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Le Diable Dégoûtant › Fleur de Chagrin

lp/k7 • 17 titres • 43:53 min

  • 1La Nouille à l'Air0:45
  • 2Complainte de la Bête4:17
  • 3Mordue3:07
  • 4Les Vaches Musiciennes0:33
  • 5La Fille Brûlée4:02
  • 6Un Bezoar Dans le Ventre2:17
  • 7Failli Tomber2:39
  • 8La Vie des Doryphores1 :12
  • 9Bouse Qui Roule1:21
  • 10Vengeance Tardive2:22
  • 11Ingurgiter Ton Image4:18
  • 12Para Lo Pop2:42
  • 13La Fontaine Noire2:27
  • 14La Violeta3:05
  • 15Je Suis Sur L'Autoroute1:25
  • 16Aucel Perdut1:56
  • 17Chant Pour Dissuader L'Être Aimé de Sortir la Nuit2:15

informations

Mixé et masterisé par Manuel Duval.

line up

Pauline Marx

chronique

Le Diable est-il sale ? Le Diable est-il triste ? La tristesse est-elle le Chagrin ? Le Chagrin fait-il des Fleurs comme la Fleur Qui Fait des Fleurs au Cerveau, ainsi que chantait l'autre ? Le Diable est-il une Elle, qui s'appellerait Pauline ? Cette Pauline est-elle triste ou joyeuse, a-t-elle découvert le point où tout ça se touche ? Cette Pauline qui s'appelle Marx déambule-t-elle en pull aux manches qui couvrent les poignets – en chantant ce qui lui passe de cette voix qui n'a pas l'air de tenir à ce qu'on la traite de Dame de la Chanson ? Ça tient chaud, comme le pull, ça aussi – chanter au fil sans se soucier. Ça tient vivant, ça joue avec l'air ambiant. Ça dit, ça oublie, ça fait tomber en les lâchant à un moment précis ou de hasard l'une ou l'autre idée. Ça fait des formes courtes plus ou moins – abouties parce qu'elle ne passent, ne durent que le moment de s'articuler.

Fleur de Chagrin est encore un truc bien singulier. Un folk façonné – en kit-maison, assemblé à la... Diable ? (Oh oh oh...). Pas à l'arrache, en tout cas – tout est en place, c'est à dire juste à côté de l'évidence, souvent, ce qui fait que l'effet de déplacement saisit encore plus. On ne sait plus trop si c'est presque normal ou presque bizarre, assez vite. La musique est toute de montages, de bruitages – des samples de klings et de klongs, des sons de percus dont on se demanderait, si on avait le temps (mais très vite bis, on prend le temps d'autre chose à la place) si ce sont des barils en PVC ou autres matières industrielles mais souples, passées par un micro, un effet, ou si c'est une sorte de boîte à rythme, programmée à la main le temps que la parole vienne. (Ou simplement pour l'amorcer).

Pauline Marx nous narre la fièvre qui suit les morsures de serpents. Elle invente des chansons trad – ou elle les a trouvées, je ne sais pas, ça non-plus, toujours est-il qu'elle roule des R. Une copine commune semblait me dire que dans ce cas précis, c'était à peu près la même chose, et que c'est ça qui est génial – je suis assez d'accord, je dois dire, j'ai ressenti ça aussi, à l'écoute. Il y a des synthés qui sifflotent, sur Failli Tomber. Une espèce d'autotune, aussi ? Une ritournelle flûtée entêtante. Un – faux ? – tuba qui fait des espèces de flonflons, des pon-pon-pon. Juste après, elle nous entretient d'un coléoptère de la famille des chrysomelidae, et on entend bruisser dans les machines bricolées. La boue qui roule, ensuite, m'attrape toujours – triste, en effet, cette plage, douce, mélancolie qui tangue son léger, beau désaxé.

