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Naomi Elizabeth › Some More of My Songs

téléchargement • 19 titres • 69:34 min

  • 1We Are the DJs4:41
  • 2Did You Know I'm Down3:26
  • 3The Topic Is A__4:29
  • 4They Call Me White Chocolate4:10
  • 5You're Like Movies and TV to Me3:57
  • 6When You Got the Best You're Like Wow3:39
  • 7Did You Ever Think You Might Be Cool3:46
  • 8Switched on Opera Magic Flute1:59 [adaptation de Mozart]
  • 9Switched on Opera Aida3:010 [adaptation de Verdi]
  • 10Switched on Opera Bizet3:21 [adaptation de Bizet]
  • 11Switched on Opera Extra Song2:36 [adaptation de Carl Orff]
  • 12Switched on Opera Nixon in China2:43 [adaptation de John Adams]
  • 13Fight Anthem (Including Voice)4:18
  • 14Bring It (Including Voice)4:15
  • 15It's Not Easy When You're Me (Including Voice)3:48
  • 16Valentine (Including Voice)3:57
  • 17Be My Fantasy (Including Voice)4:06
  • 18I Wanna Be Bad3:40
  • 19I Wanna Be Bad (Guitar Mix)3:42

informations

chronique

... Naomi Elizabeth n’est remarquée à "grande" échelle que plusieurs années après. Grimes, alors au sommet de sa hype de darkwave-électro-pop bizaroïde, partage la vidéo de « God Sent Me Here to Rock You » en disant que c’est "une des meilleures chansons jamais écrites". Elle écrit aussi "Elle est impossible à trouver, du coup elle m’obsède encore plus." Et c’est vrai. Tout y est pour ainsi dire iconique, au sens fort du terme, prêt un susciter un culte. Naomi est littéralement un ange (exterminateur ?) qui descend sur Los Angeles. Avec son intro à la prosodie exagérément "valley girl" exaspérante ("Hi Los Angeles, this is Naomi Elizabeth. I love you !") sur fond de beat trap crunchy et d’arpèges synthétiques irisés, le morceau est un ego-trip mystique aussi camp que le hair-metal du Sunset Strip de la grande époque; Naomi et son costume de guerrière en alu, sous les palmier avec son épée; Naomi et ses étranges et fascinantes chorégraphies, filmée comme en loucedé dans bureaux désertés, avec son chant qui part dans des aigus improbables, des leitmotifs vocaux bouclés totalement hypnotiques ("hot like the tropic" auquel répond plus tard "make it hot / make it hot / make it hotter"), ces nappes de synthés quasi-psyché comme roulant sur une boite à rythme imperturbable. À la fois catchy mais irrémédiablement bizarre (ce sentiment d’être en permanence *à côté*), sexy mais malaisant, over-the-top et minimaliste.

Il y en a bien d’autres, des perles, que Naomi sort en vidéo, abandonnant au fur et à mesure l’aspect sonore le plus râpeux des débuts tout en conservant le côté DIY y compris dans l’image (pas si loin de l’univers d’un Lynch à l’arrache), avec des paroles toujours ahurissantes. On y trouve la pire pick-up line imaginable "Are your parent’s terrorists ? (…) I know they must be because you are the bomb"; ou plus prosaïquement le morceau « The Topic is Ass » (dans lequel elle met en garde "Don’t change the topic, my friend") jouant avec les clichés de la it-girl auto-centrée jusqu’à l’absurde dans le très méta « Is Naomi Good Or Bad ?». Toujours sur un fond de nappes évanescentes fleurtants avec une sorte de new-age maladif, et rythmique minimaliste (elle reprendra une partie de ses premières productions sous forme plus foncièrement technoïde sur l’album « Smooth Like Power Steering »). En parallèle de ses vidéos, elle sort également d’autres morceaux cette fois sur la plate-forme Soundcloud et parmi eux, sans doute les choses les plus étranges (et c’est pas peu dire) de sa production. Sur fond de synthés cheesy, voici une interprétation (ou dé-interprétation ?) de la Flute Enchantée de Mozart, où ses performances vocales déroutent (jusqu’à la confusion). Ce n’est que le début. Une version électro-hypnotique de l’Aida de Verdi, elle aussi sidérante de bizarrerie baroque. Que dire de ce Choeurs des gamins extraterrestre, chanté en Français dans le texte avec accent et conviction (du Carmen minimal-wave) ou du « I Am the Wife of Mae Tse-tung » tiré de l’opéra de John Adams, quasi-cosmique ? Naomi Elizabeth reste insaisissable. Sur son site perso, où il n’y a quasiment rien, et rien à vendre, son e-mail de contact renvoi à un site de critiques de snack food. Avec la petite notoriété due à sa mise en avant par Grimes, le site internet du magazine Dazed lui consacre un article. Peu de temps après, Naomi Elizabeth supprime ses comptes et ses morceaux deviennent pour la plupart inaccessibles. Perdus pour toujours ?

