Piano Magic › Artists' rifles

Quand Piano Magic s'attaque à l'écriture d'un concept album dédié à la mémoire des disparus de la guerre de 14, la grande guerre (comment peut-on dire une chose pareille ?), on se prépare évidemment à un résultat empli d'amertume et de rancoeur douce amère toute contenue. Comme le veut le genre, les guitares sont aériennes et vaporeuses, et leurs notes tombent sur nous comme une kyrielle de gouttes de pluie. Comme sur "No Closure" ou "The Index", violoncelle et voix, tantôt masculines, tantôt féminines, viennent apporter cette touche de froide désolation au travers de mélodies et de textes mélancoliques qui traduisent l'attente éperdue et jamais comblée de l'être cher qui pleure un signe, une lettre, du soldat parti au front. Le travail de la batterie est elle réduite à sa plus simple expression (excepté sur l'interlude du quatrième morceau), se contentant souvent de marquer les temps, froidement, d'un pas solennel propre aux roulements de tambour digne de toutes les commémorations. Une approche percussive qui s'attarde sur les temps et qui, s'il concourt à la réussite de l'album dans le tout qu'il incarne, donne cependant aux titres sur lesquels elle s'illustre une lourdeur malvenue, au point de plomber les atmosphères et leur donner un sérieux coup de vieux. C'est dans ses moments de silence que résident ses meilleurs moments. "Artists' Rifles" est un album triste et esthétiquement joli. Mais également désuet.