King Crimson › Radical action to unseat the hold of monkey mind

Voilà, King Crimson commence vraiment à imposer sa nouvelle entité à trois batteurs. Après deux live, Fripp nous propose ici une box bien costaud avec un triple live sur CD et la partie vidéo sous la forme d'un double-DVD et d'un Blu-Ray (où il est aussi possible d'écouter l'album sans la vidéo). King Crimson ne fera jamais comme tout le monde ! Au lieu de nous servir un nouvel album, il enchaîne en configuration live avec sa nouvelle formation à 7 têtes. La particularité de ce live est de proposer une set-list découpée par types de morceaux, le premier CD présentant les titres les plus "durs", intitulé "Mainly metal", le deuxième CD présente la partie "Easy money shots" et enfin la dernière avec les grands classiques du groupe. Ce découpage ne correspond pas du tout à l'ordre des titres interprétés en concert. Cet ordre est respecté sur les vidéos des DVD et Blu-Ray ! Alors que généralement j'aime bien quand on retranscrit l'ambiance d'un concert, ici, je dois avouer préférer la partie purement audio, elle passe à la perfection et le découpage n'est finalement pas si bête que cela. Ça donne 3 ambiances complètement différentes à l'écoute. A peu près toutes les périodes de la carrière du groupe sont représentées. Le son est incroyable, d'une rare limpidité et super clair. On entend toutes les nuances à la perfection. Le travail sur les trois batteries est magique, surtout sur les nouveaux morceaux, très portés sur les percussions. On comprend bien le travail impressionnant qui a été réalisé pour adapter tous les morceaux avec ce schéma à 3 batteurs. Et c'est là que se situe la grande réussite de ce live, les morceaux ont été complètement transformés avec des arrangements super bien pensés et surtout adaptés aux trois styles de jeu de Mastelotto, Harrison et Rieflin et le résultat est tout simplement bluffant. On redécouvre avec plaisir tous ces vieux morceaux, rarement joués en concert, comme "Pictures of a city", "The letters" ou "Epitaph". Et puis ré-entendre dans des versions puissantes les classiques que sont "Starless", "21st century schizoid man" ou "Red", c'est que du bonheur ! Cela donne l'impression que Fripp voulait rendre hommage à l'intégralité de la carrière du groupe, car même si le son et la production sont plus modernes, les interprétations sont fidèles aux versions originales. On peut aussi noter une bonne partie de titres inédits (pour King Crimson) représentant plus d'une demi-heure du concert. Donc à défaut d'un nouvel album studio, il faudra se contenter de cela, avec de nombreux morceaux courts instrumentaux orientés sur les batteries. Concernant la partie visuelle, déjà, il faut se farcir 3 heures de concert avec souvent une vue statique du groupe entier face scène, les autres images arrivant la plupart du temps en sur-impression et superposées à la vue principale. L'effet est bien réalisé mais à la longue, c'est un poil lassant. Ce qui impressionne par contre, pour qui n'aurait pas vu le groupe en concert lors de ces tournées, c'est de voir sur le devant de la scène les imposants kits de batterie qui prennent toute la place, les autres musiciens prenant place sur une estrade derrière les batteurs, au même niveau. L'ambiance est un peu froide, sans contact avec le public, qu'on ne voit même pas. Cela aurait très bien pu être une vidéo de répèt' dans les conditions live (si ce n'est les quelques acclamations polies du public entre certains morceaux). Au final, on a un triple-live gargantuesque, alliant audio et visuel, pour un résultat détonnant ! Plus que jamais, King Crimson termine sa carrière en beauté, avec grande classe. On est loin d'un groupe en pré-retraite !