Je pense à tant de choses, en écoutant ce Diable – ses machines trafiquées, domestiques, son violon qui timbre, ses cliquetis et ses roulements (décidément), ses sauts d'une langue à l'autre, son flux de conscience. Je suis traversé par tout ce qui en émane, y fait lit et y fait cour – même par ce qui m'y échappe, sûrement. Je n'en dirai pas trop, si possible presque rien, quant aux autres – artistes, groupes, baladin.e.s à qui elle me fait songer. Je parsèmerai, d'accord, quelques indices ça et là, dans un sens ou l'autre. Si vous tombez dessus... Ce sera bien. Sinon ? Aussi. Ça ne voudra pas dire qu'elle copie quoi que ce soit. Ça ne voudra pas dire qu'elle et ils ou elles seraient les mêmes, part de ou branche de ou quoi. Ça ne voudra pas dire le contraire, tiens, non-plus – parce que ça n'exclue rien, ce qui se sait des un.es aux autres, ce qui s'ignore, ce qui fait connexion et accident. Ça n'abolit pas le reste – toute autre possibilité.


Pauline Marx aime les jeux de mots, aussi, apparemment – pas ceux du registre dad-jokes, je dirais (ou alors en les détournant de leur objet – en détournant l'objet, même). Plutôt ceux qui font glisser plus étrangement que ça le sens – Vengeance Tardive, vous l'avez (ou il faudra pour la boire, attendre que vous l'ayez tiré) ? Elle fait des grincements – mais dans cet espace-ci, ça tourne à l'harmonie – une autre, une personnelle et autrement collective, autrement possible, on y revient, différemment plausible et désirable. Elle prévient, parfois – ne buvez pas de ça ou vous en mourrez, trépasserez. Elle élude les liaisons et on entend le souffle qui passe entre ses cordes vocales – et c'est bien aussi, ces entorses à l'étiquette, aux conventions de bonne techniques et articulations. Et cette chanson aussi – La Fontaine Noire – est belle, vespérale et sans illusoire espoir mais pas bêtement romantique, pas gothique en costume.

Les chansons, les bourrées, les interludes, les boucles et les fragments – c'est tout un et jamais pareil, là. Ça n'aurait pas pu être autrement – ça pourrait prendre une toute autre forme, s'agencer selon un autre plan, d'autres intuitions, manies, manières. On aurait tout reconnu. On se serait pareillement – plus ou moins, dans un certain ordre ou désordre – égaré dans ce bois qu'elle a planté. (Hanté ? Enchanté ? Hostile ou accueillant, tolérant jusqu'à où, quand, qu'on y fasse en marchant, en s'y cachant, notre propre boucan ? Indifférent, peut-être... Il est assez grand pour qu'on s'y perde sans aide – et de nous, il va de même). La prochaine fois, ce sera autrement ? Et son groupe d'avant, La Fureur de Vouivre, c'était comment ? Allez voir, dites voir. On en reparlera. Peut-être. Ce qu'elle en dirait maintenant, je ne sais pas. Si vous sortez quand-même la nuit, emportez ça dans vos têtes – ou dessus, dans vos casques. L'arceau vous isolera. Vous ne direz pas qu'elle – vous ne direz pas qu'on, vous ne direz pas que le Diable, la Diable, le Chagrin et les Fleurs ne vous auront pas averti.e.

Très bon
      
Publiée le jeudi 10 octobre 2024

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Je demande la création du style "brind'zingue-core" !

Cool que ça te plaise - et à d'autres éventuellement, me dis-je par la même... Je serais sans doute passé à côté si une pote (dont l'un de ses propres disques est par ailleurs chroniqué dans ces pages, tiens) ne m'en avait pas causé ! C'est bien, des fois, le bouche-à-oreille.

Note donnée au disque :       
Tallis Envoyez un message privé àTallis

J'aime beaucoup : sérieusement "brindezingue" mais vraiment cohérent en même temps. Les morceaux folk/tradi/lo-fi/punk sont des plus surprenants...