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OTK › KOT
- 1998 • Silver Rocket SRR 6 • 1 CD
- 1998 • Fuck Your Uncle Records (pas de cote) • 1 CD
- 2010 • Silver Rocket SRR 6 • 2 LP 33 tours
- 2010 • Inerziaformisharecords A.C. ifm2 • 2 LP 33 tours
cd/lps • 11 titres • 70:29 min
- 1Stolní Větráky22:10
- 2Ufo3:19
- 3Klan4:05
- 4Dálnice3:34
- 5Vlčák3:53
- 6Les5:34
- 7Uzel5:50
- 8Slapy3:45
- 9Bobby3:20
- 10Písnička4:51
- 11Zajíc10:03
informations
Enregistré par Ondřej Ježek au Club Delta et Jámor Studio. Mixé et masterisé par Ondřej Ježek.
Artwork : Divus et OTK.
line up
Ondřej Ježek (guitare, voix), Jan Žalud (Honza Žalud) (basse), Ladislav Korenda (Láďa Korenda) (batterie), František Štáfek (claviers, trompette, accordéon)
Musiciens additionnels : Ivan Bárta (voix sur Stolní Větráky)
chronique
Vous cherchez des idées pour un suicide commercial en bonne et due forme ? Demandez à ces mecs. En voilà déjà une, tiens : commencer un album (leur deuxième, en l'espèce) par vingt-deux minutes d'un type passant inlassablement des coups de fils – qui essaye-t-il de joindre ? Ce qu'il voudrait obtenir ? Je n'en sais rien, mon tchèque n'étant pas au mieux, en ce moment (euphémisme, hein – de tout ce qu'il dit je comprends tout juste de ci de là quelques « bonjour » ou « s'il vous plaît/merci » …). Ça l'agace, en tout cas – il souffle, il discute avec une nana, par moments, en rigolant un peu nerveusement (et elle aussi). Peut-être qu'il cherche à caler un concert pour le groupe. Peut-être que comme chez nous n'importe quand, joindre une administration ou l'autre, en Tchéquie en 1998, ça demande une patience niveau Sisyphe... Sur la réédition double-LP de 2010 ça prend toute une face de vinyle, tiens, cette plaisanterie. J'en vois peu qui auraient le goût de se l'envoyer plus d'une fois...
Vous cherchez de la musique qui a mangé de tout, un peu ou en masse – la même chose que vous, que nombre d'entre nous par ici, où on reconnaît tout mais qui ne fait rien vraiment tout à fait pareil ? Allez voir les mêmes gars ! Ils sont généreux là-dessus aussi – autant que dans le registre de la blague pénible qui bouffe du support. Ils ont le sens du mix pêle-mêle curieusement harmonieux. Ils ont le goût des assemblages précis qui rendent, qui sonnent de guingois. Ça semble les réjouir de balancer du noise-rock à trompette – qui ne sonne pas jazz-core un instant, qui donne à certains argots bruitistes d'extraction new-yorkaise un drôle d'accent local, impur – mais c'est fait pour, ces trucs là, mélanger, muter, contaminer pour mieux véhiculer matières à s'esbaudir de joie en grimaçant quand-même parce que ça pique et parce que ça rouille. Par moments, leur musique s'enveloppe d'une drôle d'élégance – un tombé de drap rude, à gros brins, qui rend le boucan carrément beau, les traces poppy joliment âpres, abrasives. Et puis cette langue, d'ailleurs – je l'ai dit à propos d'autres groupes, je le répète : je trouve qu'elle convient particulièrement, qu'elle colle juste comme il faut, et bien à sa façon, souvent, à ses musiques démises, triturées, massives et pleines de variations de textures.
OTK c'est bizarre, tout le temps, insaisissable sans qu'on comprenne toujours en quoi. Presque toujours, aussi, ça passe d'emblée tout seul. On se sent à l'aise avec ces inconnus, ces tout-juste-croisés aux manières franches et pas toujours lisibles. On s'attable avec eux – le chat-de-la-chance sur le comptoir remue sa patte levée, on attend avec eux notre bol de phở – ou la table derrière ou devant ou à côté (tout dépend comment on se tient, dans quel sens par rapport à quoi). On les entends en tout cas qui chuchotent un peu fort, poussent de brefs braillements ou s'embarquent dans de longues variations sans reprendre leurs souffles. On a envie de s'en mêler. C'est un peu – mais pas timidement – punk, pas mal post-le-même, à défaut on dira « trippé », aussi, si on veut – les couleurs font des halos, des liserés, c'est comme un shoot de grande fatigue où s'immisce une fraîche euphorie. Ça frotte, cette trompette. Ça jaillit, ces nappes – de gratte en graviers, de larsens filés mixés plus ou moins (ou encore moins) devant. Ça roule, ça balance alenti, tranquille ou bien serré. Ça vocalise en voile qui flotte par dessus les remous – un voile percé, taché, froissé. Ça énonce des trucs plus bas dans le spectre. C'est vraiment très plaisant et tout accidenté.
