni primé et très de droite... Oui, il en manque plein (Lizzy Mercier Descloux, au hasard), mais on aurait pu faire un coffret 4xCD passionnant avec les gens qui se croisaient à l'époque.
- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan
ça m'a l'air fabuleux tout ça... Tant le film que le disque... Hop ! En chasse !
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Oui, c'est ça, le film temoigne de l'époque, du moment, avec un parti-pris d'insouciance, alors que tu vois bien par ailleurs que "tout n'est pas rose" et même loin de là... Enfin, même plus que d'insouciance en fait, une espèce de volontarisme négligeant... Tout le contraire du film "Basquiat" de Julian Schnabel, qui sacralise tout et fait de "la rue" une espèce de galerie qui se serait pliée aux règles "du grand art sublime, le vrai", alors que non, si ce début de années 80 à eu une "vertu", c'est bien je crois d'avoir pété cette rigidité là... Pas longtemps, certes, et avec des effets secondaires pas tous rigolos, mais il n'empêche.
Message édité le 07-12-2024 à 15:59 par dioneo
- Note donnée au disque :