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Swans › The Beggar

cd 1 • 9 titres • 69:25 min

  • 1The Parasite
  • 2Paradise is Mine
  • 3Los Angeles: City of Death
  • 4Michael is Done
  • 5Unforming
  • 6The Beggar
  • 7No More of This
  • 8Ebbing
  • 9Why Can't I Have What I Want Any Time That I Want?

cd2 • 2 titres • 52:43 min

  • 1The Beggar Lover (Three)
  • 2The Memorious

informations

line up

Michael Gira (chant, guitares, harmonica), Christoph Hahn (guitares, voix), Chris Pravdica (basse, effets, claviers, voix), Phil Puleo (batterie, percussions, voix, dulcimer, fujara, doudouk), Dana Schechter (basse, guitare, piano, effets, voix), Larry Mullins (batterie, percussions, Mellotron, vibraphone, claviers, chœurs)

Musiciens additionnels : Norman Westberg (guitare sur "Ebbing"), Ben Frost (guitare, synthétiseurs, effets), Jennifer Gira (chœurs), Lucy Kruger (chœurs), Laura Carbone (chœurs)

chronique

Le Mendiant... c'est vous, Monsieur Gira, n'est-ce pas ? "Donnez donnez do-doôônnez, donnez donnez à Gira, donnez donnez do-doôônnez, il vous le rendra !" chantait le clochard en chaussettes Henry Cow Massicot. Crowdfunding amorti sur double-opus dense. Artwork minimaliste encore, cette fois inspiration infarctus et cancer du poumon. Ah, y a la cirrhose du foie aussi. Putain de bourbon. N'oublions pas le don d'organes. Le don de soi. Le don d'un artiste redondant, mais possédé par son art. Angoisse à gros sabots. Armada de percussions célestes et chœurs angéliques pour musique du Diable. Diable, encore un double ! Peinés ? Il faut s'y faire depuis un bail à la folie des grandeurs, avec eul'père Michael. Sans surprise, sans révolution. Ah ! Ça, Gira, il sait y faire pour dresser le barnum. À sa façon, mégalo et surtout maniaque. Ce vieux con a un cœur de pierre, mais il est généreux. Très généreux. Tenez : il a même mis un titre de trois quarts d'heures (comme "The Knot" !), un des plus monstrueux de sa carrière, entre grâce et terreur, une pièce de résistance aussi juteuse que les Body Lovers/Haters, sur laquelle on siestera autant qu'on cauchemardera. Sympa, le Gira. Et c'est "juste" un gros morceau dans un album bien plus gros. Saïmone nous parlait de marathon pour The Seer ? Voici l'hyper-marathon. La traversée des États-Unis à dos de Gregor Samsa. Gira dormir chez vous. Marche, Forrest, marche ! Ou crève - ton esprit marchera quand même. Et toi petit fan de grind : si tu n'as pas un cardio béton, nous te prions de rester en dehors de tout ça. Si tu n'as pas de grand canapé, ni de gros casque à gros coussinets, tu te rongeras les doigts. Tu souffriras.

Mais sois rassuré car cet album de "Les Swans" te donnera, te donnera, te dodonnera. Ton argent, ton temps, il te le rendra. Le précédent faisait ballade champêtre à côté. Ici, l'austérité est reine, la beauté swansienne aussi. Impérieux, impérial. Sinistre, évident comme un éléphantôme dans le magasin de porcelaine. Rien que l'intro, c'est du Polanski, du Haneke, du Horla relou qui rôde dans tes affaires, ça te rétracte l'espoir direct, façon grosse armoire pas commode. L'impression d'être dans un film qui va pas bien se passer, un exorcisme qui doit merder. Tu n'es pas dans ton assiette... tu te fais dessus, au ralenti... tu es dans le grand plat comme la dinde de Thanksgiving, et le gros couteau approche, tenu par le vieux con... Le vieux con fait de la folk... mais le vieux con fait de la vieille folk avec des instruments pas contents. Des jolis aussi, des doux, des chatoyants. De la mélisse, de la sauge, de belles fleurs... de l'osier, des ronces, du vieux chêne à l'écorce plus fascinante que le Grand Canyon. Tends ton derrière de coupable, comme DiCapourri dans Killers of The Flower Moon : le battoir de Gira De Niro va t'apprendre l'humilité. Remercie l'Artiste. Prosterne-toi, gueux, ou il te prosternera. Embrasse l'anneau. T'en as bouclé des albums de deux heures ? Tu sais porter un chapeau pas cool comme eul'père Gira, toi ? T'en as chapeauté combien d'zicos, hein, d'puis ton p'tit PC ? T'as engueulé autant d'musiciens qu'ce Monsieur ??? ALORS FAIS PAS LE MALIN, JEUNE SINGE. Mange, jeune, MANGE. Et dis-toi que si Swans sonnent bien lotis dans leur zone de southern comfort, ils sont fort inspirés, y a pas à tortiller du martinet. Ils se reposent sur leurs lauriers, mais ces lauriers sont de proportions lovecraftiennes. Paresseux, Cygnes ? Non, foutrement profus. Et ici touchés par une inspiration supérieure, une poésie particulière, familière mais subtilement différente de ce qu'ils ont donné sur les albums précédents. Nous sommes en présence d'un sérieux spécimen. Écoutons donc avec attention, chers paroissiens.