Il faut attendre quelques années pour que Naomi Elizabeth refasse surface, re-upload ses videos sur deux chaines Youtube distinctes, avec les commentaires désactivés (ce qui lui assure de passer sous le radar de l’algorithme et donc une visibilité d’autant plus relative). Et puis, en 2022, sur les plates-formes de streaming, qu’elle mette enfin à disposition une partie de sa production. « Some of My Songs ». On ne saurait dire mieux. Sauf que, une partie dont les plus anciennes (« It’s Not Easy When You’re Me », « Fight Anthem » et autres « Valentine ») sont caviardées, Naomi ayant supprimé une partie de ses vocaux ! Dans quel but ? Où sont passées les versions originelles ? Pour toujours perdus sur les quelques CD-r vendus ou passés de main à la main à la fin des années deux-mille lors de concerts donnés dans des bars et des caves autour de la région de Los Angeles ? Quelques mois plus tard, « Some More of My Songs » sont mis à disposition, y compris les versions (Including Voices) des morceaux en questions, la plupart de ses Switched On Opera, et quelques morceaux plus récents. Elle en aurait sans doute d’autres en réserve, mais bon, la flemme. Toujours rien a vendre sur son site, sinon deux livres (mais pas vraiment à vendre, sinon ailleurs). Tant qu’ils sont disponibles, ceux qui savent peuvent à nouveau goûter le génie ambivalent et bizarroïde de Naomi Elizabeth, à l’image de « When You Got The Best You’re Like Wow », où elle moque à coup de phrases plus vides les unes que les autres la fausse candeur des privilégiés qui s’émerveillent de leur propre statut, un de ses plus admirables en terme de composition vocale (l’accompagnement instrumental étant particulièrement ténu, même pour elle).

À ce jour, personne ne sait vraiment qui est Naomi Elizabeth. Depuis quelques années, elle fait des memes sur Instagram. Des self-memes. Toujours développant une esthétique californienne aussi sexualisée qu’absurde. Dans son tout premier meme, alors en vidéo sur Youtube, elle dit : « Quand les temps sont stressants, dès fois on oublie que dans Alien vs Predator, le Predator est aussi un alien ». Voilà. Et pendant qu’elle fait des memes, vite, vite, télécharger ses morceaux de musique et ses vidéos, dès fois qu’il lui viendrait à l’idée de tout faire disparaitre en quelques clics, une nouvelle fois, et ne plus laisser que quelques traces.

Très bon
      
Publiée le vendredi 1 novembre 2024

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Toute la partie Switched On Opera est le sommet de cet album, j'me repasserai un boucle son interprétation du "choeur de gamins" !

Note donnée au disque :       
Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Vrai. Très bien vu !

(La parabole du chasseur alien aliéné et chassé... The Topic is lutte des cla-aass-es ?).

Sinon, souvenir d'une bizarrerie assez poussée du truc, sur les morceaux que j'avais réussi à trouver quand (N°6) avait évoqué cette Naomi il y a longtemps dans le topic (don't charge it... Rhô) des écoutes. Ça m'avait interloqué mais plutôt pas dans un mauvais voire plutôt dans un bon sens. Je vais tâcher de me remette ça dans les esgourdes (peut-être avant de chro une espèce d'autre apparente incongruité à quoi va savoir pourquoi la ci-présente me renvoit...).

Message édité le 03-11-2024 à 14:25 par dioneo

nicola Envoyez un message privé ànicola

Et que l’alien, c’est aussi un prédateur.