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Feminazgûl › No Dawn for Men
- 2020 • Tridroid Records III119LP • 1 LP 33 tours
lp • 8 titres • 49:57 min
- 1Illa, Mother of Death8:49
- 2I Pity the Immortal4:52
- 3The Rot in the Field Is Holy6:17
- 4Bury the Antler with the Stag5:17
- 5Forgiver, I Am Not Yours4:57
- 6Look Not to Erebor3:30
- 7To the Throat (No Dawn Version)10:07
- 8In the Shadow of Dead Gods (No Dawn Version)6:07
informations
Artwork : Trez Laforge.
line up
Laura Beach (voix lead), Margaret Killjoy (piano, synthétiseur, accordéon, batterie, guitare, hache danoise, chœurs), Meredith Yayanos (violon, theremin, voix)
chronique
Ce nom m'a d'abord fait sourire. Je crois d'ailleurs qu'il y a de l'humour, là-dedans, un certain tour d'esprit, en tout cas, qui ne veut pas s'abîmer dans le solennel, se figer dans le sérieux à l’œuvre dans son œuvre, son ouvrage. Une sorte de « c'est comme ça, faite avec », tout simplement – un groupe de femmes américaines qui s'approprient Tolkien et le black metal (avec, devant, une autrice transgenre – Margaret Killjoy – qui de son côté s'est emparé d'une certaine « littérature de l'imaginaire », pour tisser, construire des paraboles, des récits anarcho-queer...) ; hacking de boys clubs, réimplantations...
La musique de Feminazgûl, ceci dit, n'a rien d'une plaisanterie, elle, d'une boutade, d'une simple interpellation pour provoquer un public-type. Elle respire et infuse des brouillards noirs et gris, des bouffées d'humidité lourde et des blizzards de poussière sèche. Un black metal tout en nuées saturées, shoegaze pollué, corrodé, galvanisé de rage triste et froide – d'une volonté du genre de celles saisies par-delà le moment où on avait encore le choix, pour l'avoir à nouveau, pouvoir décider : « maintenant, que faire ». Rien d'extrêmement original, à première vue, l'impression possible, d'abord, d'un son un peu flou, pas toujours ajusté, passée l'introduction chant d'oiseaux/accordéon d'Illa, Moher of Death. Sauf que voilà : elle est superbe, cette intro, folk inventé mélancolique, bientôt submergée par les voiles de particules dures. Et que ça revient, à la fin du morceau – les piafs et la chose à soufflet. Et que reste, tout le long – cette chanson et après – cette impression que l'atmosphère pénètre, rampe, s'élève et tombe.
Feminazgûl font du black, oui, de leurs contrées, horizons – le groupe était encore, au moment de sortir ce disque, basé en Caroline du Nord (relocalisé, depuis, à Altanta, si j'en crois leur bandcamp...). Avec des bouts d'acoustique désolée, rouillée, donc, oxydée, attrapés et rendus comme elles veulent. Des passages qu'on dira, si on y tient, post-rock – assez « à la Godspeed », à vrai dire, piano, cordes frottées, chapes urbaines qui s'étendent au-dessus des terres, autour. Des fragments mis en boucle d'une certaine musique classique ou baroque rappelée, souvenue par trouées, qui n'a peut-être au fond, hors de cette re-création, jamais vraiment existé (le violon et les chœurs sur The Rot In the Field Is Holy, qui ne révèlent leur forme magnifique qu'à la fin, quand le brouhaha s'égaille... Merveilleux, ce passage). On connaît, reconnaît tout, oui. On ne se méfie plus. On est absorbé.e. Ce qui fait qu'on s'y retrouve pris.e.
No Dawn for Man est un trip d'ombres qui s'exhalent et s'inhalent en prenant tout le temps – le leur, le sien, le notre. Il faut passer ses faux-semblants de musique épuisée, déjà très entendue – qui en font soit-dit en passant la séduction, aussi, d'abord, autant qu'ils peuvent, d'abord, faire croire qu'il ne s'y passe rien d'autre. Il faut s'en laisser submerger – s'enfoncer dans ses strates. On s'y retrouve, ensuite – au cœur, en plein. La voix y guide, y fait courir, urgence à bouger, entre les moments d'arrêt – contemplations sourdes, sombres ou aveuglantes. (Call Her When Your Lost nous disent-elles ailleurs – sur un titre d'un split sorti l'année d'après avec le groupe Awanden). C'est une musique de chute – mais pas la leur, il n'y a qu'à lire le titre du disque (emprunté à Gandalf dans Les Deux Tours, tiens, on y revient – mais retourné, tourné autrement, prophétisé ici comme un espoir plutôt que comme une fin de tout). C'est une musique qui fait du bien quand un vieux monde ou l'autre résiste bêtement, s'entête à ne pas crever, quand un continent ou l'autre (et l'autre, les autres ?) se demande ce qui va le bouffer, quand tout fout le camp – mais pas parce que « c'était mieux avant », non, plutôt, donc, parce que cet avant nécrosé s'accroche... Je dérive, allez. Quoi que, tiens donc, voilà cette dernière plage, qui parle de vivre « Dans l'Ombre des Dieux Morts ». Puisse le jour suivant, la nuit d'après les balayer, les engloutir. Puisse l'air du lendemain s'être défait de leurs puanteurs, et leurs corps morts partir – décomposés, enfin, mauvais souvenir, à peine.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
De loin, on ne voit pas le détail de la fin de mêlée...
@Talis : pour ma part, j'ai fait le chemin contraire, j'ai d'abord découvert le groupe, appris que Maggie Tuejoie était aussi (et avant, chronologiquement, si j'ai bien compris) autrice, et je ne suis tombé qu'assez récemment sur un de ses bouquins en librairie (L'Agneau Égorgera le Lion, premier volume des aventures de. Danielle Cain, il me semble... Ça a été traduit il y a peu et même avant je n'étais jamais tombé sur des V.O., dans les librairies de ma ville...). J'ai vraiment aimé, d'ailleurs, faudra que je trouve la suite, vu qu'apparemment donc c'est parti pour être davantage dispo par ici. (Si l'autre Karoten ne fait pas brûler tous les stocks entre temps).
Message édité le 06-11-2024 à 22:54 par dioneo
- Note donnée au disque :
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
De loin en petit la pochette me rappelle Old Star.
- Tallis › Envoyez un message privé àTallis
Ah, la misogynie, toussa, toussa...
Sinon, curieux d'écouter ça, appréciant le travail de Margaret Killjoy en tant que romancière.
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Ouep. On va dire que ça lui donne de la visibilité, allez.
Message édité le 06-11-2024 à 10:53 par dioneo
- Note donnée au disque :
- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
Guts will be guts.