Les spécialistes du genre se souviendront peut-être que la compilation ‘The last supper’ parue chez Cold Meat Industry en 1997 comptait un morceau de Frozen Faces présenté comme un side-project de Lina Baby Doll… D’après mes sources, notre ami suédois aurait vu la majeur partie de son équipement le lâcher, ce qui l’aurait forcé à travailler avec le minimum et des sons plus âpres, moins travaillés. C’est effectivement ce que l’on ressent à l’écoute de ce premier opus; si la première composition laisse imaginer un Deutsch Nepal ultra dépouillé avec une boucle rythmique qui tourne, la suite évoque davantage une version minimale du versant le moins sauvage de Brighter Death Now. Voix distordues, loops passées aux effets crissants, samples, percussions bastringues mêmes sur ‘Over the barricades’ rappelant même Muslimgauze dans ses essais les plus industriels et… En fait, là est le ‘problème’, si tout ça n’est clairement pas désagréable (après tout, Lina n’est pas un débutant), ce premier essai sonne davantage comme une collection d’expérimentations dans plusieurs directions, avec des pièces n’atteignant pas les deux minutes, d’autres tournant entre sept et dix minutes (de ce point de vue, le second opus s’avèrera plus cohérent, maîtrisé). On demeure certes dans la zone indus/ambient, notre homme travaille toujours avec des loops mais avec moins de superpositions, de couches, des effets plus bruts, toujours avec son humour particulier (le début de ‘Religion of hate’) et franchement ça tient la route, comme une sorte de petit frère bâtard de Deutsch Nepal et Brighter Death Now, le Suédois sait nous régaler avec moins de vaseline mais il a un peu le cul entre deux chaises sans opter franchement pour une décision, d’où cette impression de carte de visite des possibilités plus que d’un disque pleinement abouti. 3,5/6