Deathprod › Imaginary Songs From Tristan da Cunha

Quelque chose s’agite et tremble. Qui semble faire face à l’affront que le temps fait à la matière. Entropie. Mémoire perdue, reconstituée. “Plus vraie que vraie”. Elle passe le relai. Cette chose-là tremble aussi. Et puis une autre. Mais alors qu’on commence à croire au vide qui crépite en vain, ce qui n’aura pas manqué d’agacer certains, parfois jusqu’au rejet, une pulsation prend forme peu à peu et sort de “Néant”. Une basse douce comme du coton mais qui n’évoquera à l’auditeur encore sur ses gardes, que méfiance. Méfiance qui s’estompe peu à peu alors que des voix de femmes s’élèvent pour chanter ses louanges. Un instrument à corde se joint à ce cluster fantasmagorique. S’en suit un lent crescendo. L’on s’élève au dessus de notre être, malmené par les cris sporadiques de machines aveugles. Une ode à la nuit et à ses étoiles trop lointaines. On a peur. Mais on aime ça. On y croit encore au courage.

Quel trip, nom de nom! Rien à faire à part y entrer. La porte est grande ouverte de toute façon. Une merveille. Un joyau. Oui ce dernier morceau est à n’en point douter le parachèvement de l’oeuvre du Norvégien. Je dis ça et pourtant… Il est clair pour moi, que les meilleurs publications qu’aura pu nous offrir cet artiste, sont avant tout le fruit de rencontre électro-acoustique avec d’autres artistes qu’il ne s’agirait pas non plus d’occulter. Helge Sten n’est pas un compositeur dans le sens le plus classique du terme. Tel un John Cage, il propose avant tout un écrin dont les interprètes, toujours bien humains pour le coup, sauront tirer parti pour mieux le révéler. Et cette performance en est le témoignage le plus directe. Une superbe envolée de noirceur lyrique qui ravira sans aucun doute les amateurs de musique classique abstraite les plus exigeants. Alors bien sûr, je ne parle pas de technicité, mais bien d’émotion sous sa forme la plus pure.

Intuitif. Viscéral. Clair-obscur.