Ce groupe, à vrai dire, pour ce que j'en sais, semble être devenu, « au pays », une sorte de référence. Sans forcer. Sans cesser, pour autant, de bosser leur truc – de le pratiquer, de le travailler au corps avec un plaisir audible, sensible, si j'en crois ce que j'entends, suivant le cour de leurs disques. J'y suis venu pour ma part en passant par là-bas (Prague... vous me direz si je radote ?) – et via un autre projet (Nesbitt's Inequality) où ils ne jouent d'ailleurs pas tant que ça la même musique. Je n'en pars pas, je m'y attarde. Je découvre des recoins, je n'ai pas tout trouvé – par des moyens légaux ou autrement, en chopant ça sur place ou en fouillant d'ici. Je me plais à leur reviens-y. Ce disque même, tiens, sur sa relative longueur (la première plage plus haut citée n'aidant pas, si on s'y acharne), je me surprend toujours à l'aimer de plus en plus à mesure qu'il avance – sa deuxième moitié (plus ou moins) me flanque toujours un sourire qui s'élargit de plage en plage, avec ses grooves aux doigts qui collent mais qui virevoltent (Bobby... c'est si chouette), ses coups de lent qui s'écoulent entre les fissures (Písnička et son harmonica – ou est-ce un melodica... Le titre veut dire Chanson, toujours – vous allez me dire qu'ils ne l'ont pas cherchée loin, celle-là).
Vous voulez savoir comment refermer un album – faire oublier la farce débile qui l'avait commencé ? Allez donc un peu ouïr Zajíc, eh. (Ça veut dire Lièvre, cette fois, hop hop hop, ça bondit dans la plaine, à travers les collines). Ça tangue sur dix minutes vaguement comme du Beefheart – mais macéré dans une prune locale qui change à peu près tout, en fait, et toujours l'air de rien (le truc un poil capiteux mais avec un retour un peu traître, un « kick » qui donne envie, décidément, justement, de guincher de drôles de pas). Ça prend son temps – et cette fois ça fait bien, ça fait du bien. Ça monte en faux-calme, ça densifie. On perçoit comme un cri qui se délite en arrière plan – qui se diffuse dans tout l'espace et son grain, ses pliures et ses jours. Ce n'est qu'un au-revoir. On y retournera.
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Chat du matin, euh... "Chafouin" ?
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La trompette dans le... Pas jazz. Bah ça le fait vraiment, là.
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PS : Tiens, je me rends compte aussi que cette réédition contient également deux bonus, que je ne connaissais pas, dont un qui semble effectivement... Chanté en italien, si je ne m'abuse ! (Il Cane Lupo). Excellentes aussi, en plus, ces plages supplémentaires !
Et EDIT au PS : ah, il me semblait bien ! Le Chien Loup en italien qui conclut l'affaire, c'est bel et bien une version du titre Vlčác entendu plus tôt sur le disque, en version tchèque (comme sur le CD original de 1998, donc). Vlčác signifiant "alsacien" d'après google, et "berger allemand" se disant parfois "alsatian shepperd" en anglais, et comme j'ai souvent entendu dire "chien loup" dans mon enfance pour désigner le même... Je m'étais douté. C'est donc bien pour ça qu'elle m'était familière, té !
Message édité le 10-12-2024 à 19:52 par dioneo
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J'ai ramené une version double LP de notre dernière visite à Prague et, truc curieux, sur cette réédition, la première plage/face - qui n'est donc qu'une succession de coups de fil d'un mec apparemment dans un bureau ou un local quelconque est... Doublée en italien. Ça doit permettre de comprendre un peu mieux ce qui se passe, mais faut avoir envie pour de s'envoyer les plus de vingt minutes du truc, quoi !
Perso je suis plutôt passé direct à la face B. Et c'est toujours très bon, avec l'apport de cette trompette qui délocalise le truc sans en faire du jazz ni faire comme si. (Et le chant n'est pas doublé par une autre voix traduite, sur ces autres faces... Ouf).
Message édité le 10-12-2024 à 18:39 par dioneo
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