King Crimson › Déjà vrooom

On va m'accuser de manquer complètement d'objectivité, mais peu importe ; les faits sont là. Déjà VROOOM, le premier DVD de King Crimson, demeure, et de loin, ce qui se fait de mieux dans le domaine. Pourquoi ? Eh bien, parce que tout simplement, le groupe, et toute l'équipe de techniciens qui les ont épaulés à la réalisation de ce petit bijou technologique, se sont donnés un mal fou à exploiter toutes les possibilités de ce nouveau média, loin des pseudo bonus et autres chutes vidéos sans intérêts qui égrènent la plupart des autres films vidéos vendus sur ce support. Il y a donc deux volets à explorer ici : tout d'abord, celui de la performance propre du groupe, sa musique. Pas grand chose à dire là-dessus, si ce n'est que Déjà VROOOM reprend le matériel qui était déjà disponible sur la vidéo "Live in Japan" publiée en 1995. Il s'agit de la formation en double trio du Roi Pourpre ; le groupe est en pleine forme et s'amuse sur scène comme pas deux. Le seul reproche que l'on pourrait formuler serait la réalisation qui laisse à désirer où le cameraman semble tituber sans arrêt, s'employant, sous un filtre flou, à rarement cadrer ses images. Cependant, le passage au DVD et sa qualité haute définition dissipent quelque peu ce défaut qui rendait la vision de la version VHS relativement pénible. Le deuxième volet, lui, doit tenir compte des possibilités du DVD, et là, c'est un vrai régal : possibilité de choisir l'angle de la caméra selon les musiciens (avec rééquilibrage sonore en fonction de l'angle de vue sélectionné), détail sonore impressionnant qui l'est d'autant plus si vous avez la chance d'être équipé d'un lecteur et d'un home cinéma capables de décoder le signal DTS 5.1 : c'est alors que le double trio prend tout son sens puisque chaque musicien occupe alors véritablement l'espace, avec les deux batteries de chaque côté des enceintes et les quatre instruments à cordes répartis selon leur disposition sur scène. Ça bouillonne de partout, si bien que Déjà VROOOM redouble l'excitation qu'on a à (re)découvrir cette musique d'une rare densité, nous permettant aussi d'enfin pouvoir, par exemple, distinguer parfaitement les jeux de guitares étriqués et décalés d'un demi ton entre Fripp et Belew, ou encore de révéler le rôle de Trey Gunn au sein du groupe, qui semblait jusqu'ici assez énigmatique. Pour corser le tout, le DVD est doté de nombreux autres menus (biographie du groupe, carnet de route, photos et vidéos de Tony Levin, etc.) dont le suprême 21st Century Schizoid Band dans lequel le navigateur peut créer sa propre version de ce célèbre titre en choisissant un chanteur, un soliste et une section rythmique, tirés des différentes incarnations du groupe (de 1969 à 1996), pour une interprétation aléatoire et unique à partir des différents éléments précités. Maintenant, vous comprenez sans doute mieux pourquoi il faut considérer ce DVD comme un des meilleurs sur le marché ; tout simplement parce qu'il est sans doute le seul à mettre à profit tous les avantages de l'interactivité de ce nouveau support média.