Hawkwind › Alien 4

Dans les années 90, Hawkwind ne cherche pas la facilité. Le groupe anglais continue sa quête dans le space rock. Les albums de cette décennie sont particulièrement denses, longs et pas toujours évidents à cerner. En 1995, le voici qui nous propose un album de plus d'une heure, "Alien 4". Là encore, l'aspect synthétique est très présent, plus que jamais le groupe se tourne vers le futur et la modernité avec l'utilisation d'éléments technoïdes. Cela fait partie intégrante de l'ADN du groupe de se tourner vers les nouvelles technologies. Il reste cependant sur une base rythmique rock, souvent assez rapide (on garde une formation en power-trio), mais le propos est particulièrement futuriste. Les compositions sont recherchées, bien écrites, avec plein de parties distinctes et très souvent avec des nappes de synthés et de bidouillages bruitistes divers et variés. Sur cet aspect créatif, il ressemble un peu à l'album "The chronicle of the black sword" d'ailleurs. Le résultat donne malgré tout un album homogène, produisant une sorte de rock du futur, inquiétant et très sombre. Le trio est devenu quatuor avec l'arrivée d'un nouveau chanteur, Ron Tree, dont la performance apporte un côté bien plus sombre au groupe. Rarement je n'ai entendu le groupe sonner si spatial et aérien. On a ici une sorte de bande-son rock d'un film comme Star Trek par exemple. Il contient aussi beaucoup de morceaux instrumentaux quasi-ambient. Le synthétiseur, joué par Dave Brock himself, représente ici l'instrument central de l'album. Et même s'il contient beaucoup de parties répétitives, quasi-techno, que j'apprécie généralement moins, le résultat est ici bien mieux maîtrisé, même si 30 ans plus tard, il est indéniable de remarquer que l'ensemble a assez mal vieilli. Le son est maintenant un peu cheap, mais cela n'enlève pas les qualités créatives de compositions de l'album. Hawkwind est définitivement tourné vers l'avenir et veut produire des disques intéressants, possédant une véritable personnalité, et "Alien 4" est tout à fait le genre d'album aventureux, créatif et original dont le groupe avait besoin. Il est un parfait mélange entre l'aspect quasi-hard rock moderne d'"Electric tepee" et la techno d'"It is the business of the future to be dangerous". Et alors que je n'avais pas du tout adhéré au précédent album, là, je trouve que tous ces bidouillages modernes et futuristes sont bien mieux exploités ici. Il faut dire qu'entre temps, Dave Brock s'est amusé à sortir un disque entièrement techno plus tôt dans l'année via le projet Psychedelic Warriors. Il a pu se familiariser encore plus avec ce style musical. En fin de disque, le groupe reprend d'anciens morceaux de son répertoire, le hit "Death trap", "Wastelands" ("Wastelands of speed" sur "The xenon codex") et "Are you losing your mind?" (originellement "The iron dream" sur "Quark, strangeness and charm"), pour des versions revitalisées qui s'intègrent bien à l'ensemble sans pour autant être indispensables. Au final, cet "Alien 4" représente l'un des disques de cette période les plus intéressants et riches du groupe, pas forcément facile à assimiler, mais dont le résultat est particulièrement bon. Un bon cru du groupe !