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New York Gong › About Time
- 1980 • Charly records CRL 5021 • 1 LP 33 tours
- 1990 • Decal LIK 73 • 1 CD
lp/cd • 9 titres • 37:41 min
- 1Preface1:28
- 2Much too Old2:43
- 3Black September4:03
- 4Materialism3:12
- 5Strong Woman4:30
- 6I Am a Freud1:46
- 7O My Photograph9:10
- 8Jungle Windo(w)6:19
- 9Hours Gone4:05
informations
Enregistré au Bananaroom Observatory Studio. Produit par Daevid Allen.
line up
Daevid Allen (guitare, voix), Bill Bacon (batterie), Cliff Cultreri (guitare), Bill Laswell (basse), Fred Maher (batterie)
Musiciens additionnels : Michael Beinhorn (synthétiseur sur preface), Don Davis (saxophone alto sur I Am a Freud), Gary Windo (saxophone ténor sur Jungle Windo(w)), Mark Kramer (orgue sur Hours Gone)
chronique
« Gong ». C'est comme une poche de spores, ce... Groupe ? Collectif ? Cette entité ? Ce concept ? Ce substrat ? Des particules s'éjectent, d'une époque à l'autre, depuis la souche-mère, le vaisseau originel (ou le premier en tout cas qu'on ait vu passer dans nos cieux, par ici, cette galaxie). Des pousses s'hybrident ailleurs, le nouveau surgeon pollinise là où le vent le pose, le plante.
Au moment où sort ce disque, ça fait treize ans, ou par là, que ça dure. Une grosse dizaine de disques – avec du monde changeant, en commun et différent, d'une incarnation à l'autre... Le Gong « historique » s'est délité peu après You, l'album de 1974, les initiateurs Daevid Allen et Gilli Smyth se désolidarisant de la chose pour x raisons (Allen interdit de retour en France après un concert en Angleterre, ou « empêché par une force invisible » de sortir de sa loge avant un concert... plusieurs versions, variantes, variables). Pierre Moerlen, le batteur, reprenant alors la chose – et le nom, Gong – en la portant vers une sorte de jazz, plus fusion, moins psychédélique. Allen et Smyth, donc, se liant aux Anglais anarcho/babos/squatteurs de Here and Now (après un passage par Majorque et quelques aventures avec les locaux de Euterpe...), se renommant Planet Gong le temps d'un Live Floating Anarchy space-punk... Et puis les autres projets, où les autres et les unes se mêlent ou non – les disques solo de Steve Hillage ou Tim Blake, le Mother Gong de Gilli, encore.
On en perdrait le fil.
On retrouve Daevid, ici. En plein New York post-punk, no-wave, en plein creuset, ville en misère et flambées, scènes musicales en ébullition, fracturées, des choses neuves émergent presque chaque jour – des hommes et des femmes passant l'arme à gauche ou disparaissant du paysage quasiment à la même allure... Allen, donc – toujours là, lui, encore ailleurs. Seul membre des « autres » Gong – ceux d'avant. Et qui s'entoure ici des futurs Material – à quelque chose près, disons de la part la plus fixe de ce groupe où, à leurs tours, en passeront et repartiront d'autres !
Voilà donc un autre genre de « fusion ». Une autre mutation, plutôt. Pas moins « spaced-out » que tout le reste, les années avant. Mais prise dans une autre machine, un autre agencement. Une construction comme déjà... Digitale ? Le funk, le groove, refroidis – mais assoupli en le travaillant au corps, comme si Kraftwerk, le Yellow Magic Orchestra ou d'autres pionniers des synthés pop étaient passé par la salle. Ou par Lagos – d'où l'afro-beat en bits d'un machin comme Jungle Windo(w) ? Enfin... C'est encore ailleurs, en réalité – dans les décombres du GBGB's (cité parmi d'autres lieux et gens et... trucs sur Much too Old).
« Bien trop vieux » pour suivre, survivre ? Allen se rappelle qu'il était punk avant une bonne partie de tous ces gens-là. Donc non : le Vieux Monde, ce n'est pas lui. Et plutôt que de courir, il préfère le cramer, s'y confronter avec de plus jeunes crèvent-la-faim. Ça donne cette musique qui bouffe l'espace en 2D, 3D isométrique – un gros Pacman sonore en surfaces unies, sans ombre. Un cubisme en mouvement – une sorte d'expressionnisme de vecteurs et pans plats. La Vie Synthétique – pas l'IA de maintenant, qui cherche le tout-pareil dans les détails et la foison, celle qui fait dérailler le train de mine, plutôt (le train-train, bouge-toi-le-train, métro-boulot-boulon-à-bas-l'extinction). La Révolte du Silicium. Si tu lui file des pains, ça te retourne en bidoche.
