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Lou Reed / John Cale › Songs for Drella

cd 1 • 15 titres • 54:54 min

  • 1Smalltown
  • 2Open House
  • 3Style It Takes
  • 4Work
  • 5Trouble With Classicists
  • 6Starlight
  • 7Faces and Names
  • 8Images
  • 9Slip Away (A Warning)
  • 10It Wasn't Me
  • 11I Believe
  • 12Nobody but You
  • 13A Dream
  • 14Forever Changed
  • 15Hello It's Me

informations

line up

John Cale (chant, claviers, alto, production), Lou Reed (chant, guitare, production)

chronique

C'est dingue, à quel point trois petites notes à la con peuvent être aussi évocatrices. C'est l'effet "Open House". Entrez, soyez les bienvenus dans ce cosy mausolée pour artiste contemporain. Mais avec de vrais morceaux d'émotion dedans, mine de rien. Andy Warhol avait beau être un escroc de compète : il nous aura au moins un peu aidé à connaître ces deux-là. Et sa mort, à les réunir pour leur album le plus modeste. Car du point de vue de Jojo et Loulou, c'est plus qu'un mentor, mais un père qui a été perdu. Ils en on été affectés au point de re-travailler ensemble à quarante-sept ans. Et à cette occasion, les deux frères orphelins se sont, si pas réconciliés, au moins retrouvés. Dans l'humilité. Oui, même pour ce tocard de Reed. Lui le Lou, qui n'aura jamais été aussi effacé... Son côté puant plus en sourdine, le deuil n'a donc pas que du mauvais ! Cale pour sa part, un peu perdu, conserve comme des échos apaisés du funeste Music For a New Society, sans trop en faire, "ambient-Cale"... Alors que de l'autre côté, si j'ai bien tout compris, si j'ai bien tout lu Reed, cet album est pour ce dernier l'occasion de déployer ses textes les plus délicats. Des paroles qu'il semble parfois s'adresser à lui-même, comme une forme d'aveu d'échec. Un constat. On est rien, ou si peu. Un imposteur un peu, comme le disent ces échos de ce que son mentor lui inculquait en le traitant de petit branleur ("Work"). Et John de faire du Cale dépouillé : ses notes typiques, minimalistes-obsédantes, son magnétisme altier... Sensation de sérénité, de matin calme au toit du deuil, dans la blancheur crème d'un loft new-yorkais... Album-souvenirs façon "vignettes de vie", qui nous accueille avec sa légère intro, et nous prend par la main avec la bien nommée "Open House", donc, fort jolie chanson parlée, dotée de cette simplicité enfantine des berceuses pour adulte, un moment-souvenir dans lequel sont exposés les tableaux de vie d'Andy. La mélancolie typique de Reed - à savoir cette ambiance d'éveil post-débauche dans une lumière blafarde mais purificatrice - et la pureté mélodique de Cale au piano. L'art de l'épure, en somme. Créer cette atmosphère à la fois apaisante et tendrement tragique, unique, avec trois fois rien : c'est dans ces choses a priori simples comme bonjour, que se manifeste le vrai talent des deux têtes de Velvet. La suite de l'album, dans le sillage de cet élagage et de cette élégance, oscille entre l'ennui poli, les sarcasmes partagés ou non (cela dépend de votre sensibilité aux monde des Ârtistes - ex. la boutiquière "Trouble With Classicists"), et les souvenirs touchants, à la façon d'estampes, de pastels dans cette lueur confortablement crayeuse d'un matin d'automne, transpercée seulement par un sanglot de guitare typiquement frippien ("Forever Changed"). On y trouvera aussi deux ou trois curiosités qui n'en sont pas vraiment, si on se remémore le terroir de cette musique, comme ce plagiat heureux de Suicide sur "Images". New York, same old shit. La face du défunt en filigrane granuleux sur le livret, à la "funeral pop art", qui apparait et disparait selon l'angle lumineux, matérialise assez bien l'effet sobre et subtil de cette musique, sorte de pointillisme mélodique, qui selon la réceptivité et l'heure sera chiante ou dorlotante, refroidissante ou réconfortante, touchante ou andy-manchée. Mi-Dracula mi-Cendrillon, tel était son surnom : Drella. On s'en rappelle dans le ciel pâle, d'un matin de semaine comme les autres au cœur de la Grosse Pomme... Sensation d'intense sérénité, comme si dans le fond ça n'était pas si important. "Goodbye, Andy". C'est aussi ça la mort, ça se dit pas sinon en creux, ça vous laisse en flan, et si le cœur est bon conseiller l'envie de faire l'intéressant est annihilée. Ne reste que l'émotion, dans sa simplicité. Bête comme chou.

Bon
      
Publiée le mardi 19 novembre 2024

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Bien aimable Jacques. Je peux tabler sur une traduction (sans jeux de mots à la con, de toute façon ça va être impossible de traduire "andy-manché" - même si vu le contexte mortuaire je pourrais caser ailleurs un petit "andy-bag").

Note donnée au disque :       
Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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Un beau disque, moins niais qu'aurait pu le penser... Une sorte de pop un peu avant-garde, il était inclus dans un coffret Lou Reed, bonne pioche !

jacques d. Envoyez un message privé àjacques d.

Et bien, Mister Raven, si d'aventure Sire Records se prenait d'envie de rééditer en une version un peu plus cossue ce joli disque, émouvant peut-on dire en effet, j'espère qu'ils vous contacteront pour que votre chronique, classieuse et juste jusque dans ses réticences, en deviennent les seules notes de pochette.

nicola Envoyez un message privé ànicola

Si je me souviens bien, cet album raconte en chansons quelques tranches de vie de Warhol.