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Thin Lizzy › Chinatown
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line up
Phil Lynott (chant, basse, claviers), Scott Gorham (guitare, chœurs), Snowy White (guitare), Brian Downey (batterie, percussions)
Musiciens additionnels : Midge Ure (chœurs), Darren Wharton (claviers, chœurs), Tim Hinkley (piano électrique), Fiachra Trench (arrangements)
chronique
Artwork dégueu-classe inspiré par les Triades, single agrémenté de photo du groupe en compagnie de prostituées de Soho (Phil a sorti quelques mois plus tôt son Solo là-bas), et guitares tranchantes en opération : le millésime 1980 s'annonce salin. La Nouvelle Vague Du Métal Lourd Britannique bat son plein, et Lizzynott doit montrer qu'il est toujours dans le caillou-jeu. À défaut d'avoir griffonné ses meilleures mélodies, il va mettre les bouchées doubles niveau guitares et loubardise, "zique de zonards". Moins blues, plus Killer on the Loose, dans cette chinoiserie avare en courtoisies. Lynott est peut-être sur le fil et revient sans doute moins fin, mais avec la ferme intention de délivrer les biens. Thin Lizzy fait ici du hard rock, tout simplement, même si sa signature reste inimitable. Son leader, de plus en plus ingérable, s'est encore annihilé Gary Romeo - pardon, Moore, mais il s'est attelé les services d'une nouvelle fine lame, toujours dans cet esprit "entre Wishbone Ash et Iron Maiden". Bienvenue à leur nouveau guitariste Blanche-Neige (?!). La basse du taulier et la batterie du Downey restent le pilier (même si cette dernière sonne parfois en carton comme sur "Sweetheart"), les guitares s'entortillent toujours autour comme des roses sauvages. Avec de plus grosses épines et des pétales aux couleurs moins vives, un peu délavées, on va dire "délavives", comme ce dragon à tatouage. Si la comparaison avec Black Rose peut faire mal, enfin surtout si on repense à ses sommets, niveau mélodique Chinatown n'est pas avare pour autant. Considéré un peu vite comme l'album "de bourrins" de Thin Lizzy, il est en fait plus élégant qu'il ne le laisse paraître, même s'il pêche un peu par radotage relou, comme sur "Genocide", une petite sœur au "King's Call" de Phil, qui se vautre dans l'autocarticature du Lizzy épique, et termine avec du "killing of the buffalo" ad nauseam. Mais même en sachant ça, mon objectivité est priée d'aller se balader en ville, car j'ai une faiblesse pour ce morceau rentre-dedans, qui m'hypnotise en fait, mais plus encore la féroce "Killer on the Loose", et sa dynamique assez phénoménale, hard'n'roll, sans parler du chant over-the-top d'un Lynott cocaïné qui sur-joue les mauvais garçons avec une gourmandise psychotique, ou des affreux effets vocaux déformés qui m'évoquent "One Vision" de Queen avant l'heure... alors que "Having a Good Time" (très moyenne elle) semble elle faire un gros clin d'œil à "Don't stop me now" ! On préfèrera à cette dernière la compagnie du titre éponyme, au riff ultra robuste. Album sans chichis, donc, mais juste assez ciselé pour pas faire d'effet one shot. Les compositions sont fainéantes mais l'énergie est là. Ce côté plus cru et cogneur de Chinatown fait aussi son petit charme, malgré une sensation diffuse de platitude et de vide derrière, qui fait que j'ai moins envie d'y revenir qu'aux deux suivants. Manque de soul en fait, pour ne pas dire d'âme, et c'est pas la bluette-croûte "I didn't" qui va changer grand chose pour le coup. Mais "pêchu" et "catchy" assurés. Du Lizzy de seconde main, donc, mais porteur d'une hargne certaine, à défaut de hardiesse.
chronique
- chine lazy
La silhouette élancée, l’œil blasé, la tunique de guerrier désormais désuète négligemment jetée sur l’épaule… Le grand Lynott, comme un vieux renard trahi de partout qui ne sait plus à quel clan se vouer, arbore ici au dos de son perfecto le dragon des redoutables Triades, la mafia chinoise… Symbole d’honneur encore farouche dans la décadence accélérée de la galaxie. Lynott est un capitaine, un héros de comics de chair et de sang, de vice et de vertus, défiant la morale tout en éclairant le chemin de la veuve et de l’orphelin.
« Chinatown », la chanson, résonne dans les artères de toutes les Chinatown de l’histoire, de Rangoon au New-York futuriste du 5ème élément, en passant par Ispahan. Bien moulée, pour le coup, dans la production très "cinoche de série B" sans complexe de 80, c'est un classique des Boys, co-écrite par Scott Gorham (qui allait pourtant bientôt accélérer la fin du groupe, car contrairement à son drug-buddy Lynott, il commencait à voir arriver la Faucheuse, à force de vivre dans une brume de poudre brune)... À défaut de classe ou de choses à dire, "Sugar Blues" a le menton haut des bourrades de papy qui ne s'en laissera pas compter, jusqu'au bout de la course.
Perso, il y a toujours un moment qui me fait soulever le bras du disque en rageant, tellement Lynott radote et fait ch… sur certains passages. Et c’est d’autant plus dommage que Thin Lizzy n’avait jamais gonflé jusqu’ici, en dix albums remplis à ras bords de tubes et d’accroches poppy, sans jamais, au grand jamais, perdre de son épais cuir de rocker. "Sweetheart" par exemple, c'était le "mieux avant" en direct live du "moins bien d'aujourd'hui", si je peux me non-exprimer ainsi. Les Ad-libs finaux de "Genocide" et de "Killer On The Loose" m'évoquent toujours ce moment dans une beuverie ou votre compagnon de bouteille (qui a toujours un goulot d'avance) finit par se répéter, et que si vous lui faites remarquer, il redouble d'insistance, l’œil éteint-goguenard. Pourtant, cette supersonico-fumasse "Killer On The Loose" a tous les ingrédients : la vélocité à la Misfits, donc le côté punk US, la folie des lignes blanches (sur la route goudronnée hein) comme dans une partie de Road Rash, le petit clin d’œil aux Them de "Gloria", le break et solo qui donnerait des leçons de concision aux Guns & Roses...
Mais la vie défilait à toute berzingue, dans un vortex de nausées et d'adrénaline, depuis ce jour de 76 où Thin Lizzy avait été propulsé par le tube "The Boys Are Back In Town"... Et les guitaristes dans Thin Lizzy aussi, ils défilaient. À un moment donné, il y eut une tournée ricaine en 1ère partie de Journey (alors en train devenir l'un des géants du rock pour midinettes = $), était-ce en 78, 79 ? Gary Moore, qui cachetonnait parfois pour la bande à Phil, se cassa en pleine tournée, remplacé par un pote de Lynott (et grand Queen-fan devant l'éternel) : nul autre que Midge Ure d'Ultravox - paye ton pont entre 2 mondes ! Puis Ure est à son tour remplacé par un mec du Manfred Man Earth Band, avant que, au tournant de la décennie 80, le patron (Phil) ne recrute un pro qui ne les lâchera pas (spoiler: il le fera), ex-tâcheron pour Roger Wa... euh Pink Floyd, j'ai nommé Snowy White. Et c'est donc lui (avec le nouveau claviériste) qui à mon avis donne ce côté un peu trop bétonné à ce Chinatown, trop rèche, sans patine... Trop 80's, oui je sais, la critique est presque intégrée sans avoir besoin de la dire, à partir du moment où un groupe glorieux en 75 se fraye un chemin jusqu'à 1980...
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