Revenons : New York Gong est un bon bloc de S.F. à-même ses jours, cyberfunk, proto ou para-électro. Rien de grandiloquent, de prophétique – Allen qui balance ses paraboles narquoises habituelles, mises à jour, en se servant du mecca que les autres lui construisent à mesure que le bidule avance, se développent. Daevid appelle au retour du matriarcat – et qu'on le débarrasse des « rednecks macho dudes ». Les spoken-words s'écoulent et rebondissent sur des pattern de batterie machine-outil. La guitare fait comme toujours des glissandi cosmiques mais les claviers crachotent et laissent fuir autour des textures qui l'imitent et lui répondent, la contrefont et l'augmente, cette gratte tout en filins. LE timbre est bien reconnaissable – mais on jurerait, mais on croirait parfois entendre Edward K. Spell des Legendary Pink Dots (qui se formaient tout juste, alors, encore à Londres avant de migrer quatre ans plus tard pour Amsterdam). La musique aussi, d'ailleurs, peut donner par moments cette sensation – que les terrains de jeu, les « garderies chimiques » (et/mentales, psychiques) des deux groupes devaient se trouver dans des rues, des arrières-cours adjacentes. (Alors que non, donc : un océan, entre eux, à ce moment là). Appelons ça synchronie ?
Appelons ça dislocations partout, réglées, moyens de se regrouper et de se couper – d'un certain « mainstream », des anciennes avant-gardes en train de se figer... – saisis sur l'un et l'autre, ou l'autre continent. Appelons ça recâblage des cultures populaires ou semi. Stratégies, tactiques. Appelons ça un foutu bon disque, aussi – assez unique dans cette époque pleine de machins délibérément singuliers. Allen repartira, ensuite, se déplacera semble-t-il un temps à travers les autres États avant de regagner son Australie natale. (C'est une planète en soi, vous diraient certains, ça...). Les autres types trouveront bientôt leur nom – Material, donc, qui sera comme on sait une autre histoire, qu'on décidera de suivre ou pas (en se rappelant que là-dedans, il n'y a pas que Laswell le Prolifique, Volontiers Agaçant Prolixe...).
Et puis Allen, pendant les 9'10" de O My Photograph, semble apostropher un portrait ou un autre cliché, niant que « c'était le bon temps ». Il n'y croit pas – parce qu'on n'en est déjà plus là. Parce tout continue ailleurs.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Oui, il semble que ce soient aussi les membres de Material - ou ce qui allait devenir Material - sur le Divided Alien... Et c'est bien possible, pour le coup des boucles... La musique y fait plus "loops" en effet, encore plus "funk-post-punk de robots" qu'ici... Donc ça ne m'étonnerais pas en tout cas qu'il y ait ce genre de bidouillage derrière ! Sachant en même temps qu'une bonne partie de la (bonne... entre autres mais aussi) musique de cette époque pouvait relever de ce genre de méthodes !
- Note donnée au disque :
- SEN › Envoyez un message privé àSEN
J'ai lu quelque part que DividedAlien serait bricolé à partir de boucles des bandes des sessions de "About Time". C'est le même line-up d'ailleurs il me semble.
Message édité le 27-11-2024 à 17:49 par SEN
- Note donnée au disque :
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Au train où ça va, ça pourrait bien être double-fait, même ! ("Parlons-en").
- Note donnée au disque :
- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
Dividedalien, ça sera fait, c'est un de mes fétiches un peu absurdes (c'est un disque qui a rebuté énormément de gens avant que beaucoup se disent "c'est un hippie qui a inventé la techno")
- jacques d. › Envoyez un message privé àjacques d.
De l'élasticité à l'elasticity (à ne pas confondre avec l'electricity du Captain Beefheart) en v.o., je glisserai volontiers, via l'marabout d'ficelle et l'homophonie, à l'éternité offerte par l'everlasting... love du soul man sixties, Robert Knight... repris par le U2 des late eighties... Tout ça pour rester à bord d'un Tardis passablement enfumé !