"Is there really a mind ?" déclame Père Gira. "T'as pas trouvé la réponse dans la Bible ?" que j'lui réponds... Une grosse beigne, que j'me prends. La mélodie de "Paradise Is Mine", semblant anodine, est assurément un des plus magnétiques et puissants morceaux de Gira, elle vous tangue en dedans, ne vous lâche pas d'un pas, jusqu'à s'être fondue dans votre esprit. Même topo pour le morceau éponyme bien gothique et sa reprise gargantuesque sur le deuxième disque. Même un titre d'apparence beaucoup plus légère et diaphane comme "Unforming" porte en lui quelque chose d'oppressant, façon slow au bord du trou noir. Swans sonnent grands, même dans un cirque de puces savantes. Sentiment d'être empoisonné par les fées, sur la tristesse mi-Neil Young mi-Twin Peaks de "No More of This", ou l'étrange "Ebbing" évoquant l'épouvante pastorale d'un Midsommar. The Beggar est tout entier hanté. Jusqu'à sa coda fanatique et fiévreuse "The Memorious". C'est l'album de trop après l'album de trop après l'album de trop après l'album de trop après l'album culte après l'album du retour dont on se foutait car tout était dit, mais c'est peut-être celui qui a le plus à dire depuis Soundtracks of the Blind. The Beggar, c'est l'album d'un sale type qui n'a plus de face depuis des années, et qui fait quand même de la musique, SA musique, avec SES musiciens, à sa pogne, pour une cérémonie comme pas deux dans ce monde, sous l'égide de sa présence de gourou sévère et de la sainte tension, étirée en décor gris et sang. Le prêtre-démiurge culbute la nonne avec ferveur, les disciples sont au diapason. The Beggar, c'est la musique pour des gens qui veulent se faire bercer et punir en même temps, gronder par les wendigowak, entrer en transe en regardant le gros pendule. C'est un peu un Pink Floyd pour cette fin de début de 21ème siècle, mené par un monsieur bien américain qui fera finir son assiette à l'angliche revêche Roger Waters. L'hôte a le vin mauvais, la pleine Lune se reflète déjà dans la soupière. Alors un bon conseil les enfants : attendez bien la fin du bénédicité.

Très bon
      
Publiée le lundi 4 novembre 2024

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Note moyenne        8 votes

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Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

Je le trouve assez fascinant cet album. Le premier disque en mode "Heavenly/Mantra" est plutôt calme et envoutant. Le second disque est plus expérimental mais tout aussi prenant avec ce long morceau (que je découvre en ce moment) partagé entre des moments de plénitudes, des passages inquiétants (Delirium Cordia de Fantomas n'est pas loin) et d'autres plus enlevés (la cavalcade de batteries folles par exemple).

Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
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Crève-coeur. Comme un très bel ouvrage signé David Tibet. Je vais pas le ressortir souvent, j'en suis bien certain. Doux et pourtant amer à en pleurer. Un grand Swans.

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Procrastin Envoyez un message privé àProcrastin

Comme toi Sen, The Seer était le dernier à m'avoir autant embarqué.

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SEN Envoyez un message privé àSEN

Il y'a une certaine luminosité dans ce disque, presque réjouissante, Gira m'a complétement emporté avec ce disque... Je vais pas dire un aboutissement parce que Gira va encore réussir à nous sortir une dinguerie sur son prochain album.

Message édité le 04-11-2024 à 20:36 par SEN

Note donnée au disque :       
Sam Hall Envoyez un message privé àSam Hall

Le meilleur de la "dernière" période pour moi aussi quelle baffe (comme d'habitude) en concert également pour la tournée qui allait avec !

Message édité le 10-11-2024 à 14:33 par sam hall