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Concrete Blonde › Bloodletting

cd • 10 titres

  • 1Bloodletting (the vampire song)
  • 2The sky ia a poisonous garden
  • 3Caroline
  • 4Darkening of the light
  • 5I don't need a hero
  • 6Days and days
  • 7The beats
  • 8Lullabye
  • 9Joey
  • 10Tomorrow, Wendy

extraits audio

informations

Je recommande la version anniversaire qui inclut de croustillants bonus dont une reprise de Hendrix et une version live en français de 'Bloodletting'

line up

Johnette Napolitano (chant, basse), James Mankey (guitares, basse), Paul Thompson (batterie)

Musiciens additionnels : Peter Buck (mandoline), Andy Prieboy (clavier), Gail Ann Dorsey (basse additionnelle), Steve Wynn (vocaux additionnels), John Keane (slide guitare)

chronique

Au tournant de la fin des 80’s et du début des 90’s, les vampires ont la cote. Un groupe de la premières vague goth britannique a ouvert la voie en 79 avec un single retentissant, ‘Bela Lugosi’s dead’, mais c’est une autrice américaine qui achèvera de populariser à grande échelle le thème des suceurs de sang en leur conférant une image plus tragique et, osons-le dire, humaine: Ann Rice. C’est à cette époque également qu’un groupe indie qui peine depuis deux albums à récolter plus qu’un succès d’estime va signer le meilleur succès de sa carrière, Concrete Blonde. Ce combo issu de la scène de Los Angeles mené par la chanteuse Johnette Napolitano et l’ancien Sparks James Mankey peine à se faire un nom malgré un ou deux hits marquants. Il ne manque pas de qualités pourtant, à commencer par la voix profonde de Johnette tout à fait dans la lignée de Linda Perry (4 non Blondes, tiens tiens), Patti Smith, Leah lane...C’est cependant en s’intéressant au thème du vampirisme comme miroir d’une forme de tragédie sociale qu’il va enfin obtenir la reconnaissance d’un plus large public. Pour ce faire, Concrete Blonde reçoivent l’aide de Andy Prieboy (Wall of Voodoo) et Peter Buck de R.E.M., sans oublier que leur batteur en cure de désintoxication est remplacé par l’ex-Roxy Music Paul Thompson. ‘Bloodletting’ n’est pas un album que l’on qualifiera de sombre, sa beauté opaque est pourtant chargée d‘une infinie tristesse, d’une forme de spleen urbain, à l’image des mille et uns destins brisés qui s’effacent dans l’indifférence des grandes cités… Car c’est davantage de démons personnels dont il est question ici, de ces vampires quotidiens qui vous rongent l’âme (relations toxiques, alcool, sida, dépression…) et Johnette aura du mal à enregistrer certaines paroles tant elles évoquent en elle souffrances et souvenirs. ‘Vampire song’ sonne comme une forme de rockabilly alourdi, ralenti et passé au spray noir gothique, son ambiance mystérieuse évoque volontiers la moiteur torve des nuits de la Nouvelle-Orléans, ‘The Sky is a poisonous garden’ rappelle que les musiciens apprécient aussi le punk mais c’est réellement à partir du bouleversant ‘Caroline’ (ce chant!) que l’identité du disque se dessine. Dans un registre plus rock alternatif dépouillé, intense, dans la lignée de R.E.M. (des potes) version tragique le trio va nous délivrer une collection de morceaux d’une efficacité redoutable, profondément émouvants sans jamais sombrer dans le pathos, alternant une forme d’énergie trompeuse et des passages plus intimistes, la palme revenant à l’éther funèbre de ‘Tomorrow, Wendy’ (écrite par Prieboy) narrant le suicide d’une femme rongée par le sida (inspiré d’une personnage réel)… Le final où la voix de Johnette parait se dissoudre progressivement dans l’atmosphère est à tirer des larmes. Autre pièce de résistance, le single ‘Joey’, un vrai carton, narrant une relation toxique avec un alcoolique, un rock énergique caractérisé par des paroles marquantes (‘And when you said I scared you, well, I guess you scared me too but if it's love you're looking for then I can give a little more; Oh, Joey, I'm not angry anymore’) évoquant le vécu de la chanteuse, le magnifique 'Caroline' bien sûr renvoyant All about Eve dans les ronces d'une pichenette... Le groupe manie à merveille sa musique, insuffle l’énergie tout en la teintant parfois d’opacité. Certaines chansons plus musclées témoignent aussi d’un réel savoir faire de Mankey pour pondre des lignes de guitare imparables, tantôt électriques et sales, tantôt plus cristallines et mélancoliques. Le reste, c’est le chant qui le fait. A l’image de sa pochette troublante (quelle est cette rose blanche submergée par les rouges ?), ce brillant disque offre plusieurs niveaux de lecture, s’adresse tant au public indie traditionnel qu’à la masse, sans oublier certains goths qui y trouveront largement leur compte; étape culte d’une carrière qui ne renouera jamais totalement avec une telle inspiration. Ann Rice a dit: ‘People who cease to believe in God or goodness altogether still believe in the devil… Evil is always possible. And goodness is eternally difficult.’, ce disque le résume avec sincérité et douleur.

Très bon
      
Publiée le vendredi 22 novembre 2024

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